Tandis que 94% des Français sont sous contrat avec l'une des 600 complémentaires santé en France, les deux tiers de la population jugent les tarifs pratiqués trop chers et les contrats, pas toujours en phase avec les besoins des assurés, de plus en plus complexes.
Selon une étude d'Odoxa pour LesFurets.com, 60 % des Français considèrent leur complémentaire santé trop onéreuse. Ils lui consacrent en moyenne près de 100 euros par mois, mais ce chiffre cache d'importantes disparités : 20 % des assurés payent entre 100 et 149 euros, et 17 % s'acquittent même de 150 euros et plus. Les salariés équipés d'une mutuelle d'entreprise dépensent en moyenne 80 euros chaque mois, contre 105 euros pour les Français contraints de s'assurer eux-mêmes individuellement. Les plus de 65 ans supportent la charge la plus lourde, puisqu'ils déboursent en moyenne 140 euros par mois pour leur couverture santé. Des tarifs qui n'étaient pas pratiqués il y a encore quelques années : « Il y a 10 ans, je payais 69,05 euros par mois, pour 2016 c'est 107,32 euros », explique Georges, 65 ans. C'est donc une augmentation de 6 % par an pour un contrat pas forcément adapté.
Des contrats inadaptés et obscures
« À 65 ans, on m'a dit que j'allais avoir un nouveau contrat, la garantie obsèques a disparu mais par contre j'ai toujours la maternité » poursuit le séxagénaire. L'étude Odoxa révèle le découragement des assurés, qui ont le sentiment de manquer de moyens face à cette dépense contrainte toujours plus importante. 39 % des sondés ont le sentiment de ne pas pouvoir changer facilement de complémentaire santé. La proportion diminue légèrement (30 %) chez les assurés qui détiennent un contrat individuel. Par ailleurs, malgré le budget qu'ils y consacrent, les Français sont encore loin de saisir toutes les subtilités de leur contrat. La moitié des sondés avouent que les conditions de leur mutuelle sont assez mystérieuses, 15 % d'entre eux reconnaissant même n'en rien savoir ou très peu.
Face à ces mécontentements, quelques communes commencent à proposer leur propre mutuelle à des tarifs avantageux. Le principe est simple : regrouper des habitants pour obtenir de meilleurs prix. « On a négocié dès le départ, on veut bien jouer le jeu mais il nous fallait des réductions qui sont pour l'instant de 10 % », explique Marie-Agnès Bouchain, conseillère municipale à Monthureux-sur-Saône, une ville de 900 habitants dans les Vosges.
A Garges-lès-Gonesse (Val-d’Oise), le centre communal d’action sociale et l’association Actiom (Action de mutualisation pour le pouvoir d’achat) viennent de signer un partenariat pour proposer une complémentaire santé moins chère. Intitulé « Ma Commune, ma santé », ce dispositif propose d’accéder à des tarifs négociés avec trois mutuelles : Pavillon prévoyance, Smatis France et Miel mutuelle. Une initiative très prometteuse pour les habitants intéressés puisque les premiers prix se situent en dessous de 20 euros par mois pour les moins de 18 ans, et à moins de 80 euros pour les personnes âgées de 60 ans et plus.
Hollande s'engage au congrès de la Mutualité
François Hollande s'est engagé, en juin dernier lors du congrès de la Mutualité à Nantes (Loire-Atlantique), à généraliser les complémentaires santé à tous les salariés - y compris ceux des PME/TPE - et à instaurer une complémentaire santé pour les personnes âgeés de plus de 65 ans. En vigueur depuis le 1er janvier dernier, cette généralisation devrait permettre d'alléger le poids de leur cotisation pour nombre d'assurés.
Deuxième mesure du gouvernement, présentée en septembre dernier dans le cadre du vote du budget de la Sécurité sociale pour 2016, en faveur des retraités : l'extension du dispositif dit « loi Évin », qui permet aux salariés couverts par un contrat de groupe de ne pas voir le tarif de leur mutuelle augmenter de plus de 150 % quand ils partent en retraite. Le plafonnement de cette augmentation a été ramené à seulement 100 % du tarif salarié.
Enfin, dossier brûlant s’il en est pour le gouvernement : on évoque depuis peu, du côté de Matignon, la possibilité de créer une mutuelle universelle pour les jeunes - ce n’est une nouvelle pour personne, faute de moyens, ces derniers se soignent de moins en moins. Cette mesure arrive surtout à un moment où la jeunesse, vent debout contre la loi sur la réforme du code du travail, a besoin d'être rassurée.