Misogynie, marchandages, intrigues, perversités : Laurence Parisot, la patronne des patrons, n'a pas de mots assez durs pour dénoncer la polémique qui entoure sa volonté de modifier les statuts du Medef, le syndicat des patrons, ce qui lui permettrait de briguer un nouveau mandat. Dans une interview corsée aux Echos ce week-end, elle hausse le ton. Ses partisans apprécieront, ses opposants certainement moins.
Si elle se représente, c'est parce qu'« il en va de la force et de la crédibilité du patronat pour l'avenir » assure t-elle, comme pour tordre le cou à ceux qui la voient en putschiste façon Poutine ou en assoiffée de pouvoir. « Je ne prétends pas être la seule personne capable de diriger le Medef. Je sais ce que je ferais si je ne le préside plus, et ce que je ferais si je le préside encore » poursuit-elle.
Laurence Parisot préside le Mouvement des Entreprises de France (Medef) depuis huit ans : elle a effectué un premier mandat de cinq ans, puis un deuxième -et supposé dernier- mandat de trois ans (elle avait été réélue avec 94% des voix), comme le prévoyaient les statuts. Mais voilà qu'en janvier, six mois avant la fin de ses responsabilités prévue le 1er juillet, elle décide de changer les règles du jeu : désormais, le président du Medef pourrait réaliser plusieurs mandats de cinq ans (à condition tout de même que le candidat ne dépasse pas les 67 ans). Et cette réforme serait applicable immédiatement... Le comité statutaire du Medef a voté pour, l'UIMM, la plus grande fédération du Medef, contre. Et dans trois jours, le 28 mars, les 45 membres du conseil exécutif vont devoir se prononcer. D'où cette interview choc, où elle joue son va-tout (elle a beau assurer qu'elle ne se déclarera candidate que si l'assemblée générale extraordinaire du Medef vote sa réforme le 16 avril, personne n'est dupe quant à ses ambitions...).
A ses éventuels concurrents en lice pour prendre la tête du Medef –à ce jour, six hommes se sont déclarés, dont notamment Pierre Gattaz, président du Groupe des fédérations industrielles et Geoffroy Roux de Bézieux, patron de Virgin Mobile-, elle dit qu'elle « ne voit pas assez d'indépendance politique chez certains (candidats). Le pire à mes yeux serait que le Medef devienne le fer de lance de partis politiques. C'est d'ailleurs pourquoi j'ai toujours veillé à son indépendance et à des prises de positions économiques, sociales et sociétales non partisanes ou transpartisanes ».
Enfin elle défend sa méthode, qui consiste en « un travail coopératif, constructif avec les syndicats et le gouvernement » plus qu'en une « opposition frontale au gouvernement et aux syndicats ». Ernest-Antoine Seillières, son prédécesseur, était resté huit ans à la tête du Medef. Laurence Parisot parviendra t-elle à s'y maintenir coûte que coûte treize ans ?