L’or ne pâlit pas avec la crise (1/3)

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Par Charles Sannat Modifié le 5 septembre 2012 à 16h19

Soyons honnêtes. Voilà une journée comme je les aime. Le mardi 4 septembre, les marchés se sont comportés comme ils devraient le faire tous les jours compte tenu de la situation. Qu’ont-ils fait de si bien pour provoquer une telle réaction d’enthousiasme de ma part ? Ils ont baissé.

C’est tout ce qu’on leur demande pour refléter enfin une situation moisie (-1,58 %). L’or a beaucoup monté (+2,38 %), ce qui est le cas depuis quelques jours et particulièrement en euros. Ce qui veut dire qu’enfin, l’or connaît un moment d’appréciation en euros. Ce qui veut dire que l’euro baisse… Ce qui est normal, puisqu’il va falloir en imprimer plus, beaucoup, beaucoup plus.

Les actions bancaires baissent aussi et c’est normal. Enfin une journée normale, dans un monde normal, avec un président normal.
D’ailleurs, à propos de l’euro, un petit malin faisait remarquer sur un forum que l’euro a perdu 80 % de son pouvoir d’achat depuis sa création. Pour lui le calcul est simple : Le 4 janvier 99, 100 euros (c’est à dire 655,95 francs de l’époque) permettaient d’acquérir 12.77 grammes d’or. Aujourd’hui, ces mêmes 100 euros n’achètent plus 2.31 grammes d’or. Résultat : si on fait une petite règle de 3, on est passé de 1 euro pour 6,55957 francs à 1 euro pour 1.30 franc !!!!

Ce calcul tout simple à partir des cours de l’or à deux dates différentes correspond parfaitement aux constations de la vie réelle des vrais prix. Je ne parle pas de l’inflation calculée par l’INSEE. Effectuez ce calcul sur les prix de l’immobilier, c’est édifiant, car cela fonctionne assez remarquablement. Bref, vous l’aurez compris, en attendant Super Mario Draghi jeudi 6 septembre, qui doit nous parler, s’adresser à la plèbe, et nous arroser d’euros tout fraîchement imprimés (poussez pas, poussez pas, y en aura pour tout le monde), le monde entier retient son souffle, mais les voiles de l’or se sont déjà gonflées grâce à la brise de l’inflation. Alors forcément je suis content. J’aime l’or. Mais vous le saviez déjà.

Je suis également content car François Hollande et Mario Monti ont, je cite la dépêche de l’AFP, "fait mardi assaut d’optimisme sur les chances de voir le Conseil européen d’octobre prendre des décisions pour régler la crise de la zone euro et resserrer des écarts de taux sur la dette souveraine". Ouf. Tout va redevenir normal. On va pouvoir revendre son or (une espèce de relique barbare qui devrait être interdite), replacer ses sous dans l’assurance vie, et prendre un crédit sur 75 ans pour acheter un clapier dans une banlieue dortoir de la région parisienne, en faisant de bonnes affaires. Un monde normal vous dis-je.

Ils ont même rajouté dans le communiqué de presse officiel : "c’est au Conseil européen (des 18 et 19 octobre) que nous devrons trouver des solutions pour la Grèce, l’Espagne, et passer à la troisième étape de l’union bancaire et à l’approfondissement de l’union économique et monétaire". Tiens, c’est marrant, moi qui note tout dans mes carnets comme un véritable Colombo, j’avais noté avant l’été en page 32 de mon 98ème carnet : "ce jour, Hollande prend la succession de Sarkozy et sauve, lors du 19ème sommet de la dernière chance, l’Europe, l’Espagne et la monnaie unique".

Là on dirait qu’on nous a menti. Ce n’est pas bien. On vous a vu. Pris la main dans le sac. Et toc ! Et Hollande de nous expliquer que c’est "le rôle de tous ceux qui ont vocation à intervenir sur la zone euro et notamment la BCE d’y contribuer" en parlant de faire baisser les taux d’intérêt en faisant racheter de la dette italienne et espagnole directement par la BCE.

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.