Depuis un mois, chaque semaine confirme que la situation des banques espagnoles est plus calamiteuse que prévue, que l'exposition aux risques des banques italiennes est plus opaque qu'énoncé. Ces deux incertitudes accompagnées de celles pesant sur les dettes souveraines ont une conséquence prévisible : l'écart croissant entre les taux d'intérêt auxquels les pays du Sud peuvent emprunter et ceux accordés aux pays du Nord.
Avant que le mur de Berlin ne soit construit, les Allemands de l'Est passaient à l'Ouest ce qui avait fait dire à l'éminent Raymond Aron : " Les Allemands de l'Est n'ont pas le droit de vote, alors ils votent avec leurs pieds ". Le parallèle est le même : les marchés ("la finance qui ne vote pas" : François Hollande, discours du Bourget de Février 2012) ont déjà décidé de tabler sur une partition de notre zone monétaire.
Au demeurant, l'actualité rapporte que la Finlande elle-même ne semble plus exclure cette hypothèse : la question étant que la partition est un acte délibéré et mesuré là où la scission est un acte subi sous pression des évènements.
De fait, un nombre conséquent d’Allemands ne cessent de caresser l’idée de leur sortie et de l’Union et de l’Euro. Les calculs économiques sont complexes mais nous savons tous qu’il y aurait une demande mondiale de détention d’Euromarks alors que l’Euro est désormais une monnaie de transaction pour les peuples qui l’ont adopté et en même temps une monnaie spéculative par le biais des dettes souveraines. Notre rêve de voir l’Euro être une monnaie de réserve et parallèlement de voir une part croissante des échanges mondiaux libellés en cette monnaie est désormais évanoui pour de nombreuses années.
Le premier échec de la zone Euro, c’est cette faiblesse croissante d’attraction. L’échec corrélé de notre zone monétaire, c’est que bien des citoyens dans d’autres pays ont la même idée. Celle de créer un Euromark et de s’y raccrocher à 3 ou 4 pays. Comme par hasard opportun, ceux des pays qui sont dans l’hinterland de la sphère productive allemande (voir déclarations en Autriche). On aurait ainsi une monnaie de type Mitteleuropa qui aurait des caractéristiques de zone monétaire optimale, chère à l’éminent Christian Saint-Etienne, du fait de la faible divergence des économies et dont les citoyens électeurs seraient satisfaits.
Le 12 Septembre 2012 la Cour Constitutionnelle de Karlsruhe doit se prononcer sur la constitutionnalité du traité relatif au MES.
Ainsi, ce sont de fins et respectables juristes de haut rang qui risque d'avoir le fin mot de l’unité de l’Euro. En cas de refus de ce traité alors posé comme inconstitutionnel, chacun pressent l’onde de choc qui en découlera.