Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,
Le titre « Macron pisse dans un violon » n’est pas du tout une insulte à l’égard de notre mamamouchi présidentiel. Vous me connaissez, je donne dans l’impertinence niveau professionnel et artistique, mais pas dans l’insulte… Et puis j’ai peur de me faire casser la gueule par Benalla qui est plus costaud que moi, alors je ne la ramène pas.
En plus Anne Hidalgo ne va pas aimer mon titre, elle qui dépense les sous des parisiens zet des parisiennes pour faire un clip proclamant qu’il ne faut « pas faire pipi dans Paris »…. j’en pisse encore de rire si je puis m’exprimer ainsi !
Non, quand je dis Macron pisse dans un violon, c’est par rapport à la réaction du brave citoyen qui, dans les jardins du Palais, s’est fait doctement expliquer par notre maréchal jupitérien que trouver du boulot c’était super fastoche, qu’il n’avait qu’à traverser la rue et se pointer dans tous les restaurants du coin avec sa mine enfarinée et qu’il croulerait sous les propositions d’embauche.
Notre jeune est resté très poli, genre gentil (faut dire que derrière, il y avait les sbires à la Benalla prêts à lui péter les rotules et autres articulations du corps humain) et a laissé braire le Président avec un « d’accord », qui voulait dire « pauvre con, tu ne sais vraiment rien de la vie dehors, alors pisse dans un violon, si c’était aussi simple, cela fait longtemps que j’aurais un boulot »…
C’est vrai. Et pourtant.
Macron a raison… dans sa logique et par rapport à ses informations erronées !!!
Devant lui, les patrons font les fanfarons, surtout les gus du Medef avec leurs pin’s 1 million d’emplois… Hahahahahaha, quelle rigolade, quelle poilade… Il n’y a pas eu un million d’emplois en plus, mais un million de chômeurs supplémentaires… Et ils le savent très bien !!
Mais Macron a raison, ils ont plein de besoins, surtout à la plonge. D’ailleurs, Macron devrait aller dans les arrière-cuisines et les sous-sols… Je vais lui donner un secret. Il y a tout plein de sans-papiers pas déclarés et exploités qui y bossent hahahahaha….
Devant la clientèle, on embauche du déclaré (à peu près) qui présente bien et a déjà travaillé dans la restauration. Les entreprises ont beaucoup de mal à recruter… mais elles veulent des gens formés, pas cher, avec de l’expérience, parlant plusieurs langues, pour 1 000 balles par mois à Paris alors que le logement vaut 800 euros et le passe Navigo 70… Ben oui… Le problème des petits salaires à Paris, passez-moi l’expression, mais faut être très con pour accepter de bosser pour un salaire qui ne paye même pas un loyer.
Du coup, il se passe à Paris la même chose qu’à Londres… Les entreprises ne trouvent plus personne pour travailler à pas cher !
Hahahahaha et Macron fait la leçon…
Il y aurait bien une solution simple qui consiste à expliquer aux entreprises que pour trouver des candidats, il suffit d’augmenter les salaires, l’offre et la demande, machin toussa-toussa… Meuh… non, c’est trop compliqué pour le Medef, et ce n’est pas comme si on avait baissé la TVA de 20 à 10 pour les restaurateurs !
Re-hahahahahahaha.
Et vous savez où est allée la différence ?
Sous forme de cash au black dans les coffres des banques.
Re-re-hahahahaha, et pin’s 1 million d’emplois à la boutonnière.
Foutage de gueule quand tu nous tiens.
Y a-t-il du boulot ?
Oui.
A-t-on trop de paresseux ? Oui, vraisemblablement, mais ce n’est là qu’une toute petite partie du problème du chômage. Il y a ceux qui ne veulent pas travailler, ceux qui font des calculs économiques, ceux qui sont en incapacité psychologique de le faire et qui sont beaucoup plus nombreux que l’on ne croit, car les souffrances de la vie, souvent, bloquent les gens. Les causes du chômage sont multifactorielles, et dans bien des cas, elles sont beaucoup plus « humaines » qu’économiques. Une réalité totalement occultée et très peu étudiée.
Les entreprises savent-elles recruter ?
Non, et elles s’y prennent comme des manches et ne veulent surtout pas augmenter les salaires.
Veulent-elles vraiment recruter ?
Non, sinon cela serait fait depuis bien longtemps, et 500 euros de plus par mois suffiraient à attirer du monde.
Le marché du travail est un marché
J’aimerais voir notre phare brillant du Palais se lever à 4 heures du mat’ pour rester debout toute la journée à courir pour servir les cafés pour 990 euros nets. Hahahahahahahaha, j’imagine déjà sa tête le jour de paye… Chez Rothschild, les émoluments étaient tout de même plus intéressants… Je ne parle même pas d’être couvreur l’été à 70° sur la toiture, ou à -20 l’hivers.
Les entreprises trouveront des bras quand elles paieront la force de travail à hauteur de ce dont elle a besoin pour vivre dignement.
Pour le moment, la réponse de nos mamamouchis, c’est ouvrons les frontières, faisons venir des migrants, et embauchons-les dans les cafés, hôtels et restaurants (CHR). De la bonne chair fraîche à exploiter. Miam…
Enfin, parce que personne ne le dira à ce jeune homme, s’il veut mettre toutes les chances de son côté, il faut qu’il apprenne à s’habiller convenablement et à raser sa barbichette afin d’avoir une présentation qui soit acceptable pour un patron et des clients qu’il servirait.
Les entreprises commerciales ne sont pas des associations de réinsertion, et si le Président avait été véritablement courageux, véritablement subversif, s’il avait voulu rendre service à ce gamin et ne pas faire de la politique idéologique, il lui aurait dit ce que je dis à mes étudiants.
« Jeune homme, vous m’êtes fort sympathique, et dans la vie, quand on est en jogging au Palais de l’Élysée avec une sacoche Adidas en bandoulière, je n’ose imaginer la manière dont vous vous présentez à un employeur. Vous devriez déjà faire ce simple effort de présentation. » On ne lui demande pas d’être en costume trois-pièces.
C’est d’ailleurs l’ensemble de ces conseils, et de ces techniques que je peux enseigner à des jeunes qui m’ont permis d’écrire la méthode infaillible pour trouver un emploi qui est accessible aux abonnés à ma lettre STRATEGIES (pour vous abonner et avoir accès à ce dossier et à tous les autres soit près de 30 documents, c’est ici)
Notre Président a oublié de dire à ce gamin que quand on se présente dans les restaurants, on y va en pantalon noir, en chemise blanche, pochette de CV à la main.
Alors oui, les entreprises sont souvent nulles, oui, il y a des problèmes de salaires, mais nous avons un immense, un terrible souci d’éducation de nos jeunes et de nos enfants à qui nous laissons croire par démagogie que s’abrutir de jeux vidéos, ne pas savoir parler convenablement français, avoir des accents « prononcés des quartiers populaires », être en jogging-baskets, c’est être « cool ».
Sauf que la réalité, c’est qu’à un moment, la vie, elle sélectionne, et manifestement, elle ne sélectionne pas ce jeune homme qui n’a aucun code, pas parce qu’il n’a pas de chance, pas parce qu’il vient de là, d’ici ou d’ailleurs, mais parce qu’à un moment, la démagogie ambiante de ce pays met tous ces jeunes en situation d’échec parce que nous leur refusons ce que nous leur devons, à savoir une éducation et des exigences.
Ce garçon ne demandait pas à Macron du travail. Sa question était « pourquoi moi, je ne trouve pas de travail ». Sans doute parce qu’il s’y prend mal. Mais personne n’a le droit de le dire, parce que si on lui dit la vérité, alors on sera forcément un « phobe » ou un « iste » alors que c’est une évidence de bon sens. Ce garçon ne comprend vraiment pas pourquoi il n’y arrive pas et reçoit les refus comme autant de rejets et d’humiliations. Personne pour lui dire qu’on n’est pas devant des clients en jogging. Personne pour lui dire que la moitié des patrons pensent que les « personnes en surcharge pondérale » sont plus lentes (et qu’en s’habillant « ample » et au mieux, on atténue l’effet visuel négatif dans de grandes proportions), personne pour lui dire que l’accent de banlieue n’est pas souhaité à Montparnasse dans les belles brasseries que lui conseille notre Président, qui heureusement n’est pas conseiller à l’ANPE.
Macron veut envoyer ce gamin à l’abattoir. Il n’a aucune chance et c’est ce qu’il tente d’expliquer au Président… qui n’entend pas.
Donner un avenir à toutes nos filles et à tous nos garçons est un devoir collectif. Permettre à nos enfants de réussir n’est pas une option pour la société française, c’est une obligation. Pour cela, il faut dire la vérité telle qu’elle est, et tout, tout ou presque, est une question d’éducation et de codes. Ce n’est pas des cours d’éducation sexuelle qu’il faut, c’est des cours de … comportement !
Hélas, dans notre monde actuel, nous préférons expliquer la cravate de notaire que le nœud de cravate à nos enfants.
Le résultat, nous l’avons sous les yeux. Un Président idéologue qui n’a rien compris expliquant à un jeune les mauvaises raisons pour lesquelles il ne trouve pas de travail. Un gamin qui lui-même ne comprend pas pourquoi.
En réalité, lorsque vous regardez la vidéo de cette rencontre, vous avez deux incompréhensions qui discutent ensemble, autant dire que cet échange n’a aucune utilité, il ne mène à rien et ne peut rien produire d’efficace.
Monsieur le Président, ne dites pas aux jeunes de traverser la rue pour aller bosser parce « yaka-faucon ». Dites-leur comment faire. Sinon, ils vous regardent et vos propos sont aussi utiles que quand on « pisse dans un violon ».
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !
Article écrit par Charles Sannat pour Insolentiae