Les vendeurs à découvert ne désertent pas la place de Paris

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Par Rédaction Modifié le 20 mars 2019 à 12h23
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@shutter - © Economie Matin
18%Le résultat opérationnel courant du groupe Casino est en progression de 18% sur un an

Vendredi 15 mars, l’action Casino clôturait en baisse de 6,54 % à la Bourse de Paris. Une chute qui a de quoi surprendre alors que le groupe avait annoncé la veille de très bons résultats 2018, fruit d’un repositionnement stratégique réussi, et confirmé sa bonne trajectoire de désendettement.

Valeur la plus attaquée en France par les vendeurs à découvert, le groupe Casino n’est néanmoins pas le seul à supporter les assauts de hedge funds français et anglo-saxons : Air France-KLM (particulièrement depuis le renforcement surprise de l’Etat néerlandais), Atos, Elis, Europcar Mobility group, Genfit, Lafarge Holcim, Nexans, Orpea, Bic, Sodexo, Spie, Tarkett, Technicolor, Vallourec, Valéo… Autant de groupes français qui traversent des difficultés actuellement, ce dont comptent bien profiter des fonds d’investissement à travers la pratique contestable et contestée de la vente à découvert, ou short-selling. Tel n’est pourtant pas le cas du groupe Casino, qui a présenté le 14 mars 2019 de bons résultats au sein d’un secteur où les bonnes nouvelles sont rares : un chiffre d’affaires en hausse de 4,7 % en organique, à 36 milliards d’euros ; un résultat opérationnel courant groupe à 1,209 M€, en progression de 18 % en organique hors crédits fiscaux ; un résultat opérationnel courant de la distribution France à 579 M€, en hausse de 15,7 % en organique… Tous ces résultats, supérieurs aux objectifs et aux standards actuels de la grande distribution en la matière, semblaient pourtant devoir être salués. D’autant que Casino a également réussi à réduire sa dette financière nette France à 2,7 milliards d’euros (contre 3,7 milliards d’euros en 2017). Le groupe a en effet bouclé avec de l’avance son plan de cession d’actifs non stratégiques de 1,5 milliard d’euros et a même fixé une nouvelle cible à au moins 2,5 milliards d’euros d’ici le 1er trimestre 2020. Une trajectoire de désendettement qui semblait de nature à rassurer les marchés financiers. Mais de manière surprenante, l’action Casino a chuté de 6,5 % le lendemain même de la publication de ces résultats.

Repositionnement stratégique réussi

Ces résultats 2018 en témoignent, la profonde transformation du groupe menée depuis quatre ans en France porte pourtant aujourd’hui ses fruits. Le groupe a en effet su anticiper, contrairement à beaucoup de ses concurrents, les mutations du marché et en particulier le déclin du modèle classique des hypermarchés. Son plan stratégique 2019-2021 s’appuie ainsi sur les formats porteurs, la part des hypermarchés étant amenée à être réduite d’ici 2021 à 15 % du volume d’affaires du groupe en France (21 % en 2018).

D’ici trois ans, Casino prévoit d’ouvrir 300 magasins premium et de proximité, de devenir le numéro 1 sur le bio avec un chiffre d'affaires de 1,5 milliard d’euros (1 milliard d’euros en 2018) et de réaliser 30 % de son activité en e-commerce (18 % à fin 2018). Il a également l’intention d’accélérer la digitalisation de la relation client, notamment via les applications mobiles (déjà 10 millions de téléchargements), et d’affirmer son leadership sur la livraison à domicile alimentaire avec ses partenariats avec Ocado et Amazon Prime Now. Le développement de nouvelles activités de services autour des actifs du groupe va également se poursuivre, avec notamment GreenYellow dans l’énergie, 3W.relevanC dans la data et ScaleMax pour la location d’espaces pour les data centers…

De nombreuses interrogations

Mais malgré la confirmation par les chiffres de ce business model porteur et de cette vision stratégique, le cours de l’action a donc chuté fortement au lendemain même de la publication des résultats du groupe. On ne peut que s’en étonner et s’interroger sur les raisons de cette baisse a priori peu cohérente. Est-on à nouveau en présence de ces short sellers dénoncés à la fin de l’été 2018 ? Ces fonds spéculatifs anglo-saxons, qui utilisent la vente « à découvert » pour s’enrichir en faisant chuter artificiellement le cours de l’action, ont-ils encore frappé ? Ce ne serait pas la première fois : déjà, en décembre 2015, un fonds activiste américain avait attaqué Casino sur son endettement et la complexité de sa structure. Puis il avait relancé les hostilités à la fin de l’été 2018, entraînant dans son sillage plus d’une quinzaine d’autres hedge funds, et provoquant le 31 août une chute de l’action de 17 % en séance. A ce stade, malgré toutes les questions qui se posent, il n’est pas possible de l’affirmer... Mais dans tous les cas, on ne peut que déplorer le court-termisme des marchés.

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