Q1. Souhaitez-vous qu’Emmanuel Macron choisisse un Premier ministre… ?
- Issu de la gauche : 24 %
- Issu du centre : 39 %
- Issu de la droite : 31 %
- NSP : 6 %
39% des Français interrogés un Premier ministre issu du centre (31% de la droite, 24% de la gauche).
La nomination du Premier ministre sera le premier acte politique d’Emmanuel Macron, élu président de la République dimanche dernier. Cette nomination est particulièrement attendue par les Français car elle donnera le « LA » des premiers mois de son quinquennat. Il faut donc s’attendre à une scénarisation de cette nomination, qui aura non seulement une portée politique évidente, mais aussi une portée symbolique sur la coloration qu’il souhaite apporter à son quinquennat. Il doit choisir et ce choix sera lu à l’aune de la famille politique à laquelle appartient celui ou celle qui ira s’installer rue de Varenne. Si Emmanuel Macron a réussi à être élu sur la ligne « ni de droite, ni de gauche », il lui faudra trancher pour ce qui est de la provenance idéologique de son Premier ministre. En effet, le monde politique hexagonal est encore, au moins pour un temps, séparé schématiquement en 5 catégories (l’extrême gauche, la gauche, le centre, la droite et l’extrême droite). L’intrusion du parti « En marche » a certes rebattu les cartes, mais probablement pas au point de bouleverser ce schéma : la droite, l’extrême droite et l’extrême gauche ayant tout de même fait chacune au moins 20% des votants au 1er tour de l’élection présidentielle.
Sur le papier, Emmanuel Macron a l’embarras du choix entre les différentes familles qui composent l’échiquier politique en France. Elu avec le soutien d’hommes et de femmes de tous bords, le champ des possibles lui est ouvert : il peut choisir une personnalité venant de droite ou de gauche, un professionnel de la politique ou un représentant de la société civile… C’est un cas unique dans l’histoire politique récente, induit par la ligne pragmatique et désidéologisée que le président élu a suivi pour parvenir à l’Elysée.
Toutefois, suivant l’adage populaire : choisir, c’est renoncer. Choisir un Premier ministre, c’est choisir une ligne directrice politique et c’est choisir de mettre un peu d’idéologie après une campagne électorale qui avait fait du pragmatisme un étendard. C’est aussi, choisir celui ou celle qui devra mener la campagne des législatives. Choisir un Premier ministre, c’est enfin se choisir une majorité, mais c’est aussi se choisir une opposition ! Ceci étant dit, on comprend bien pourquoi ce dernier maintient le suspense sur le nom, un classique dans le monde politique français de la Vème République. En revanche, gardr le secret sur la famille politique d’origine de celui qui aura la charge constitutionnelle de gouverner, c’est inédit. S’il devait choisir un candidat de gauche, il devrait faire face aux accusations faisant de lui l’héritier de Hollande, s’il devait choisir quelqu’un issu du centre, il limiterait mécaniquement la densité de son rayonnement sur l’échiquier politique. S’il devait choisir un Premier ministre venu de la droite, il collerait alors probablement à l’opinion majoritaire dans le pays, mais son Premier ministre aurait probablement à affronter un groupe dense et hostile à l’Assemblée nationale.
Finalement, ce choix qui devra s’accompagner du premier grand plan de communication, le premier de Macron comme président de la République. Finalement, comme l’écrivait Raymond Aron : « que l’on soit de droite ou de gauche, on est toujours hémiplégique ».
Q2 : Pensez-vous qu’Emmanuel Macron disposera d’un état de grâce lui permettant de mettre en œuvre les réformes qu’il a annoncées (moralisation de la vie politique, dédoublement des classes de CP et CE1, réforme du marché du travail, etc.) ?
- Sous total « oui » 46 %
- Sous total « non » : 52 %
- NSP : 2 %
52% des Français interrogés considèrent qu’Emmanuel Macron ne disposera pas d’état de grâce
Traditionnellement, on considère que tout président nouvellement élu dispose d’un état de grâce de quelques mois, qui lui permet de mettre en œuvre les principales réformes prévues sans résistance de la part de l’opposition ou des corps intermédiaires (syndicats, monde associatif).
Cette règle souffre toutefois d’exceptions : En 2007, le Président Sarkozy avait bénéficié d’une courte période d’état de grâce, compromise par la perception négative de ses vacances à Malte, juste avant son investiture officielle. Le président Hollande avait lui perdu rapidement le bénéfice de son élection dans l’opinion publique et connu une baisse de popularité dès septembre 2012, au retour de ses vacances qui avaient été elles aussi, mises en scène.
Au regard de ces deux exemples, on peut affirmer que la réussite et la durée de cet état de grâce qui permet de faire aboutir les réformes et de se voir pardonner les éventuels couacs de début de mandat est une question de communication politique. En effet, les deux derniers exemples montrent que c’est la mise en scène de la période de transition entre l’élection et l’investiture, mais aussi des tous premiers jours du mandat qui font la qualité de l’état de grâce.
Si Emmanuel Macron a plutôt réussi ses actions de communication jusqu’ici, il lui faudra redoubler d’efforts pour espérer mettre en œuvre dans le calme les réformes urgentes qu’il a mentionnées (dédoublement des classes de CP et CE1, moralisation de la vie politique, réforme du marché du travail). En effet, une courte majorité de Français interrogés considère que le nouveau Président de la République ne connaitra pas d’état de grâce. Ce chiffre s’explique globalement par la colère que les Français ont exprimée dans les urnes et par les difficultés économiques ou sociales qu’ils rencontrent depuis des années.
Si Emmanuel Macron a fait naître une grande espérance dimanche dernier, il devra rapidement faire ses preuves et ne pas décevoir. Des manifestations préventives ont déjà eu lieu au lendemain du second tour. Les premiers pas du nouveau Président et les premières nominations gouvernementales seront autant de marqueurs du quinquennat qui s’ouvre. Emmanuel Macron risque gros sur ses premiers jours avec un soutien déjà mitigé de l’opinion publique si l’on en croit notre sondage. S’il veut réussir son pari, il doit convaincre les Français dans les 6 semaines qui viennent afin d’espérer obtenir une majorité à l’Assemblée nationale et ne pas risquer de cohabitation.
Nous lui souhaitons bon courage !
Sondage exclusif TILDER/LCI/OpinionWay du 11 mai 2017