Les marchés haussiers naissent dans le scepticisme et périssent dans un déchaînement de crédulité. C’est pourquoi il est souvent risqué de repérer la « future grande tendance». Car cette « future grande tendance » démarre tout petit.
Et, souvent, on a énormément de raisons de se montrer sceptique. Internet ? A quoi bon ? Nous avons des téléphones. On n’a pas besoin de taper sur un clavier de téléphone. Le pétrole de schiste ? Cela ne marchera jamais. C’est trop cher. Trop compliqué à extraire. Et, quoi que vous trouviez, ce sera englouti en cinq minutes, aussi vite que l’on descend une bouteille de champagne. Au début, les sceptiques font les malins. Mais à la fin, ils ont l’air un peu amer, en supposant qu’ils n’aient pas rejoint le troupeau depuis belle lurette.
A ce stade, les gens gobent presque n’importe quoi. Tout le monde s’étourdit de promesses de splendeurs et d’optimisme. Oui ! Le monde a besoin d’un service de livraison en ligne dédié au moindre produit de consommation. Oui ! La production de pétrole peut augmenter autant qu’on le souhaite, et l’OPEP maintiendra le prix du baril au-dessus des 100 $. Et puis quelque chose tourne mal et les ennuis commencent. Mais tant que ça dure, c’est amusant. Alors, où est-elle cette future grande tendance ?
La prochaine grande tendance, c’est celle des robots, bien entendu
Les robots. La voilà, notre future grande tendance. La robotique, ce n’est pas vraiment nouveau. Depuis maintenant des années, on nous dit que les robots vont anéantir l’emploi. Le Financial Times vient encore de publier un grand dossier qui leur est consacré, aujourd’hui. Il n’y a pas vraiment controverse sur le fait d’imaginer que la robotique représente probablement l’un des prochains « grands » secteurs. Plus tard, nous nous le remémorerons en nous disant « Wow ! C’était bien une bulle, et non des moindres, mais regardez tout ce qu’elle nous a apporté ! ».
Voilà un secteur susceptible de brasser énormément de capitaux, qui est sur le point de devenir grand-public, et qui s’accompagne d’une ribambelle d’anecdotes exaltante et d’énormément de prédictions mégalos de bouleversements divers. Il promet de faire gagner des fortunes aux gens qui s’y positionneront au bon moment. Ceux qui le feront au tout début pourraient gagner encore plus d’argent. Pendant ce temps, il y a des montagnes de crédits pas chers qui traînent un peu partout, et qui ne demandent qu’à être investis.
Si vous associez les deux, à savoir une super histoire et du crédit pas cher, c’est la voie assurée vers la bulle financière. Nous l’avons déjà vécu un nombre incalculable de fois. Le boom des dotcoms. L’engouement pour les matières premières. La révolution du pétrole de schiste. L’argent est à l’affût des belles histoires. Si une partie de cet argent rapporte de beaux rendements, une grande part se consume sur l’autel de l’exubérance irrationnelle et des excès des dirigeants. Et par la même occasion, nous établissons les infrastructures nécessaires à un grand changement qui bouleverse notre façon de faire les choses. Ce sera pareil, avec la robotique.
Les entreprises de la robotique et les petites minières
Mais en vérité, malgré cette promesse, la robotique n’a jamais été un secteur dans lequel il est si facile d’investir. Il existe quelques bonnes entreprises, établies depuis longtemps, mais on n’a jamais trop compris comment se frayer un chemin vers ce futur de l’éternel loisir, [entièrement] automatisé (ou, selon votre état d’esprit, cet enfer dystopien peuplé de machines à tuer mécaniques et de monceaux de crânes fracassés).
Mais à présent, le brouillard commence à se dissiper. La prochaine vague – celle qui va inspirer grandement les investisseurs et amorcer ce grand processus de mauvaise allocation des capitaux qui caractérise les bulles les plus fantastiques – s’appuiera sur un sous-segment spécifique de la robotique : l’intelligence artificielle (IA). Les robots industriels appartiennent à l’ancienne ère. Mais l’IA concerne également la fabrication de robots adaptables, capables de réaliser un éventail de tâches beaucoup plus vaste en apprenant sur le tas. Nous parlons d’un monde de drones et de robots travaillant aux côtés des humains, plutôt que de dangereuses machines que l’on isole de ces derniers, comme sur les chaînes d’assemblage.
L’engouement a déjà commencé. Apparemment, d’après le Financial Times, les États-Unis sont ceux qui investissent le plus dans l’IA, ce qui « leur donne l’avantage de s’élancer avant tout le monde dans la course vers la domination de cette nouvelle ère de la robotique ». Grâce à ces investissements et à ce changement d’orientation, les États-Unis et la Chine sont tous deux « prêts à voler le leadership au Japon et à l’Allemagne, qui dominent l’industrie robotique traditionnelle ».
Par ailleurs, le coût nécessaire à la création d’une entreprise de robotique n’en finit pas de chuter. Les robots n’ont pas tous besoin de méga-machines dont la construction coûte une fortune. Tout ce qu’il vous faut, ce sont des capteurs et un logiciel. Finalement, tout tourne autour de l’extraction de données, le data mining, et de leur traitement. Je crois que vous pouvez considérer que nombre de ces nouvelles entreprises de la robotique s’apparentent un peu à des explorateurs de gisements miniers : il s’agit de petites sociétés avec une jolie petite histoire et animées de l’intention d’extraire des données d’un filon particulièrement prometteur.
Et comme dans tous les contextes de boom, les actions de ces jolies petites histoires surferont sur la vague montante des capitaux, lesquels se montreront de moins en moins regardants à mesure que l’enthousiasme grandira. Ce phénomène va-t-il rivaliser avec la période des dotcom ? En tout cas, en ce qui me concerne, j’aimerais bien participer à cette bulle un petit moment, du moins dans sa phase de hausse.
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