Près de 2000 morts à long terme ? Le rapport d'expertise judiciaire rendu vendredi 12 avril dans l'affaire du Mediator est accablant. Les laboratoires Servier auraient tenté, selon le rapport d'experts, de dissimulé les propriétés anorexiogènes du médicament. Le rapport établit en effet que le Mediator aurait provoqué la mort à court terme de 220 à 300 personnes. Sur le long terme, le chiffre des décès explose pour atteindre 1300 personnes sur la base d'une estimation basse et jusqu'à 500 décès de plus (1800) pour une estimation haute.
Les trois experts estiment que "la molécule du Mediator, le benfluorex, est à l'origine du développement de déformation des valves cardiaques et d'hypertension artérielle pulmonaire. Ils ajoutent également que les hospitalisations pour insuffisance valvaire sont estimées entre 3 100 et 4 200". Mais qu'il n'existe aucune évaluation du nombre de décès dus à des hypertensions artérielles pulmonaires (HTAP), précise le rapport.
La commercialisation du médicament, dont les "propriétés anorexigènes puissantes" sont confirmées, aurait dû être suspendue entre 1998 et 2003 par Servier ou par les autorités au vu des premiers signalements de maladies, selon ces conclusions. Le Mediator a été suspendu en novembre 2009 et retiré définitivement en juillet 2010.
Pour le Dr Irène Frachon, qui avait révélé l'affaire, l'expertise "confirme point par point tout ce que nous avançons comme preuve à la fois de la tromperie et du drame depuis maintenant trois ans", indique Le Point.