J’aimerais vous présenter aujourd’hui une nouvelle idée, un fait qu’il est absolument nécessaire de comprendre pour réussir vos investissements dans le domaine de la technologie.
Pour vous expliquer, je dois vous raconter une petite histoire. Tout commence par un graphique. Dans ce cas, il s’agit de la performance de l’ETF SPDR S&P Biotech sur les deux dernières années, que nous considérerons comme représentative de l’industrie des biotechnologies dans son ensemble.
Comme vous pouvez le constatez, entre 2014 et le début de l’année 2015 les investisseurs ont connu une période faste. Un investissement dans cet ETF vous aurait alors permis de doubler votre mise ou presque au milieu de l’an dernier. Bien sûr, il s’agit d’un ETF (un fond indiciel coté, au cas où vous vous poseriez la question).
Il constitue donc une manière d’acheter une gamme d’entreprises biotechnologiques à bas prix. Si vous avez fait preuve d’un peu plus de discernement et que vous avez opté pour certaines des entreprises individuelles qui font la course en tête sur ce marché, vous avez pu gagner encore plus d’argent. Mais tout a changé au milieu de l’an dernier.
Quelques grandes entreprises biotechnologiques ont publié des résultats qui ont déçu le marché. Avec un sentiment général de plus en plus négatif (rappelez-vous de la dévaluation chinoise l’été dernier et du chaos qu’elle a provoqué), les temps sont durs, depuis lors, pour investir dans les biotechs. Le cours de l’ETF a chuté de 44% depuis le pic de l’été dernier.
On ne peut vraiment pas dire que ce soit une belle performance, même si, comme n’importe qui vous le dira, dans des secteurs à plus haut risque comme celui-ci, il faut rester fidèle dans les bons comme dans les mauvais moments. Rien ne gagne systématiquement année après année. Sauf Lance Armstrong. Je me demande bien quel était son secret… Mais passons. Sur la base de ce que je viens de vous montrer, il semble que l’on puisse répartir les performances financières de l’industrie biotechnologiques en deux blocs :?2014 – mi-2015 = bonnes?Mi-2015 – aujourd’hui : pas folichon. Mais essayons un peu de faire dérailler cette analyse.
L’exemple d’Editas
Au tout début de l’année – pile au milieu de cette période de mauvaises performances – une entreprise du nom d’Editas Medicine a fait son entrée au NASDAQ. En réalité, ce fut même la toute première entrée en bourse de l’année 2016. Et que fait Editas ?
Eh bien, c’est quelque chose dont nous avons déjà parlé cette année. Editas est une entreprise construite autour de la promesse de manipulations génétiques grâce à l’utilisation d’une technique d’édition génomique appelée CRISPR-Cas9. Elle est le fruit du travail de généticiens de l’institut Broad, à Cambridge, dans le Massachussetts. L’entreprise a obtenu le soutien de la branche de capital-risque d’Alphabet Inc. (le nom de l’entité boursière de Google) et de Khosla Ventures (un autre mécène célèbre des technologies de pointe). Pour faire simple : si vous souhaitez investir directement dans l’avenir de l’édition génomique, c’est l’une des seules options dont vous disposez aujourd’hui.
Brève digression, à ce sujet : la saga du développement des CRISPR et de ceux qui cherchent à s’en approprier les mérites est fascinante. Elle a provoqué une petite tornade dans le monde de la biotechnologie. En effet, plus d’une équipe de chercheurs a participé à son développement, et ces équipes ont aujourd’hui du mal à se mettre d’accord. L’institut Broad (affilié à Harvard et au Massachussetts Institute of Technology (MIT)) et l’université californienne de Berkeley affirment tous les deux avoir utilisé les premiers le système CRISPR-Cas9 comme outil d’édition génomique.
Eric Lander, fondateur de l’Institut Broad, a écrit un article de 8 000 mots sur l’histoire des manipulations génétiques, appelé « Les héros du CRISPR ». Sur ces 8 000 mots, seuls 302 concernent le travail du laboratoire de Berkeley. Outrage dans la communauté scientifique ! Le plus vexé de tous fut sans doute Michael Eisen, biologiste de l’université de Berkeley, qui a résumé ses sentiments dans un tweet succinct :
Commentaire que l’on pourrait traduire par « Quel ramassis de conneries ». Mais laissons à d’autres ce soap opéra scientifique. La raison pour laquelle j’évoque tout cela aujourd’hui est que, la semaine dernière, nous avons parlé à un expert intimement lié au système CRISPR, le Pr George Church de l’Université de Harvard. Pour ce qui est des CRISPR et de leur potentiel, il est l’expert absolu. Je vous présenterai cet entretien : restez à l’écoute. Revenons-en plutôt à Editas. Elle est entrée en bourse à un prix de 16 $ par action au début de l’année. Le prix aujourd’hui ? 29 $. Soit une progression de 81% depuis son entrée en bourse en janvier.
Un gain de 81% en moins de trois mois, ce n’est pas rien. C’est particulièrement intéressant, selon moi, dans le contexte des performances médiocres du domaine des biotechnologies dans son ensemble. Alors : pourquoi ?
Le double cycle des entreprises de nouvelles technologies
Voici ma théorie. L’industrie elle-même est alimentée par la science. Le moteur des marchés est un mélange complexe de données réelles, d’esprits animaux et d’exubérance irrationnelle. Ils sont alimentés par des êtres humains, et les êtres humains ont des émotions. Pour dire les choses autrement : il y a deux cycles dont nous devons être conscients. Il y a d’une part le cycle produit– alimenté par l’invention de nouvelles technologies, suivie par leur développement, leur application et leur commercialisation.
Mais il y a aussi le cycle financier – alimenté par le flux de capitaux mondial, les taux d’intérêts et le sentiment général du marché vis-à-vis d’une industrie, quelle qu’elle soit. Les choses seraient si belles si ces cycles pouvaient être liés l’un avec l’autre. Si les marchés financiers étaient alimentés par les avancées scientifiques réelles dans l’industrie de la technologie et de la biotechnologie. Mais, comme le montre ce graphique, ce n’est pas le cas (ou, en tous cas, ce n’est le cas que très rarement).
Mais tout ceci peut aussi tourner à notre avantage. Cela signifie que les marchés vont probablement aller trop loin dans les deux directions : progresser et reculer d’avantage que ce que pourrait suggérer le cycle produit, qui est bien plus stable et prévisible. La manipulation génétique est en train d’atteindre une étape du cycle produit qui nous permettra bientôt de voir des résultats concrets, qu’ils soient positifs ou négatifs. Editas, par exemple, espère que ses premiers essais cliniques sur l’humain pourront être mis sur pieds d’ici 2017. La vague qui porte cette activité est alimentée par les produits – la science en tant que telle. Actuellement, c’est un facteur plus important que le cycle financier.
Ce n’est pas vrai du marché au sens large, où le cycle financier est dominant et où la vague est aujourd’hui retombée. Peut-être est-ce en raison de facteurs comme les ETF eux-mêmes, qui facilitent la tâche aux personnes qui cherchent à retirer de l’argent du secteur (il n’y a pas encore d’ETF dédié à l’édition génomique, ce qui est un avantage).
Le message que je cherche à faire passer est qu’il y a deux cycles, et que nous ne pouvons pas nous permettre de les ignorer. Il faut trouver des entreprises situées à l’étape propice du cycle produit, avec des technologies innovantes et prometteuses qui pourraient connaître des progrès significatifs. Et faire en sorte d’apparier cela avec un cycle financier prometteur, un secteur où le flux de capital ne s’est pas encore tari et où la vague est encore porteuse.
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