Ce ne sont pas les dépenses qu’il faut diminuer, c’est le PIB qu’il faut augmenter

Cropped Favicon Economi Matin.jpg
Par Daniel Moinier Publié le 27 août 2014 à 2h40

Depuis 1975, le PIB n'a pas arrêté de diminuer par rapport à l'augmentation des dépenses de l'état. Nous étions à zéro en 1974, soit la dernière année en équilibre, à – 6% en 1982, à – 12% en 1992, à – 16% en 2002, à – 20% en 2012. Nous devrions être à – 25% cette année 2014.

Autres chiffres révélateurs de la perte de vitesse de notre économie :

- La baisse de croissance du PIB :
En 1960, nous avions eu 4,8% de hausse du PIB, en 1970, + 3,5% en 1980, + 1,8%, en 1990, + 1,5%, en 2000, + 0,8%, en 2010, + 0,3% en 2013 et très mal parti en 2014 avec ZERO sur le 1er semestre.

- La chute de la croissance :
2,5% de 1990 à 1998, de 2% jusqu'à 2002, 1,5% 2003/2004, 1% de 2005 à 2009, 0,3% de 2010 à 2013. Et l'année 2014 ne s'annonce pas sous de meilleurs hospices, malgré les prévisions plus optimistes du Gouvernement.
Malgré toutes les coupes sombres effectuées depuis plusieurs années et même pour certaines des décennies, les ministères sont en manque de budget. Le plus démuni semble être celui de la santé.

Prenons le cas de la Sécurité Sociale, un nombre incalculable de réductions, diminutions, suppressions ont été opérées à tous les niveaux, ainsi que des augmentations de prix, cotisations, etc...Pour ne citer que quelques exemples : Création du forfait hospitalier, franchise médicale sur les boites de médicaments, les actes paramédicaux, les transports sanitaires, la participation forfaitaires sur les actes médicaux, ajout de cotisations sur les retraites et Assedic qui n'existaient pas, toutes les baisses et suppressions de remboursements de médicaments, l'obligation de passer en génériques... Pendant ce temps, les dotations en matériels des hôpitaux ont aussi considérablement diminués. Nous sommes à la traîne par exemple par rapport à l'Allemagne pour les scanners, IRM et autres nouveaux matériels.

Pour l'enseignement, ce n'est pas mieux, il n'est plus possible de répondre aux besoins universitaires, lycées, collèges, écoles sans autres possibilités que de passer par l'emprunt.

Pour la police, il en est de même, les moyens en hommes sont de plus en plus limités comme l'est le matériel, le mobilier et l'immobilier,

L'armée, c'est encore pire, fermetures de casernes avec tous les drames humains et économiques que cela entraîne, diminution drastique des investissements matériels, alors que nous nous sommes engagés sur différents front internationaux, y compris la livraison d'armes en Irak.

Avec le Ministère du travail, de l'emploi, etc....L'appellation à rallonges a tellement changé au fil des décennies que le commun des mortels ne s'y retrouve plus. Mais parlons réalité ; pour diminuer le chômage grandissant et encourager l'emploi, il a été mis en place toutes sortes de mesures, un nombre et types de contrats faramineux, toutes sortes d'aides en tout genre, pour les jeunes, les seniors, les diminutions de charges pour l'employeur (30 milliards par année). Et pour quel résultat ! Archinul comme disent les jeunes.

Alors comment ont été compensées les baisses de rentrées ? Par des augmentations de charges. Regardez la fiche de paie, elle est passée de cinq lignes à une page et demie. Elle représente tous les nouveaux prélèvements qui ont été multipliés par trois. Pour un employé, les cotisations qui étaient à moins de 7% dans les années 70, sont passées à plus de 21%, sans compter la mutuelle qui n'existait pas. Les cotisations employeur quant à elles sur la même période, ont été multipliées par deux. Initialement, la CSG a été créée puis la CRDS uniquement sur les salaires, puis progressivement sur toutes les transactions financières, placements, bourse, etc... (Hors 3 livrets d'épargne).

Il en est ainsi de presque tous les ministères. Car il fallait bien contenter les électeurs et essayer d'améliorer le cadre de vie des citoyens.

Pendant ce temps la gestion des ministères a laissé à désirer, en partie par idéologie politique et également par la pression due à nos déficits et endettements. D'un autre côté, celle des collectivités locales n'a pas été en reste en embauchant à tour de bras, avec beaucoup de doublons, de gabegie ne faisant qu'aggraver la situation. .

A la décharge des ministres, lorsque les premiers déficits sont apparus, ils ne comprenaient pas d'où provenaient ceux-ci. Leurs premières mesures furent de les combler rapidement. La facilité : Augmenter les cotisations, taxes, impôts, puis en créer de nouveaux. Ce qui nous a amené progressivement à la situation que nous connaissons aujourd'hui. J'oubliai les emprunts. Puisque les prélèvements commençaient à devenir insupportables électoralement, le recours aux emprunts a permis de « boucher les trous », tout en dissimulant les véritables déficits. Comme vous le savez, lorsque vous empruntez, vous ne remboursez qu'une partie chaque année, ce qui vous permet de lisser votre budget dépenses sur 10, 15, 20 ans. Mais pour rembourser, il faut des rentrées suffisantes, ce qui n'était plus le cas pour les gouvernements puisque depuis 1975 la France est en dette. Et si vous êtes en dette vous ne pouvez plus rembourser, sauf provisoirement en faisant d'autres emprunts. C'est le cycle infernal que connaît notre pays depuis des décennies.

Pourquoi cette situation ? Deux causes principales

Il n'a jamais été tenu compte d'une durée de vie qui a augmenté de 7 heures ½ de plus chaque jour.

Au contraire, puisque nous n'avons pas arrêté de diminuer les temps de travail et d'activité. Nous sommes le seul pays (ou presque) à être passés aux 35 heures, à la retraite à 60 ans et même moins pour certains bénéficiant de dispositions spécifiques.

Et malgré une très bonne productivité horaire en découlant, nous n'avons jamais pu rattraper les effets de ces deux causes.
La durée de vie, nous n'y pouvons rien. Encore que, tout est fait pour la prolonger au maximum : Progrès constant de la médecine, mesures écologiques, sécurité routière, hygiène de vie, amélioration alimentaire, plus de sport, de gym...
Le temps d'emploi. Il progresse légèrement avec l'allongement de la durée d'activité. Mais tout est relatif. Prenons l'exemple de la loi Fillon avec la mise en place en 2010, de la fin de travail à 62 ans au lieu des 60 auparavant. Son application était progressivement échelonnée au préalable sur 8 années, soit jusqu'en 2018, puis ramenée à 2017, un peu avant les élections présidentielles. Pendant ces 8 années la durée de vie aurait augmenté de 2 années, ce qui annulerait à terme l'avantage que l'on pourrait en espérer.

Alors pourquoi il faut augmenter le PIB ?

Celui-ci étant proportionnel aux heures travaillées, s'il manque 25% de PIB, il manque donc 25% d'heures travaillées payées. Soit entre 11.000 et 12.000 heures de travail par salarié sur la durée de vie. Ce qui peut représenter par exemple 40 heures semaine et 65/66 ans de départ en retraite. Ce qui permettrait d'atteindre le niveau des pays qui ont moins de dettes que nous, avec un équilibre des comptes. Sachant que tous les pays européens ont eu à résoudre le même problème. Ceux qui ont de meilleurs résultats, à quelques exceptions près sont ceux qui ont essayé de s'écarter le moins possible de la ligne Budget et PIB. Toutefois aucun n'a su être suffisamment positif pour éviter un niveau d'endettement récurant.

Une fois que la France aura atteint ce niveau, la seule solution pour que cela soit pérenne, c'est de programmer la durée de travail proportionnelle à la durée de vie.
Ensuite nous n'aurions besoin que d'un gouvernement et des institutions réduites, qui n'auraient pour tâche que de ne s'occuper que de la gestion économique et sociale du pays.
www.livres-daniel-moinier.com

Une réaction ? Laissez un commentaire

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre Newsletter gratuite pour des articles captivants, du contenu exclusif et les dernières actualités.

Cropped Favicon Economi Matin.jpg

Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.