Taxation des plus-values : l’usine à gaz prend forme

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Par Jean-Baptiste Giraud Publié le 15 octobre 2012 à 4h48

Les usines à gaz ont ceci de particulier qu'elles sont souvent très rapides à monter, mais quasi impossibles à démanteler. Bien que le gouvernement, Pierre Moscovici en tête, a reconnu à plusieurs reprises que son projet de dispositif fiscal de taxation des plus-values de cessions de parts d'entreprises était inadapté à la réalité, ceux qui l'ont conçu à Bercy ne veulent pas l'euthanasier. Alors, on le prolonge... artificiellement.

Premièrement, le projet de taxer les plus-values de cessions de part se veut toujours rétroactif au 1er janvier 2012, ce qui devrait créer une magnifique matière à contentieux. Mais peut-être aussi que ceux qui seront touchés par cette rétroactivité préféreront se faire oublier, sachant que la taxation forfaitaire libératoire envisagée sera de 24 % et non plus de 19 %, à laquelle s'ajouteront toujours les prélévements sociaux. Soit 36,5 % d'imposition des plus-values, contre 31,5 % jusqu'ici. Ah mais stop ! Première exception : les détenteurs d'au moins 10 % du capital de l'entreprise cédée, pendant au moins deux ans; pourront rester à 19 %. Ah mais stop ! Deuxième exception : il faudra qu'ils en détiennent encore 5 % au moment de la cession. Ah mais stop ! Troisième exception : Il faudra avoir exercé des fonctions au sein de l'entreprise, et en avoir tiré au moins 50 % de ses revenus sur cette période. Avec ces dispositions, complexes, Bercy tente de définir, péniblement, le créateur d'entreprise, qui se fait diluer par l'injection de capitaux, et se paie, mais mal.

Point de salut pour les investisseurs en "dur". ils seront soumis à l'imposition classique de l'impôt sur le revenu, comme prévu depuis plusieurs semaines dans le projet de loi de finances. Des abattements liés à la durée de détention des parts du capital pourront atteindre jusqu'à 40 % au bout de six ans.

Sachant qu'une vingtaine de mouvements d'entrepreneurs et patronaux ont demandé la semaine dernière le retrait complet du dispositif, c'est bien donc un bras de fer qui s'engage entre le gouvernement et les pigeons au sens largle : créateurs d'entreprises comme investisseurs.

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Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).