Une monnaie résistante au vol légal

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Par Simone Wapler Publié le 28 novembre 2017 à 5h01
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@shutter - © Economie Matin
9 000 dollarsLe cours du bitcoin atteint désormais 9 000 dollars.

Le succès du bitcoin prouve-t-il que la monnaie de nos banquiers centraux inspire une défiance grandissante ou est-il seulement une bulle spéculative de plus ?

Veolia a pu emprunter le 16 novembre à taux négatif (500 M€ échéance 2020 à -0,026%). Des « investisseurs » payent une entreprise privée notée BBB pour conserver leurs fonds.

Mais votre épargne n’est plus décemment rémunérée. Si jamais l’inflation repart, elle fondra comme neige au soleil. Depuis plus de 40 ans, les politiques monétaires avantagent ceux qui s’endettent et punissent ceux qui épargnent. C’est normal : les puissants sont ceux qui s’endettent. Les gouvernements, les grandes entreprises proches du pouvoir, l’industrie financière qui vit du commerce de la dette. Vous pensez peut-être comme moi qu’il est insupportable que des technocrates décident de la valeur de notre argent. Vous n’avez aucune confiance en Mario Draghi et sa clique ni dans sa politique monétaire.

Si vous pensez ainsi, vous avez deux moyens d’entrer en résistance. Le premier moyen est d’avoir une partie de votre épargne en métal comme l’or et l’argent. Ce n’est pas idiot, les cours de l’or ont beaucoup moins progressé que les indices actions partout dans le monde, les obligations ou l’immobilier. L’or est un actif financier (puisque les banques centrales en détiennent) qui n’est la dette de personne et dont la quantité échappe au contrôle de la bureaucratie.

Le second moyen consiste à placer une partie de votre argent dans une monnaie sans support physique et sans ancrage réel (tout comme l’euro ou le dollar) mais dont la quantité est connue à tout instant. Ce sont les cryptomonnaies. Elles ont beaucoup monté récemment. Un bitcoin vaut désormais plus de 8 000 $ tandis que l’once d’or reste sous 1 300 $.

Ces deux modes de résistance au vol légal planifié que nous inflige la Parasitocratie ont chacun des avantages et des inconvénients, des avocats et des détracteurs. Les techies, les geeks, les modernes, les progressistes préfèrent le bitcoin. Les vieux, les conservateurs, les traditionnels préfèrent l’or ou l’argent qui ont résisté à beaucoup d’épreuves (guerres innombrables, faillites, effondrements d’empire).

Ces progressistes et ces conservateurs ont un point commun : ils ont une réflexion saine sur la monnaie. Une réflexion libérale, au sens classique du terme. La monnaie ne doit pas être un instrument de manipulation des masses entre les mains de bureaucrates mais un honnête instrument d’échange pour des bipèdes souhaitant commercer paisiblement.

Les conservateurs doivent se réjouir de la fabuleuse hausse des cryptomonnaies. Nous avons choisi comme devise cette citation de l’économiste Frédéric Bastiat : « Détruire la liberté d’agir, c’est tuer l’intelligence, c’est tuer la pensée, c’est tuer l’homme ». L’économiste du XIXème siècle pensait aussi que « détruire la concurrence, c’est tuer l’intelligence ». Inversement, la concurrence la stimule. L’irruption des cryptomonnaies est donc une excellente nouvelle. Nous ne sommes plus contraints d’être les cobayes des expériences monétaires de nos grands planificateurs.

Il existe cependant avec le bitcoin et les myriades de cryptomonnaies une grande incertitude. A quelle sauce fiscale Bercy voudra-t- il l’accommoder ?

La riposte ne va pas tarder et attendez-vous à beaucoup de créativité dans ce domaine… Ce qui est vrai dans un sens, l’est dans l’autre. Stimulés par cette concurrence inattendue, nos parasitocrates vont déployer des trésors d’ingéniosité pour taxer la monnaie privée à leur avantage.

Mais ce faisant, ils vont se démasquer : le contrôle de la monnaie n’est pas pour l’intérêt général mais pour l’intérêt de ceux qui vivent de l’argent des autres, celui des contribuables, ou qui vivent du déficit quand cela ne suffit pas. Bitcoin, ethereum… or, argent… que les meilleurs survivent !

Pour plus d’informations, c’est ici

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Simone Wapler est directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l'éclatement de la bulle internet. Grâce à son expertise, elle sert aujourd'hui, non pas la cause des multinationales ou des banquiers, mais celle des particuliers. Elle a publié "Pourquoi la France va faire faillite" (2012), "Comment l'État va faire main basse sur votre argent" (2013), "Pouvez-vous faire confiance à votre banque ?" (2014) et “La fabrique de pauvres” (2015) aux Éditions Ixelles.