Navette Paris – Aéroport de Beauvais : la fin du monopole se dessine

Anton Kunin
Par Anton Kunin Modifié le 7 avril 2017 à 1h36
Navette Aeroport Beauvais
© Syndicat mixte de l?Aéroport de Beauvais-Tillé (SMABT)
1 500 000La navette officielle Paris-Aéroport de Beauvais aurait transporté entre 1 000 000 et 1 500 000 passagers en 2016, selon l'Arafer.

L’autocariste oisien Frethelle vient d’obtenir le feu vert de l’Arafer, le gendarme français de l’autocar, pour exploiter une ligne entre l’aéroport de Beauvais-Tillé et le 12ème arrondissement de Paris. La navette officielle perdant prochainement le monopole sur cette liaison, le prix du billet payé par le voyageur est appelé à baisser.

1h15 de route pour 15,90 euros : le monopole est voué à disparaître

L’aéroport de Beauvais-Tillé est bien connu des adeptes des compagnies low-cost : ce petit aéroport situé dans le département de l’Oise, à 1h15 de route de Paris, est le point d’entrée dans la capitale de 4,3 millions de passagers par an. Ryanair, l’une des quatre compagnies y ayant élu domicile, représente 84 % de son trafic. L’espagnole Volotea devrait devenir cinquième en s’y installant courant avril 2017.

Prendre l’avion à Beauvais est un bon plan pour un voyageur à budget restreint. Ou plutôt, cela aurait pu l’être, s’il n’y avait pas un bémol : le trajet entre cet aéroport et Paris coûte tout de même 15,90 euros en cas d’achat du billet sur Internet et 17 euros en cas d’achat sur place. Ce n'est pas très loin du prix d'un vol Ryanair au départ ou à l'arrivée de Beauvais. Autant dire que le consommateur n’y gagne pas vraiment. Les autocaristes sont eux aussi mécontents vis-à-vis du monopole sur cette ligne que possède aujourd’hui de fait la navette officielle, exploitée par le Syndicat mixte de l’aéroport de Beauvais-Tillé, ce dernier étant constitué de la Région Hauts de France, du département de l’Oise et de la Communauté d’Agglomération du Beauvaisis.

La liaison par autocar : 40 à 50 % du chiffre d'affaires de l'Aéroport de Beauvais

Face aux sollicitations répétées de la part de transporteurs souhaitant prendre leur part du gâteau, l’Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières (Arafer) vient d’autoriser l’autocariste Frethelle à exploiter cette même ligne à une condition près : son point d’arrêt parisien doit se trouver à 10 kilomètres minimum de celui de la navette officielle. C’est donc sur un parking à proximité de la Porte Dorée à Paris (à 10,5 kilomètres de la Porte Maillot, fief de la navette officielle) que le transporteur pourra prendre et déposer ses passagers.

L’Arafer a statué que cette condition étant remplie, les considérations d’ordre économique ne peuvent pas être invoquées pour interdire l’arrivée sur le marché d’un transporteur concurrent. Car, comme le prévoit le Code des transports, si un point d’arrêt suffisamment éloigné ne pouvait pas être trouvé, le potentiel concurrent aurait dû justifier que la création de sa ligne ne porterait pas « une atteinte substantielle à l'équilibre économique de la ligne ou des lignes de service public », une condition tout simplement irréaliste. À noter que la navette officielle contribue à hauteur de 40 à 50 % au chiffre d'affaires de l'aéroport de Beauvais et que l'activité de la plateforme aéroportuaire proprement dite est déficitaire.

Pour le moment, Frethelle prévoit un seul départ de Paris vers Beauvais (entre 6h et 7h), avec un départ en sens inverse entre 19h30 et 20h30. Cinquante places sont susceptibles d’être commercialisées par trajet, ce qui n’entre en aucune comparaison avec l’offre de la navette officielle, le nombre d’autocars de cette dernière étant adapté en fonction du nombre de passagers enregistrés sur les vols.

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Anton Kunin

Après son Master de journalisme, Anton Kunin a rejoint l'équipe d'ÉconomieMatin, où il écrit sur des sujets liés à la consommation, la banque, l'immobilier, l'e-commerce et les transports.

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