"Zéro SDF en 2007" avait lancé Lionel Jospin, alors Premier ministre, en 2002. Onze ans après sa déclaration, le nombre de personnes ne possédant pas de domicile personnel explose : ils étaient l'an dernier au moins 141 500, recensés par l'Insee, soit une augmentation de 50% par rapport à 2001. Parmi eux, des milliers de femmes, et au moins 30 000 enfants.
A la campagne et dans les petites villes, 8 000 personnes sont sans domicile
L'Institut a mené son enquête auprès des gens ayant fréquenté des services d'hébergement ou de restauration dans des agglomérations de plus de 20 000 habitants. Parmi eux, notamment des personnes qui déclarent n'avoir aucun toit fixe sur leur tête et les enfants qui les accompagnent, mais aussi des étrangers demandeurs d'asile hébergés depuis parfois de longs mois dans des centres d'accueil et qui attendent d'être fixés sur leur sort. A toute cette population sans maison, il faut ajouter les sans-domicile vivant à la campagne et dans les petites villes de moins de 20 000 habitants. Ils sont encore 8 000 dans ce cas.
Deux sans-domicile sur cinq sont des femmes
Sur les 81 000 adultes sans domicile, 47% sont de nationalité française, les autres étant étrangers, francophones (35%) ou non (18%). Parmi les adultes francophones dépourvus d'un appartement, deux sur cinq sont des femmes. Elles s'en sortiraient moins mal, si l'on peut dire, que les hommes. Leurs hébergements, bien que temporaires, sont relativement plus stables, c'est-à-dire qu'elles sont davantage hébergées dans des logements associatifs ou à l'hôtel, notamment quand elles ont des enfants, que dans des centres qu'elles doivent quitter au petit matin avant de retourner errer dans la rue.
Autre enseignement de cette étude, 25% de ces sans-domicile a un travail régulier ou du moins un « petit boulot ». Des travailleurs pauvres, qui n'ont parfois pas les moyens de payer un loyer, notamment en région parisienne, ou qui ne trouvent pas de logement décent et stable pour poser leurs bagages.