Des marchés hésitants qui attendent les résultats d’entreprises

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Par Alexandre Baradez Publié le 6 juillet 2022 à 5h28
Marches Financiers Annee 2020 Actions
@shutter - © Economie Matin
15%15% des Américains pensent que la récession pourrait frapper dès 2022.

S’il devait y avoir un symbole de cette fragilité des marchés, qui n’est toutefois pas de la panique, c’est bien le VIX, l’indice de volatilité du SP500. Il évoluait sous 27 vendredi à la clôture des marchés américains, c’est-à-dire un niveau qui ne traduit pas de détente du sentiment (pour cela il faudra que la volatilité revienne dans la zone 15-20) ni une panique des opérateurs qui serait visible si le VIX dépassait 35. A 27, la volatilité du SP500 évolue dans une zone médiane, qui traduit une forme d’attentisme avant l’ouverture de la saison des résultats.

Attentisme car les marchés ont déjà, sur les 6 premiers mois de l’année, intégré une partie importante du ralentissement économique déjà visible sur les données macroéconomiques. Cela fait des mois que les marchés intègrent désormais les changements de politique monétaire avec un fort redressement des taux et donc une dégradation des conditions financières globales. Objectif souhaité et revendiqué par la Fed qui souhaite un rééquilibrage de l’offre et de la demande et un marché de l’emploi moins tendu car générateur de hausses de salaires trop importantes, alimentant la boucle prix-salaires. Quitte à en passer par une phase de récession…plusieurs membres de la Fed, dont Jerome Powell lui-même semblent assez « confortables » avec ce scénario d’une récession qui serait presque un point de passage obligé pour refroidir la machine inflationniste.

Les Etats-Unis qui seraient peut-être déjà en récession si l’on se base sur les dernières estimations du modèle de prévision de la Fed d’Atlanta. Ce modèle qui réactualise très régulièrement ses prévisions tablait en fin de semaine dernière, après notamment la publication de l’indice ISM manufacturier, sur une contraction du PIB américain de…2.1% au second trimestre. Ce qui signifie donc récession technique dans la mesure où le PIB s’était déjà contracté de 1.6% au premier trimestre.

Il est intéressant de noter qu’après cette actualisation vendredi de la Fed d’Atlanta, pourtant très négative, les marchés actions américains n’ont pas plongé et ont même connu une phase de rebond en deuxième partie de séance. Comme si une partie importante des inquiétudes macroéconomiques étaient déjà bien intégrée dans les cours. Il est nécessaire de rappeler que de très forts ajustements de valorisations sont déjà intervenus. Si on prend le cas du SP500, son ratio cours/bénéfices est passé de 36 au premier trimestre 2021 à 18 ces dernières semaines.

Il semble désormais que le juge de paix soit les résultats d’entreprises…mais aussi les « guidances », c’est-à-dire les projections pour la suite de l’année. Cela donnera une vision plus précise aux investisseurs sur la façon dont les entreprises ont composé avec les hausses de salaire, les hausse des matières premières, des coûts logistiques, et si elles ont pu préserver leurs marges en répercutant ces hausses de coûts.

Le rebond de l’activité en Chine post période de confinement, comme en témoignent les derniers indices PMI mais également le rebond des marchés chinois, est une bonne nouvelle. On note également un ralentissement de l’inflation « core PCE » (c’est-à-dire hors-alimentation/énergie) aux Etats-Unis depuis 3 mois et, au moins de juin, un repli global et prononcé du prix des matières premières, incluant les métaux industriels, les matières premières agricoles et l’énergie. A court terme ce repli des matières premières, en parallèle d’une détente des taux souverains, traduit des craintes de récession…mais va aussi dans le sens d’un pic inflation qui est peut-être déjà derrière nous et qui finira par produire ses effets sur les marchés actions.

Il n’y a donc pas que des mauvaises nouvelles pour les marchés actions…mais il ne devrait pas y avoir de relief significatif avant les publications d’entreprises dans quelques jours, car les enjeux sont trop importants sur les questions de valorisations.

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Diplômé de l’ESCE (Ecole Supérieure de Commerce Extérieur), Alexandre Baradez débute sa carrière chez EBG FINANCES en 2003 en tant que consultant spécialisé en défiscalisation immobilière. Il intègre le département Gestion Privée de BNP PARIBAS en 2005 où il assure la gestion et le suivi d’un portefeuille de 400 clients. En 2008, il rejoint Banque Robeco Gestion Privée où il a en charge la gestion d’un portefeuille de 650 clients. Il délivre un conseil sur OPCVM, la constitution et la gestion d’un patrimoine en exploitant l’actualité macro et micro-économique. En octobre 2009, il rejoint Saxo Bank en tant que Sales Trader et devient en 2011 Analyste Marchés de la banque dont il est l’interlocuteur privilégié auprès des medias français. Aujourd'hui, Alexandre Baradez est Responsable Analyses Marchés chez IG France.