Attention ! "Version provisoire", comme l'on dit d'un discours distribué en amont à la presse avant qu'il ne soit prononcé, ce qui réserve parfois des surprises. Le projet de loi de finances 2015 (PLF) est en cours d'examen à l'Assemblée et les députés, pour prouver qu'ils existent, tant au gouvernement qu'à leurs électeurs, changent des passages du scénario.
C'est le cas en particulier pour tout ce qui touche à la politique familliale, dont on a beaucoup parlé ces dernières semaines. La modulation des allocations familliales en fonction des revenus est en grande partie abandonnée : elle ne concernera (version provisoire, pour mémoire !) que la majoration d'allocations versées à partir de 14 ans. D'abord, l'âge de la majoration est décalé d'un an, de 14 à 15 ans, et ensuite cette majoration (64,67 euros par mois tout de même, censée accompagner l'augmentation des dépenses pour un adolescent qui entre au lycée) ne sera pas versée aux familles disposant de 51 500 euros par an de revenus avec deux enfants par exemple. Un plafond qui se trouve être le même que celui de la Paje, la prestation d'accueil du jeune enfant. Une mesure acceptable, puisqu'elle ne touche que la majoration et non les allocations familliales elles-mêmes, et qui a le mérite de faire économiser 265 millions d'euros dès 2015 et plus de 670 dans deux ans, du moins d'après les projections des fiscalistes de Bercy.
Autre mesure attendue, la réforme du congé parental. Les députés envisageaient cette nuit conserver un congé parental de 24 mois pour la mère et de "seulement" 12 mois pour le père à parttir du deuxième enfant, congé dont on sait déjà à l'avance qu'il sera très peu pris par les hommes. C'est donc une réduction de la durée du congé parental en France qui s'impose, même si 24 mois, c'est mieux que le projet initial du gouvernement de le partager en deux, 18 mois chacun. Actuellement, le congé parental à partir du deuxième enfant est de 36 mois, et seulement 6 mois par parent pour le premier.
Dernier tripatouillage en projet, la prime de naissance, dont le gouvernement souhaitait qu'elle soit divisée par trois dès le deuxième enfant, soit un peu plus de 300 euros contre 923 euros aujourd'hui. Les députés proposent eux de couper la poire en deux, soit 460 euros, le tout soumis à un plafond de revenus, toujours 51 500 euros par pour une famille avec deux enfants, comme pour la Paje. Reste maintenant à ce que ces aménagements, décidés en commission, c'est à dire avant vote par les députés soient approuvés définitivement. Des amendements déposés par des parlementaires de la majorité comme de l'opposition peuvent toujours être votés par les députés, et modifier encore le Projet de Loi de Finances 2015, pourvu qu'ils obtiennent suffisamment de voix...