A quand une armistice entre les opérateurs télécoms ?

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Par Franck Mondet Publié le 1 juin 2015 à 14h07
Telecom Fin Baisse Prix Mobile Abonnement Argent
@shutter - © Economie Matin
45%En trois ans les prix des forfaits mobiles ont baissé de 45%

Depuis plusieurs années – comprendre depuis l'arrivée de Free sur le marché – les opérateurs français des télécoms se livrent une guerre des prix sans merci. Or l'heure semble passer à la détente. Car si ces géants français veulent conserver la qualité de leurs services et ne pas rater les trains de la fibre et de la future 5G, d'importants investissements s'imposent.

Stéphane Richard, patron d'Orange, a été l'un des premiers à siffler la fin de la récréation. Et celui qui a nettement plus subi que décidé la guerre des prix ne va pas s'en plaindre. "Arrêtons de croire que l'on va continuer la guerre des prix. Regardez les résultats des opérateurs et les investissements qu'ils doivent faire. Dire que les prix vont continuer à baisser dans les années qui viennent, c'est une folie".

De fait, depuis trois ans, rappelle le site spécialisé ZDNet, les prix ont fondu comme la neige au soleil : -45 %. Et avec les investissements qui vont s'imposer aux opérateurs, les caisses pourraient finir par se vider. Le déploiement de la fibre optique sur tout le territoire va se poursuivre, de nouvelles fréquences 700 Mhz vont être créées et, bien sûr, la 5G ne va pas tarder à supplanter la 4G. En ce qui concerne le seul Orange, le coût des opérations est évalué à 3 milliards d'euros.

Du côté de Numericable-SFR, le son de cloche est le même. La firme dirigée par Patrick Drahi multiplie les rachats, poursuit son expansion à grande vitesse et entend ne pas céder à la guerre des prix. Dans le mobile, l'opérateur paye son cavalier solitaire et a perdu plusieurs centaines de milliers de clients. "Nous n'avons pas suivi la guerre des prix qui a fait rage dans le secteur. Nous avons fait le choix de travailler la valeur de nos offres. Nous avons travaillé pour améliorer la qualité. Nous sommes prêts à repartir en conquête", a ainsi déclaré Eric Denoyer, directeur général du groupe.

Pour ce faire, Numericable-SFR pourra compter sur sa position forte dans le domaine de l'Internet, qui a permis à l'opérateur de conforter ses bénéfices : plus de 800 millions d'euros au premier trimestre 2015. Et la tendance à venir de stabilisation des prix devrait permettre à l'entreprise de regagner des parts de marché. Une analyse partagée par une étude d'Arthur D. Little et d'Exane BNP Paribas, relayée par les Echos. "Nous prévoyons une stabilisation progressive des revenus d'ici 2016 et un retour à la croissance pour 2017 à un taux d'environ 1 % par an", stipule-t-elle. Pour Bertrand Grau, d'Arthur D. Little, les prix ont atteint leur point bas en Europe et la dynamique va s'inverser.

Mieux, la tendance serait même plus à la coopération qu'à la concurrence. Toujours selon Bertrand Grau, les opérateurs télécoms ont de fortes chances de se rapprocher de géants du web, à la manière de la fusion entre AOL et Verizon, même si de simples "alliances commerciales" devraient être privilégiées à des "mariages" à proprement parler. Des partenariats avec des sociétés telles que Facebook, Google ou encore Netflix sont donc envisageables, notamment pour répondre à la consommation de vidéos sur mobile, en très forte hausse en France.

Au fond, seul un nouveau coup d'éclat de Free serait de nature à bouleverser encore une fois le marché. Une éventualité que n'excluent pas les spécialistes, tant Xavier Niel est coutumier du fait. La Tribune croit ainsi savoir que le patron de Free serait tenté de casser son tarif principal, qui passerait le cas échéant de 19,99 euros à seulement 10 euros. Un prix défiant toute concurrence, mais qui serait également synonyme d’une baisse significative des investissements de l’opérateur dans des chantiers pourtant primordiaux comme celui de la fibre optique. Cette manœuvre aurait pour objectif principal d'achever Bouygues qui, en grande difficulté, n'avait pas hésité, au cours des derniers mois, à surenchérir dans la guerre des prix. Le désamour entre les deux opérateurs est en outre de notoriété publique.

Ainsi, l'armistice prédit pourrait se révéler une simple trêve en cas de nouvelle offensive d'un des opérateurs sur un marché déjà extrêmement concurrentiel. Toutefois, entre les effets d'annonce et la culture du bluff, l'option de la stabilisation apparait aujourd'hui la plus probable.

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Consultant IT chez Société SGI Informatique, lillois, passionné d'économie numérique.

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