L’adoption du pacte pour la croissance et l’emploi par le sommet européen des 28 et 29 juin est présenté comme une avancée majeure par ses défenseurs. Il précise notamment qu'"un montant de 120 milliards d'euros (équivalant à environ 1% du revenu national brut de l'UE) est mobilisé en faveur de mesures de croissance à effet rapide".
Parmi ces mesures, on notera que la Banque Européenne d’Investissement est dotée de 10 milliards d’euros de fonds propres nouveaux, et 4,5 milliards d’euros sont attribués à des projets d’investissements innovants. En outre, les Etats membres peuvent utiliser leurs dotations en fonds structurels pour accorder des garanties d’emprunt ou mener des opérations nouvelles dans le respect des règles existantes.
L’accord ajoute: "55 milliards d'euros supplémentaires seront consacrés à des mesures destinées à dynamiser la croissance au cours de la période actuelle". En réalité, l’accord européen n’ajoute donc que 55 milliards nouveaux aux moyens dont les États de l’Union disposent aujourd’hui, soit moins de 0,5% du PIB communautaire.
Au vu de ce montant, dont l’utilisation reste encore ténébreuse, on ne manquera pas de s’étonner des tons triomphaux adoptés par les commentateurs. En effet, l’engagement de l’Union en faveur de la croissance paraît extrêmement limité, voire voué par avance à l’échec. Rappelons en effet que ces 55 milliards seront vraisemblablement saupoudrés sur l’ensemble de l’Union. En comparaison des efforts menés depuis 2008, le résultat du Conseil se révèle très maigre.
Pour mémoire, le plan de relance français de 2009, qui avait donné lieu à la création d’un ministère de la Relance, avait prévu une enveloppe, pour la seule France, de 38,8 milliards d’euros. À l’époque, ce montant avait été jugé bien trop faible pour permettre un redémarrage de la croissance. Il représentait quand même 2% du PIB, soit le double du total des mesures annoncées par l’Union.
Ces sommes, qui sont microscopiques par rapport aux rachats de dette souveraine par les banques centrales (la Réserve Fédérale Américaine a consacré plusieurs milliers de milliards de dollars à cette politique, la Banque Centrale Européenne plusieurs centaines de milliards d’euros), sont très inférieures aux relances pratiquées sur les cent dernières années.
En 1975, par exemple, Jacques Chirac alors Premier ministre avait mené un plan de relance de près de 3% du PIB. Le plus important précédent en matière de relance fut toutefois la "Public Works Administration" créée par Roosevelt en 1933, qui fut dotée d’une somme équivalent à 6% du PIB américain. 12 fois plus que l’effort nouveau consenti par l’Union. Les économistes contestent encore aujourd’hui l’efficacité du "New Deal".