Marchés : un week-end productif

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Par Hervé Goulletquer Modifié le 25 février 2019 à 11h32
Chine Croissance Marques Developpement
@shutter - © Economie Matin
6%L?indice des actions chinoises, le CSI 300, a progressé de près de 6% au cours de la séance du jour.

Américains et Chinois paraissent continuer de progresser dans leurs négociations commerciales et économiques. Ce n’est pas le cas des Britanniques, avec le dossier du Brexit. A côté de ces sujets, la croissance américaine et la Fed sont au premier rang des dossiers à suivre cette semaine.

L’indice des actions chinoises, le CSI 300, a progressé de près de 6% au cours de la séance du jour. Il s’agit bien sûr du reflet des progrès semble-t-il réalisés sur le front des discussions commerciales sino-américaines. Le Vice-premier ministre chinois, Liu He, est resté à Washington tout le week-end. Ces deux jours supplémentaires de négociation paraissent avoir été profitables. Au point que le Président Trump « tweete » que des progrès substantiels ont été réalisés concernant un certain nombre de points structurelsdont « la protection de la propriété intellectuelle, les transferts de technologie, l’agriculture, les services, la monnaie et aussi beaucoup d’autres.

Et le locataire de la Maison Blanche de décider de « retarder » le relèvement des droits de douane prévus au 1er mars et d’envisager la possibilité de conclure un accord avec le Président Xi, dans le cadre d’un nouveau sommet sino-américain, en cas de poursuite des progrès dans les échanges en cours. Cette impression de balance qui penche du côté positif a même été ressentie dans les propos du négociateur en chef de la Maison Blanche pour les questions de commerce extérieur, Robert Lighthizer. Il est habituellement présenté comme un « dur » en matière de relations avec la Chine. Même si des obstacles importants existent toujours, « beaucoup de progrès ont été réalisés de part et d’autre ». En fait, et le point est à noter, le bémol venant tempérer tout excès trop marqué d’optimisme est à retrouver dans la communication de l’agence de presse chinoise, Xinhua : « les discussions se feront plus dures en entrant dans la dernière ligne droite ».

Pour le moment, aucun nouveau rendez-vous des équipes de négociateurs ne paraît avoir été prévu. Je ne crois pas qu’il faille sur-interpréter le point. En revanche, il faudra s’intéresser à l’audition de Lighthizer, mercredi, devant la commission des Voies et des Moyens de la Chambre des représentants. Le marché va être attentif à l’équilibre des propos entre volonté de forcer la Chine à changer d’attitude et nécessité de passer des compromis.

Un dernier point sur la dimension juridique de l’accord sans doute en discussion. On évoquait vendredi dernier un « mémorandum d’entente multiple » et on pointait son probable caractère non-contraignant. Le sujet est « venu sur la table », hier lors de la rencontre entre les trois négociateurs (Liu He, Lighthizer et Mnuchin) et Donald Trump. Lightizer a insisté sur la mise en place d’un contrat « contraignant ». Ce qui aurait fait rire Liu He ; dixit la presse qui était présente.

Les investisseurs retiendront que les discussions progressent et que l’hypothèse d’un relèvement des taxes à l’importation au 1er mars est levée. A aujourd’hui, il faut se contenter de ce double constat. Même si, comparé à l’état d’esprit il y a un peu moins de trois mois, c’est déjà beaucoup. Peut-on se mettre à échafauder des plans sur la mise en place à date rapprochée d’un nouveau cadre stable et transparent en matière de relations entre la Chine et les Etats-Unis ? Je ne crois pas. La question du déséquilibre commerciale connaitra probablement une réponse assez complète et celle des relations économiques, une autre davantage partielle. Quant aux rapports géopolitiques, le terrain serait resté très largement en jachère.

A quoi faudra-t-il être aussi attentif au cours de cette semaine qui débute ? Du côté de la politique, il y a évidemment le dossier du Brexit, avec normalement un nouveau vote à la Chambre des communes, mercredi. Mais le Premier ministre, qui sait qu’aucun progrès dans les discussions avec Bruxelles n’est intervenu et qui fait tout pour que le Parlement ne « reprenne pas la main » sur le sujet, se refuse à ce que le résultat soit contraignant. Il doit rester indicatif. Elle promet un « vrai » vote pour le 12 mars. Toujours cette stratégie de la « dernière minute » pour forcer à un ralliement sur sa position !

En matière de chiffres économiques, l’attention se portera avant tout sur le PIB américain de T4 2018. Par rapport à la performance de la période précédente, un net ralentissement est attendu : en rythme annuel et par rapport à la période précédente, +2,5% après +3,4%. Y a-t-il ici de quoi raviver les inquiétudes du marché sur le tempo de l’activité mondiale ? Peut-être ; mais alors à nuancer par les anticipations positives créées par la dynamique des discussions sino-américaines. Et puis, et surtout, l’interprétation des chiffres sera compliquée, entre contribution négative des stocks et apport positif du commerce extérieur ; les deux étant d’ailleurs liés.

Du côté de la politique monétaire, on s’intéressera à la Fed, avec les auditions de Jerome Powell par chacune des chambres du Congrès. Des récents propos de certains de ses collègues, dont Clarida et Williams, il ressort que l’inflation est un sujet d’attention. Sans qu’on comprenne très bien s’il faut ou non tolérer une dynamique allant au-delà de 2%. Qu’en pense le « patron » ?

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Hervé Goulletquer est stratégiste de la Direction de la gestion de La Banque Postale Asset Management depuis 2014. Ses champs d’expertises couvrent l’économie mondiale, les marchés de capitaux et l’arbitrage entre classe d’actifs. Il produit une recherche quotidienne et hebdomadaire, et communique sur ces thèmes auprès des investisseurs français et internationaux. Après des débuts chez Framatome, il a effectué toute sa carrière dans le secteur financier. Il était en dernier poste responsable mondial de la recherche marchés du Crédit Agricole CIB, où il gérait et animait un réseau d’une trentaine d’économistes et de stratégistes situés à Londres, Paris, New York, Hong Kong et Tokyo. Il est titulaire d’une maîtrise d’économétrie, d’un DEA de conjoncture et politique économique et diplômé de l’Institut d’Administration des Entreprises de Paris.