Depuis plus de deux ans, la région de Cabo Delgado, située au nord du Mozambique, est un lieu d’attaques récurrentes meurtrières de la part de groupes islamistes qui se désignent sous le nom d’al-Shabab et qui sont affiliés à l’État islamique. Dans leurs rangs, il y aurait beaucoup de citoyens de Tanzanie, d’Ouganda et du Burundi.
Le contrôle de la région par l’État mozambicain est essentiel du fait de la présence de ressources gazières considérables.
Des violences accrues
Officiellement, les violences ont fait plus de 1 100 morts, dont 700 civils, et ont provoqué le déplacement d’au moins 150 000 personnes.
Depuis le mois de mars de 2020, les attaques se sont intensifiées. Les islamistes ont réussi à conquérir les villes Mocímboa, Praia et Quissanga, toutes les trois des chefs-lieux de district.
Les groupes islamistes contrôleraient désormais la moitié de la région.
En juin, l’ONG Médecins sans frontières a annoncé qu’elle suspendait ses activités dans la région suite à l’attaque d’une ville par des groupes islamistes. Ceci aggravera la situation de la population, déjà très vulnérable.
La police et l’armée du pays se sont montrées jusque-là incapables de résoudre le problème, malgré les efforts des autorités pour montrer qu’elles agissent contre la menace islamiste. La solution trouvée par le gouvernement a été de faire appel à des opérateurs privés, tels que Wagner, dont les succès ont été relatifs.
Le gouvernement a ensuite fait appel à la société Dyck Advisory Group, fondée par un ancien colonel de l’armée du Zimbabwe, et formée pour l’essentiel par d’anciens militaires sud-africains vétérans des combats en Angola.
La faible présence de l’État comme l’un des facteurs d’explication
Fin juin 2020, le journal portugais Lusa a recueilli les paroles du chercheur Sérgio Chichava, de l’institut des études sociales et économiques (IESE) du Mozambique.
Interrogé sur les raisons pour lesquelles la région de Cabo Delgado était touchée par la présence de groupes armés, Sérgio Chichava a répondu que la faible présence de l’État était un des facteurs majeurs d’explication.
La faible présence de l’État aurait permis le développement de réseaux de crime organisé – impliquées dans divers trafics – dans cette partie du pays.
Il est utile de rappeler également que la province est la seule du pays à majorité musulmane, l’une des plus pauvres et la plus éloignée de la capitale Maputo.
Une reconquête primordiale
La reconquête de ce territoire par l’État est pourtant primordiale. En effet, la région de Cabo Delgado regorge de ressources gazières – environ 5 000 m3 – lesquelles, si elles sont exploitées, pourraient rapporter à l’État 60 milliards de dollars d’investissements.
Trois sociétés pétrolières se sont déjà placées pour l’exploitation des gisements : Total, ExxonMobil et ENI.
Le 22 juin, Total a annoncé qu’il maintenait son calendrier pour l’exploitation du gaz dans le nord du Mozambique à partir de mi-2024.