La natalité en France métropolitaine est connue mois par mois grâce à l’exploitation que fait l’INSEE des registres d’état-civil. Les chiffres relatifs aux départements et territoires d’Outre-Mer ne sont connus que nettement plus tard, si bien qu’un commentaire de l’actualité démographique est nécessairement limité à la métropole.
La méthode
Pour observer et analyser les évolutions démographiques, nous avons recours à un indicateur de bon sens, que les statisticiens officiels n’utilisent malheureusement pas : le nombre moyen de naissances par jour au cours du mois. Si les naissances d’un mois de février, hors année bissextile, sont inférieures à celles du mois de janvier, il serait mal venu d’en déduire une baisse de la fécondité : le facteur principal est évidemment qu’il y a 10 % de jours en moins en février qu’en janvier. D’où l’idée, de simple bon sens, que nous avons eu : prendre pour indicateur non pas le nombre de naissances du mois considéré, mais le nombre moyen de naissances par jour au cours de ce mois.
Certes, il serait possible de raffiner encore davantage, en tenant compte par exemple du fait que les services maternité des hôpitaux et des cliniques pourraient avoir tendance à placer les accouchements « programmés » un jour de la semaine autre que le samedi ou le dimanche, mais de telles subtilités seraient délicates à mettre en œuvre : utiliser le nombre moyen de naissances par jour au cours de chaque mois permet déjà une amélioration considérable du réalisme et de la facilité d’interprétation des statistiques.
Par exemple, si nous voulons comparer les naissances de février 2020 (il y en a eu 53 500) à celles de février 2019 (au nombre de 51 900), il ne faut surtout pas utiliser le chiffre mensuel : son augmentation tient simplement au fait que 2020 étant une année bissextile, le mois de février compte un jour de plus cette année-là que la précédente. Le nombre de naissances par jour, lui, est un indicateur bien plus correct. 1854 naissances par jour en février 2019, et 1845 en 2020 : la réalité est une quasi-stabilité, sachant qu’une différence de 3 ou 4 pour mille est probablement inférieure à la marge d’incertitude sur les chiffres des naissances, surtout pour des périodes récentes, pour lesquelles l’INSEE n’a pas encore eu le temps de fignoler ses évaluations.
Les résultats
En utilisant le nombre de naissances vivantes par jour en moyenne mensuelle, nous disposons d’un indicateur dont les variations ne proviennent pas de la différence qui existe entre le nombre de jours des mois, ou des années, considérées. Regardons par exemple l’évolution depuis le début du XXIème siècle : En février 2000, il y eut 2074 naissances par jour ; on est monté jusqu’à 2 182 en février 2010, puis on est redescendu en février 2015 en dessous du niveau de l’an 2000, avec 2054 naissances par jour, et la baisse s’est poursuivie jusqu’en février 2019, avec 1850 naissances par jour, chiffre que l’on retrouve cette année à epsilon près, comme disent les matheux. Ce qui est significatif, c’est la dégringolade entre 2010 et 2020, de 2 182 à 1 845 : la France métropolitaine a perdu en une décennie un peu plus de 15 % de la natalité de ce mois hivernal.
Si nous voulons comparer les années, on peut le faire avec les chiffres bruts pour 2019 par rapport à 2010, ni l’une ni l’autre n’étant bissextile, mais quand on connaîtra les chiffres INSEE pour 2020, année bissextile, il conviendra de se référer plutôt aux naissances par jour.
Pour l’année 2010 nous avons eu 802 224 naissances en France métropolitaine, mais seulement 714 300 pour l’année 2019, soit 11 % de moins : cette évolution pose évidemment un problème. Nous nous inquiétons à juste titre de la mortalité due au Covid-19, mais notre absence de souci face à la faiblesse de la natalité, elle, n’est pas raisonnable. Nos dirigeants ont pris des mesures extraordinairement coûteuses en termes de PIB, et donc de richesse du pays et de chacun de nous, pour limiter la mortalité due au coronavirus : quand se décideront-ils à prendre au sérieux la dénatalité ?