C'est un rapport étonnant que le Conseil National de l'Ordre des Médecins (CNOM) a rendu public jeudi 27 novembre. Il révèle qu'en France, en 2014, un médecin sur cinq est d'orgine étrangère, sachant que les 3/4 ont acquis la nationalité française depuis qu'ils exercent en France.
Sur le lot, près de la moitié (44 %) viennent d'Afrique du Nord : Algérie, Maroc et Tunisie, notamment parce que l'enseignement qui est prodigué dans les facultés de médecines locales n'est pas trés éloignés du notre, et parce que leur intégration est facilitée par la connaissance du français, dans lequel notamment ils ont "fait médecine". En revanche, seuls 25 % des médecins nés à l'étranger installés en France viennent d'Europe.
Les médecins titulaires d'un diplôme acquis à l'étranger obtiennent des équivalences avec les diplômes français, plus ou moins facilement en fonction de leur pays d'origine, leur permettant d'exercer. Ainsi, les diplômes délivrés par des pays membres de l'Union Européenne sont convertis en diplômes nationaux de plein droit, en vertu de la directive instaurant la libre circulation des biens et des personnes dans l'espace économique commun. D'autres pays, notamment évidemment, les anciennes colonies françaises d'Afrique ou d'Asie, ont également signé des accords bi-latéraux avec la France permettant la reconnaissance croisée des diplômes.
Cet apport massif de médecins formés à l'étranger, qui permet d'éviter une désertification médicale acccélérée de certains régions de France n'est cependant pas vue d'un très bon oeil par les étudiants en médecine français : leur nombre est en effet limité par la loi, le fameux "numerus clausus" ! En France, en 2014, seuls 12807 étudiants en médecine ont passé le couperet de la deuxième année, tous les autres étant éliminés non parce qu'ils n'avaient pas le niveau, mais parce qu'ils étaient trop bas dans le classement des résultats de leur faculté... Dans une académie comme Versailles par exemple, le nombre de places disponibles s'élève à 1518. 1451 à Dijon.
Parmi les médecins nés à l'étranger qui viennent s'installer en France pour exercer, des généralistes (ils sont 17 550 sur un total de 90 600 en France), mais aussi beaucoup de spécialistes, en particulier des spécialistes dont le nombre se fait rare en France, comme les gynécos, les psychiatres, les ophtalmologistes, les anésthésistes et les radiologues.
Cet apport non négligeable de médecins formés à l'étranger est une aubaine pour l'Université française, qui n'a pas à financer leurs études (former un médecin coûte en moyenne 125 000 euros à la Nation). Mais à l'inverse, ces médecins formés à l'étranger vont y manquer, alors même que leurs études ont été financées par leur pays d'origine...