La crise sanitaire que nous traversons a un impact tel sur la santé et l’organisation des entreprises, que la notion d’avant/après ce séisme n’est clairement pas galvaudée. Dans les prochains mois, celles qui ne parviendront pas à évoluer, s’adapter et s’approprier les concepts de collaboration, d’agilité et d’efficacité opérationnelle, disparaitront. Pour répondre à ces enjeux, le cloud apparaît plus que jamais comme un choix incontournable.
Prise de conscience et basculement irréversible
D’après le cabinet d’études Canalys, le marché des services IT dans le cloud a bondi de près de 33% durant le 1er semestre 2020, comparé à la même période en 2019. Une croissance impressionnante mais prévisible tant la demande en matière de services cloud grand public, d’e-commerce et d’outils de collaboration a été forte durant le 1er confinement. Cela a engendré un tel pic de consommation auprès des plus gros fournisseurs mondiaux de cloud que sont Amazon, Microsoft et Google, que même eux ont peiné à absorber cette vague liée aux nouveaux usages.
Si les GAFAM ont eu du mal à résister à un tel flux, on imagine sans mal que de nombreuses autres entreprises, même parmi les plus grandes, n’étaient pas du tout prêtes à passer la quasi totalité de leurs effectifs en télétravail. Leurs infrastructures n’ont pas tenu, que ce soit en matière d’utilisation des ressources systèmes, de bande passante, de bureaux virtuels et de stockage, ou encore de disponibilité d’équipements de mobilité.
Saturées, nombre d’entre elles n’ont pas pu assurer l’accès aux ressources indispensables à leurs collaborateurs, se retrouvant parfois même dans l’obligation d’effectuer des roulements de travail en 3x8 à cause d’infrastructures inadaptées. Généralement pas dans le cloud donc. La situation extrême que certaines entreprises ont vécu les a obligé à agir dans la précipitation et a surtout mis en évidence l’étendue de leur retard dans leur transformation numérique.
Chaque entreprise a des priorités différentes selon sa maturité mais globalement, il s’agit avant tout de maintenir la productivité des collaborateurs, indispensable à son fonctionnement. Il est donc nécessaire de s’adapter à la tendance durable du télétravail avec la mise en place ou le renforcement de solutions adaptées : outils collaboratifs, DaaS (Desktop as a Service, comprenant un PC, un OS virtuel, des applications, un accès aux données à distance…) ou BYOD (PC personnel sécurisé et équipé), stockage, partage documentaire… Tout cela transitant logiquement par le cloud.
L’autre priorité capitale, c’est le business, soit la capacité à fournir des produits ou services au client final. Pour y parvenir, les solutions technologiques choisies doivent être en adéquation avec les besoins métiers de ses équipes. Là encore, c’est grâce à la rapidité et la puissance de calcul du cloud qu’il devient possible de mettre en place des cultures et pratiques agiles/DevOps et permettre ainsi l’adaptation des offres métiers aux besoins des clients en quasi temps réel et avec un maximum de valeur.
L’urgence est là mais il n’est pas trop tard
Heureusement, de nombreuses grandes entreprises françaises ont déjà amorcé leur virage vers le cloud, qu’il soit public ou hybride, afin de pouvoir faire varier leurs capacités de ressources IT selon leurs besoins. Car dans le cas du télétravail, la mise en place permanente d’un DaaS pour chaque collaborateur n’a pas de sens, il faut pouvoir s’adapter à l’usage, notamment pour les montées en charge. Et dans ce type de situation, héberger toutes les ressources dans un data center privé ne pourra jamais permettre un niveau de mise à l’échelle que peut offrir un fournisseur de cloud public.
Beaucoup d’ETI ont en revanche pris du retard et pourraient connaître un sort funeste si elles ne s’adaptent pas très rapidement au monde actuel en engageant des initiatives vers le cloud. Une technologie qui devient également incontournable pour les PME et TPE, mais davantage pour des raisons de business model, de coûts, de rapidité d’exécution ou de déploiement de solutions vers les clients finaux.
En résumé, il y a urgence pour 100% des entreprises à basculer sans attendre tout ou partie de leurs ressources IT et de leurs données dans le cloud. L’heure n’est plus à la tergiversation, d’autant plus avec la situation sanitaire qui reste toujours incertaine pour les mois à venir. Il s’agit de ne pas se retrouver dans la même situation qu’au printemps dernier, avec des employés qui ne peuvent pas travailler ou une offre qui ne peut atteindre suffisamment ses clients.
La bonne nouvelle, c’est que les retards peuvent vite se rattraper, grâce à l’expérience de mise en œuvre acquise par les fournisseurs au début de la crise, facilitant ainsi une transition rapide des entreprises vers le cloud.
La sécurité des données ne doit plus constituer un frein
N’éludons pas le fait que des freins existent chez les entreprises quant au passage au cloud, tel que le coût de la migration et surtout de l’usage. Il peut y avoir de mauvaises surprises car peu de sociétés sont capables de prédire avec précision les coûts du cloud. Celui-ci n’est pas forcément moins cher qu’une infrastructure sur site, mais il est important d’avoir en tête la globalité du retour sur investissement qu’il produit, sachant que les pratiques de FinOps, visant à mieux contrôler ses dépenses, se développent.
Les enjeux humains sont également à considérer, avec des équipes IT qui ont mécaniquement moins de travail avec le cloud et qu’il faut donc repositionner sur des métiers différents, sans oublier la mise à niveau des compétences ou la conduite du changement à mener. Rien d’insurmontable néanmoins.
Mais la principale réticence des entreprises face à un engagement avec un fournisseur de cloud public, que l’on parle de IaaS (infrastructures), de PaaS (plateformes) ou de SaaS (services) a toujours été la question de la sécurisation des données. Avant la crise, bon nombre d’entreprises n’ont pas osé franchir le pas et sont restées immobiles à force de se demander si l’hébergement de leurs données allait être suffisamment sécurisé.
Et pourtant, pour peu qu’elle confie ses données à un hébergeur sérieux, aucune entreprise, aussi grande soit-elle, n’est en capacité de rivaliser avec son prestataire en matière de sécurité. Ce dernier dispose d’équipes aux compétences allant bien au-delà de ce qu’une entreprise non spécialisée peut posséder, en termes d’expertise, de technologie et d’investissement humain.
Avec le développement du télétravail pas toujours bien sécurisé et la multiplicité actuelle des cyberattaques qui en découle, les données sont donc plus en danger dans l’entreprise que dans le cloud. Au final, plus que leur sécurité, la véritable problématique de l’hébergement des données réside davantage dans leur souveraineté.
Ne pas mettre tous ses oeufs dans le même cloud
Dans le contexte géopolitique actuel, placer ses données chez un ou plusieurs hébergeurs cloud américains pose en effet des questions essentielles sur les risques liés à la souveraineté, et sur la possibilité que l’Etat américain y est accès. Si Amazon, Microsoft et Google paraissent certes incontournables lorsqu’une entreprise veut profiter au mieux des bénéfices du cloud, il convient toutefois de tempérer cela, car une certaine liberté et des alternatives existent.
Il est ainsi possible, et même recommandé, d’avoir recours au multicloud, c’est-à-dire placer ses différents types de données dans différents cloud selon l’usage spécifique que l’on souhaite en faire. Cela permet de répartir les risques et de choisir par exemple un hébergeur américain pour une certaine tâche dont il est spécialiste, et un fournisseur français, comme OVH, pour une autre fonction. Sans oublier que lorsqu’on parle de solutions légères en SaaS, les acteurs, notamment français, sont très nombreux sur le marché.
Si elle doit bien entendu être prise en compte, la question de la souveraineté ne doit donc pas non plus être un facteur bloquant d’une action de migration vers le cloud, tellement les enjeux sont cruciaux. Car s’il y a bien un constat que l’on peut faire sur les conséquences de la crise, c’est qu’aujourd’hui, tout ce qui n’est pas digitalisé ne fonctionne pas.