2 Français sur 3 veulent que le gouvernement retire la Loi Travail

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Par Nicolas Boudot Modifié le 27 mai 2016 à 9h43
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cc/pixabay - © Economie Matin
43%Pour 43 % des Français les conflits et les grèves contre la Loi Travail sont la faute du gouvernement.

Q1 : Face aux mouvements sociaux, le gouvernement doit-il retirer la Loi Travail ?

• Sous total « oui » : 66 %

• Sous total « non » : 34 %

66% des Français interrogés considèrent que le gouvernement doit retirer « la Loi Travail »

Les résultats du sondage OpinionWay pour Tilder et LCI de cette semaine sont sans appel sur la « Loi Travail » et les nombreuses perturbations qu’elle a engendré. Deux tiers des Français interrogés sont pour un retrait pur et simple de la loi.

Ces résultats sont la conséquence de la mauvaise stratégie de communication suivie par le gouvernement sur cette loi. En effet, il a oublié une des règles fondamentales de la communication politique : la préparation du terrain médiatique et de l’opinion publique. En annonçant une loi réformant le Code du Travail l’été dernier, puis au moment des vœux de fin d’année le 31 décembre 2015 sans en donner la teneur globale qui sera finalement dévoilée en février par la presse, le gouvernement n’a pas su ou pu préparer convenablement l’opinion publique à la nécessité de cette loi en valorisant par exemple les effets positifs attendus pour l’emploi.

Pis, depuis l’ouverture des discussions parlementaires et des manifestations de tous ordres et de toutes formes que le pays a connu le gouvernement a manqué de cohérence dans sa communication. En effet, de multiples erreurs de communication marquées entre autre par des dissonances publiques entre ministres sur la ligne politique à tenir face aux manifestants auxquelles il faut ajouter les prises de parole iconoclastes du ministre de l’Economie sur le texte sonnent comme autant de marques d’impréparation, qui ont usés les patiences des Français.

Quoi qu’il arrive, le gouvernement est aujourd'hui face à un dilemme sur ce texte. Mais pas un dilemme cornélien, où l’histoire se termine bien, à la fin. Ici, nous sommes plutôt dans la tragédie racinienne : quelle que soit la décision prise, elle aura des conséquences néfastes pour le gouvernement

Quels sont les trois scénarios à sa portée :

Retirer le texte, comme les Français le demandent dans ce sondage. Cette solution signifierait de fait la fin de la capacité du gouvernement à proposer quoi que ce soit dans les 11 mois qui restent avant les élections présidentielles.

Négocier avec la CGT et transformer le texte serait, quoi qu’il arrive, considéré comme un recul insupportable pour le gouvernement qui a déjà concédé des compromis importants aux étudiants en mars. Rediscuter encore un texte déjà retravaillé, voté en première lecture au forceps de l’article 49-3 de la Constitution, sonnerait comme une défaite et peut être même pire qu’un retrait car le déshonneur de l’abandon est parfois pire que celui de la défaite.

Jouer le chronomètre. L’Euro de football qui s’ouvre le 10 juin prochain en France est la planche de salut du gouvernement. En effet, les Français sont attachés à cette compétition sportive et il est probable qu’ils ne laisseraient pas la situation sociale mettre en risque le déroulé de la compétition et porté atteinte, encore un peu plus, à l’image de la France à l’étranger. De la même façon, il s’agirait là d’une victoire politique par défaut, que le gouvernement peinerait à ajouter à son crédit.

Il n’y a donc plus de bonne décision pour le gouvernement en communication, il devra sans doute attendre un événement extérieur, comme nous venons de le dire, ou des faux pas de communication de la part de son opposant principal, la CGT, pour se sortir de cette mauvaise séquence. L’interdiction de parution des journaux parce que ces derniers ont refusé de publier un tract CGT et les violences dans les manifestations de ce jour en sont deux premiers.

Q2 : Selon vous, qui est le principal responsable du conflit actuel ?

• Le gouvernement : 43 %

• La CGT : 27 %

• Autant l’un que l’autre : 30 %

Q2 : Le gouvernement est le principal responsable de la crise actuelle pour 43 % des Français interrogés, 27% considèrent que c’est la CGT et 30% autant l’un que l’autre.

Encore une fois une mauvaise nouvelle. Le gouvernement aurait pu espérer que les actions « jusqu’au-boutiste » de la CGT lui permettent de renverser l’opinion publique sur la Loi Travail. Il n’en est rien.

Les Français considèrent que le gouvernement est responsable du conflit actuel, alors même que le principal syndicat mène des actions de lutte contre le gouvernement avec une ligne de discours particulièrement tendue et des actions de force, blocages et barrages nombreux, alors que les manifestations s’essoufflent si l’on se réfère au nombre de manifestants.

En communication, la CGT joue là son va-tout pour continuer de peser dans le dialogue social dans le futur. En effet, en perte de vitesse dans les dernières élections professionnelles la confédération est de plus challengée en interne par des adhérents de plus en plus extrêmement revendicatifs et en externe par SUD à sa gauche et la CFDT à sa droite qui jouent chacun une partition syndicale qui met à mal l’hégémonie que la CGT avait depuis la fin de la seconde guerre mondiale.

Le sondage d’aujourd’hui montre que les Français donnent encore du crédit à la CGT et considèrent que la responsabilité du conflit incombe d’abord au Gouvernement.

En communication, en plus de redorer son blason syndical écorné, la CGT joue également une partition de plus long terme que les candidats à la primaire des « Républicains » seraient inspirés d’écouter. En effet, la CGT adresse, en musclant son discours et son action, un message très clair aux candidats de droite, dont les programmes économiques prévoient tous, pour ce que l’on en connaît, des mesures particulièrement libérales et beaucoup plus marquées politiquement en matière sociale que la loi Travail portée aujourd’hui par Madame El Khomri.

Le message est clair, et plutôt soutenu par les Français aujourd’hui : il faudra encore compter avec la CGT pour les mesures politiques à venir et la route vers une approche plus libérale du marché du travail en France est encore semée d’embûches.

Sondage exclusif TILDER/LCI/OpinionWay du 26 mai 2016

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Directeur de Tilder