Avec deux ans de retard sur les présidentielles, la dévastation de la droite a commencé. La démission attendue, inévitable, souhaitée par beaucoup, de Laurent Wauquiez ouvre une crise profonde qui s’explique d’abord par ce que nous avons appelé l’orléanisation d’Emmanuel Macron. Les Républicains doivent désormais se réinventer, coincés dans l’étroit espace laissé par LREM, vainqueur dans les fiefs urbains comme Paris, et le RN, vainqueur dans la France d’en-bas. L’œuvre de reconstruction ne pourra commencer qu’une fois la dévastation achevée.
Il était évidemment inimaginable que Laurent Wauquiez ne démissionne pas. Gérard Larcher avait d’ailleurs annoncé qu’il ferait désormais sans lui, en lançant un nouveau projet avec des élus locaux. Le signal était donné d’un long siège, sanglant et épuisant, dans l’hypothèse où le Président du parti se serait cramponné à son poste.
La dévastation de la droite peut commencer
Le départ de Laurent Wauquiez sonne l’hallali de la droite. Désormais, la pseudo-reconstruction du parti, en réalité jamais menée, ne peut que tomber par terre et lancer un mouvement porté par cet effet de souffle.
Sur le fond, c’est l’héritage d’un gaullisme social péniblement maintenu sous respirateur artificiel depuis le départ de Nicolas Sarkozy, qui doit désormais être liquidé. Nous avons dans nos colonnes épinglé cette espèce d’ancrage toxique des Républicains dans une sorte de confort du monopole, de l’économie administrée, de la mise sous dépendance sociale et financière des citoyens à travers un faisceau de politiques de protection, qui est complètement déconnectée des aspirations de l’opinion publique contemporaine.
Dans de nombreux cas, les Républicains se présentent comme plus « protecteurs » que la gauche de gouvernement. Cette inclination qui ne répond plus à aucune logique idéologique, et qui explique la délirante pression fiscale qui accable le pays et nourrit toutes les frustrations, n’a plus de sens. L’heure vient de la purger des esprits.
Les vieux gaullistes sociaux devraient retarder le mouvement
On peut compter sur des Gérard Larcher, sur des Eric Woerth, qui bénissent depuis des décennies la politique de l’eau tiède et de l’étatisation, pour freiner ce mouvement avec le plus d’acharnement possible. La reconstruction de la droite devrait être singulièrement retardée et compliquée par ces vieux chevaux de retour qui ont construit leur statut politique et leur domination sur un réseau d’élus locaux dopés à la subvention publique (que n’ont-ils hurlé lorsque le gouvernement a réduit les emplois aidés dans leur municipalité!) et à la connivence pour tenir le pays.
La droite commet une erreur massive si elle ne comprend pas que cette stratégie de la combinazione, des accords sous la table, des alliances entre élus à l’abri des regards, constitue le principal objet du rejet par l’opinion publique. A coup sûr, une préservation de ce système par une sorte d’acharnement thérapeutique, condamnera définitivement les Républicains à la disparition.
Quel avenir pour le libéralisme à droite?
De notre point de vue, il existe une place pour le projet d’une coalition populaire évoqué par Marion Maréchal, mais selon les conditions que nous exposons par ailleurs. Nous parions sur la réussite, à un horizon de deux ou trois ans, de cette ambition.
La clé de voûte sera de savoir où « passe » l’électorat libéral, qui représente bon an mal an 15% des voix en France. En l’état, il a rejoint LREM, comme l’ont montré les élections européennes, tout particulièrement dans les grandes villes. Mais tout indique que de nombreux libéraux se reconnaissent peu dans la politique d’augmentation des dépenses publiques menées par Emmanuel Macron depuis son arrivée au pouvoir, ni dans sa politique d’extrême centralisation parisienne.
Beaucoup sont ralliés à LREM par résignation, et sans illusion.
Un projet séduisant à droite pourrait les convaincre de « changer de camp ». Compte tenu de la mathématique électorale, c’est eux, aujourd’hui, qui peuvent provoquer le basculement de la majorité en cas de deuxième tour des présidentielles.
Toute la question est de savoir ce que la droite a à leur proposer aujourd’hui.
Article écrit par Eric Verhaeghe sur son blog