Nous sommes gouvernés par les médias. Et ce sont les médias européens cette fois qui ont pris la main. La presse écrite, télévisuelle, Web, se sont donnés le mot pour publier à la une la même photo terrible d'un enfant échoué sur une plage.
Les médias français, en retard d'une journée, se sont sentis coupables de ne pas faire comme les autres, investis d'une mission messianique consistant à influer sur les opinions publiques. Leur ligne éditoriale st moins d'informer que de redresser les "torts" et de définir un bien-penser universel.
Il ne s'agit plus d'une presse d'opinion mais d'une presse donneuse de leçons. Sans parler de la ministre de la Justice qui s'est risquée à la poésie de comptoir sur Twitter afin de e pas être en reste : "Son prénom avait des ailes, son petit cœur a dû battre si fort que les étoiles de mer l'ont emporté sur les rivages de nos consciences". Pas question de nier le tragique de ces déferlantes humaines, mais il faudrait plutôt s'inquiéter devant un pouvoir brinquebalant dont on a le sentiment qu'il attend de lire les journaux pour prendre position, pire pour déclarer la guerre ?
La photo d'un enfant mort est insoutenable. Cette fois, cette photo-là a déclenché une marée émotionnelle. Les médias se sont félicités, peut-être légitimement, d'avoir contribué à faire changer les sondages sur les migrants. Où s'arrête l'info et où commence la manipulation ? Quelle part de cynisme et de recherche d'audience ? Doit-on abandonner le territoire de la réflexion et de la raison à la gestion de l'émotion, jusqu'à l'abdication politique ballottée au gré de l'Audimat et apparemment dans la bonne conscience générale ?