Voitures électriques, centrales solaires et éoliennes… Tout ça est bien beau mais ça risque fort de ne pas être suffisant. L’Agence Internationale de l’Energie estime qu’on est proches d’un véritable choc pétrolier lié à une pénurie de brut sur les marchés. La cause ? Le manque d’investissement des géants du pétrole qui ont souffert de la guerre des prix menée par l’Arabie Saoudite pour rendre non rentable, sans succès, le gaz et le pétrole de schiste.
Pas assez de pétrole pour tous en 2020
La date est proche, beaucoup trop proche même : l’AIE estime que la pénurie de pétrole pourrait survenir dès le début de la prochaine décennie. La consommation de brut augmentera de 1,2 millions de barils par jour chaque année jusqu’à atteindre 100 millions de barils par jour en 2019 et même 104 millions par jour en 2022 selon les projections publiées le 6 mars 2017.
La demande continuera de croître malgré la baisse de la consommation dans les pays développés à cause des pays émergents. L’évolution de la richesse et l’industrialisation de ces pays feront gonfler la consommation qui, d’ici 2022, augmentera de 7,3 millions de barils de brut par jour. La production, elle, risque de ne pas suffire.
Une production en hausse d’ici 2022 mais peut-être pas assez
L’AIE, qui exprime ses craintes, n’est pas totalement défaitiste : la production de pétrole devrait recommencer à augmenter. Les pays hors Opep, comme les Etats-Unis, le Brésil ou encore le Canada, devraient augmenter la leur de près de 3,3 millions de barils par jour entre 2017 et 2022. Aux Etats-Unis, de plus, la question de la relance du gaz de schiste, à nouveau rentable à la suite de la nouvelle augmentation du prix du pétrole sur le marché qui a dépassé les 50 dollars le baril, pourrait sauver la mise.
Mais il reste à connaître la politique qu’adoptera l’OPEP. Après avoir mené une guerre sans mercis contre le gaz de schiste en faisant baisser le prix du baril de pétrole à des niveaux historiquement bas (moins de 30 dollars), le cartel a opté pour une réduction significative de la production. Elle devrait augmenter à nouveau dans les années à venir.
Mais la guerre contre le gaz de schiste a réduit les investissements du secteur pétrolier de près de 25 % en 2015 et 26 % en 2016 selon l’étude. Le secteur a pris du retard : un investissement pétrolier ne se décide qu’après plusieurs années d’études et de prospection : 2020 pourrait donc être un moment charnière où la demande en pétrole deviendrait supérieure à la production, causant une forte hausse du prix du baril en Bourse et, de fait, une forte hausse du prix à la pompe pour l’essence et le diesel.