Peut-on retrouver les auteurs de la vidéo des otages français ?

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Par Ousseynou Thiam Modifié le 27 février 2013 à 12h51
Une vidéo qui montrerait les sept otages français enlevés au Cameroun a été postée lundi sur la plateforme de partage de vidéos YouTube. Si les ravisseurs se revendiquent de Boko Haram, pour l’instant il est difficile de dater la vidéo, ou même de savoir qui exactement l’a postée, et où.

Pour retrouver les auteurs de la vidéo, il faut dérouler un fil. Tout ce qui est émis sur le web est automatiquement lié à une adresse IP [Internet protocol]: c’est un numéro d'identification de l’internaute. Donc une adresse IP liée à la vidéo des otages existe, on la récupère via YouTube. Mais comment l’identifier? "Pour cela, il existe des annuaires internationaux", explique Gilles de Chezelles, spécialiste des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC). Il faut ensuite essayer d’identifier l’adresse IP liée à la vidéo.

Mais c’est là que les choses se compliquent. Car cette identité peut être usurpée, via notamment des logiciels disponibles sur Internet: "c’est comme si on prenait votre carte d’identité et qu’on collait une autre photo dessus", explique Gilles de Chezelles, qui ajoute: "Si l'adresse IP a été usurpée, ça veut dire que quelque chose a été fait pour cela. C’est une étape supplémentaire dans l’enquête." Pour lui, "ces gens se sont préparés à l'avance. Ils ont certainement multiplié les fausses identités."

"Ils multiplient les façons de se cacher"

Il existe plusieurs moyens de dissimuler une adresse IP. Le proxy, qui peut être installé facilement sur une machine, permet notamment de masquer les informations de votre ordinateur: votre navigateur, votre système d’exploitation, votre adresse IP.

Le VPN [Virtual private network] permet par exemple d’accéder à l’administration d’un site à distance. "Ce sont des moyens parmi d’autres qui peuvent être utilisés par les auteurs de la vidéo", explique Gilles de Chezelles. Il est aussi possible de se créer de fausses identités informatiques via des "serveurs zombies".

Mais les auteurs de la vidéo n'ont pas choisi l'une de ces solutions, explique Gilles de Chezelles: "Ils multiplient les malversations. Ils cumulent les usurpations, et les façons de se cacher. On peut donc les retrouver, parce que sur le net, il est impossible d’être totalement étanche. Mais cela va être extrêmement compliqué. Tout dépend des moyens qu’on veut y mettre."

Atteindre physiquement des ordinateurs : pas si simple

Pour ce spécialiste de la dématérialisation des échanges, il est possible que l’on arrive rapidement à localiser des machines et qu’on ait donc besoin de les analyser. Mais là où les choses peuvent se compliquer, c’est pour les atteindre physiquement. "Si les ravisseurs ont posté leurs vidéos à partir de machines qui sont actuellement au cœur du conflit en Syrie par exemple, cela risque d’être très compliqué pour les atteindre. Et à mon avis, c’est la protection principale de ces gens".

De plus, la saisie et la fouille d'ordinateurs par la France sont loin d'être évidentes, chaque pays se protégeant par sa législation. "Sauf lorsque cela concerne les Etats-Unis : avec leur Patriot Act, ils peuvent tout faire ou presque", estime Gilles de Chazelles.

Il sera donc possible pour les autorités de retrouver ceux qui ont posté la vidéo. Mais le cheminement sera long et complexe.

source: BFMTV

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Natif du SENEGAL, Ousseynou Thiam a effectué ses études Supérieures à Dakar, puis suivi une formation en MultiMedia.