La consolidation du marché français de la téléphonie mobile n'aura pas lieu. Les consommateurs conserveront leurs quatre opérateurs qui continueront à faire marcher la concurrence, mais il s'en est fallu de peu : Orange et Bouygues Telecom ont fait durer le suspense. Pour rien, finalement.
Les négociations entre Stéphane Richard, le patron d'Orange, et Martin Bouygues son homologue de Bouygues Telecom, ont achoppé vendredi 1er avril, lorsque deux conseils d'administration des deux opérateurs ont acte l'impossibilité d'un rapprochement. De fait, le paysage français en reste donc à quatre opérateurs.
Négociations
Les négociations ont duré trois mois durant lesquels les rumeurs annonçaient une fusion de plus en plus inéluctable entre le premier et le quatrième acteur du marché. Le partage des actifs de Bouygues Telecom, condition indispensable pour valider le rapprochement aux yeux de l'Autorité de la concurrence, était en grande partie validé : à Free Mobile une partie du réseau et des boutiques (contre un chèque de 2,5 milliards d'euros), à SFR les clients mobiles et d'entreprises (contre 3,5 milliards).
Orange, de son côté, acceptait de verser 10 milliards d'euros pour enterrer Bouygues Telecom, une somme qui valorise fortement l'opérateur du bétonneur (qui représente un actif de 6 milliards d'euros pour le groupe de BTP). Mais voilà. Outre une demande de dernière minute de Xavier Niel, le patron de Free, qui aurait voulu exploiter en itinérance le réseau d'Orange jusqu'en 2021, c'est l'État qui a la plus grande part de responsabilité dans ce fiasco.
Exigences
Emmanuel Macron, le ministre de l'Économie, a ainsi exigé qu'une fois entré au capital d'Orange, Martin Bouygues ne puisse y monter pendant sept ans, et qu'il ne puisse pas bénéficier de droits de vote double pendant une durée de dix ans. Des conditions inacceptables pour le chef d'entreprise, qui a donc fermé la porte aux discussions. Il faut dire que l'État, qui déteint 23% du capital d'Orange, ne voulait pas descendre sous les 20%. Or, Bouygues pouvait prétendre à 12%…
Un sacré casse-tête industriel et capitalistique, sans oublier les craintes liées au respect de la concurrence. En bout de course, le paysage français de la téléphonie reste à quatre opérateurs. Jusqu'à la prochaine tentative.