Attendu depuis plusieurs semaines, le gouvernement a enfin détaillé son plan de relance afin de redresser rapidement et durablement l'économie française. Pour l'immobilier, première filière industrielle qui représente 10 % du PIB français, des mesures ont été prises mais le secteur de la construction reste perplexe face à ces propositions.
Pour son plan de relance, le gouvernement a réussi à mettre sur la table une enveloppe de 100 milliards d'euros dont 7,5 dédiés au secteur de l'immobilier mais une faible partie a été accordée à la construction.
Depuis de nombreuses années, l'obsolescence et la réversibilité des immeubles est au cœur des préoccupations mais souvent considérées comme trop coûteuses et extrêmement contraignantes techniquement, les parcs immobiliers vides et obsolètes se sont accumulés. Le gouvernement a bien compris l'importance de les rénover et le temps est venu de donner les moyens nécessaires à l'atteinte des objectifs énergie et climat que la France s'est fixée. C'est pourquoi la rénovation énergétique est au cœur de ce plan de relance.
Pour le secteur de la construction, deux mesures ont été décidées. Recycler des friches a un coût, pourtant elles représentent 120 millions de m2 sur tout le territoire soit 1.1 fois la ville de Paris. Dans ces conditions, le gouvernement a décidé de consacrer un fonds de 300 millions d'euros pour soutenir les entrepreneurs souhaitant réhabiliter ces surfaces.
La seconde est une aide directe aux collectivités délivrant des permis de construire. 350 millions d'euros sont affectés afin de favoriser la construction de 50.000 logements en zone dense plutôt qu'en étalement urbain. Sur le papier, l'idée est bonne mais la réalité est loin d'être aussi belle. En effet, la crise sanitaire a mis au ralenti les services d'urbanisme et a fait chuter la délivrance des permis de construire qui étaient déjà bloqués à cause des municipales. Avant le confinement, certaines grandes villes mettaient déjà plusieurs mois pour examiner les demandes et depuis la crise sanitaire les délais se sont allongés et les promoteurs n'ont de cesse de le répéter, il y aura une perte de 100 000 logements neufs en 2020.
Même si cette aide devrait permettre d'autoriser environ 50.000 logements supplémentaires dans le tissu urbain, cet encouragement auprès des élus dont nous ne connaissons pas encore les conditions d'obtention de financement n'est pas suffisant. En effet, il est primordial de dématérialiser la délivrance des permis de construire pour accélérer le processus et éviter le chômage pour bon nombre de Français puisque 100.000 emplois sont menacés à court terme dans la filière.
L'ancien Ministre, Julien Denormandie, avait fait la promesse d'accélérer la numérisation des actes d'urbanisme. Son ministère s'était engagé à accompagner les collectivités ayant besoin d'assistance dans le passage à cette numérisation. L'initiative est bonne mais quelques mois après ces annonces et l'arrivée d'une nouvelle ministre, Emmanuelle Wargon, rien ne semble changer. En effet, cela peine toujours à se concrétiser. Pourtant ce n'est pas faute de lancer des appels à instruire plus vite les permis de construire afin de relancer le secteur économique de la construction et de lutter contre la pénurie de logements. Mais les anciens maires n'ont pas l'air réceptif à ces appels, les nouveaux maires devront donc s'y atteler pour éviter le trou d'air dans les constructions l'année prochaine. De plus, la pénurie de logements accumulés au retard due à la crise va créer un manque de logements c'est certain, ainsi qu'une augmentation des prix des habitations neuves. Une calamité pour les ménages qui ont et seront impactés par la crise.
La crise sanitaire aura permis de mettre en évidence le principal problème du logement neuf : sa pénurie ; car il serait faux de prétendre que la filière du logement neuf allait parfaitement bien avant. Pourtant le gouvernement ne semble pas se rendre compte de l'envergure du problème puisque le plan ne permet pas d'espérer une relance massive de la construction des logements neufs qui pourtant est un indispensable pour répondre aux besoins des Français.