L'an qui vient ne sera pas simple, mais peut changer beaucoup de choses, parce que tout dépend des conditions du retour à la normale monétaire et financière aux Etats-Unis d'abord et avant tout. Avant les "autres retours à la normale".
L'évolution des taux américains
Etats-Unis : ils commenceront. Les taux américains à court terme vont monter graduellement, et tout sera fait pour que la remontée des taux longs ne soit pas trop forte.
D'abord, la hausse des taux courts est inévitable.
Au premier semestre, la Fed aura commencé, et donc doit se préparer au plus tôt à changer son vocabulaire. L'expression consacrée, "considerable period of time", qui décrivait le long temps que mettrait la Fed à normaliser des taux va devoir disparaître. Ce sera l'annonce formelle du changement.
Toute l'année dépendra de cette normalisation, douce ou violente. Les débats sur le plafond de la dette et sur les prochaines élections en seront profondément modifiés. Il faudra beaucoup de doigté : c'est décisif.
L'inévitable mutation des BRICS
BRICS : ils sont méconnaissables. Le Brésil en ralentissement va devoir assainir sa politique budgétaire. La Russie en récession va devoir adopter une démarche plus conciliatrice vis-à-vis de ses voisins européens si elle ne veut pas entrer dans une dangereuse spirale. L'Inde va faire reconnaître ses changements et ses réformes. La Chine va poursuivre son ralentissement/mutation et l'Afrique du Sud va bien devoir se lancer dans des réformes, pour être moins tributaire des matières premières.
Dans cette période de changements des BRICS, on comprend le caractère décisif des interdépendances entre succès de la normalisation monétaire américaine et conditions des mutations des BRICS.
Un début d'année décisif pour la zone euro
Zone euro : le mois de janvier donnera le tempo. En janvier en effet, Mario Draghi dira s'il franchit, oui ou non, le Rubicon d'achats directs de titres d'Etat par la BCE. Toute la question est ensuite des effets de ce choix sur la zone. Au mieux, on peut s'attendre à ce que les taux longs continuent de se détendre et ne soient ainsi pas attirés par les taux américains, et mieux encore que l'euro poursuive sur sa pente baissière. Ceci soutiendrait évidemment la trop lente reprise de la zone.
2015, de bon augure pour la France
France : du mieux. Si tout se passe ainsi, on peut penser que la France abordera l'année dans de meilleures conditions, propices à accélérer ses propres réformes. La flexibilité du marché du travail d'abord, la baisse de la dépense publique ensuite, sont les deux bases de l'accélération de l'activité, avec une remontée du profit. Autrement rien de bien positif n'aura lieu - mais il faut savoir qu'une bonne part des changements est amorcée.
Les conditions psychologiques commencent donc à se détendre - or elles sont essentielles. Pour autant, les échéances politiques peuvent peser, mars d'abord, décembre ensuite. L'emploi devrait normalement aller mieux, mais des inerties sont toujours possibles dans ce domaine. Les chiffres le montrent plus que jamais.
Au total, 2015 sera décisive, marquant les différents tempi des réorganisations qui sont partout indispensables. Ce sera le vrai moment des corrections de l'après-crise, puisque le désendettement n'a pas de sens sans réformes, sauf à plonger tout le monde dans la récession. Tout le monde, au sens du monde entier, aura donc à changer ensemble, autrement dit à coopérer, si l'on souhaite que tout se passe au mieux. C'est dans ce contexte plus ouvert aux changements que la France doit continuer et, mieux encore, accélérer !
Bref, économiquement, on peut voir 2015 sous de meilleurs auspices, sachant que nous aurons bien vite la réponse : elle viendra de la BCE et de la FED.