Les inégalités salariales coûtent très cher à la France

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Par Laure De Charette Modifié le 30 octobre 2017 à 16h49
Salaires Insee 2015 2
@shutter - © Economie Matin
170Si l'égalité salariale stricte était appliquée, près de 170 milliards d'euros supplémentaires rentreraient dans les caisses de l'Etat en 5 ans.

Les femmes gagnent en moyenne 18 % de moins que les hommes, depuis des années. Chez les cadres, cette inégalité est encore plus criante (26 %). Soit un gâchis évalué à plusieurs dizaines de milliards d'euros !

L'égalité de salaires pour 2186 ?

La Fondation Concorde est un think-tank économique. Elle s’est penchée sur le gâchis que représente, pour la France, les inégalités salariales, et les résultats de son étude sont publiés en exclusivité dans le Figaro. Le constat est édifiant : d’après elle, ces inégalités continuent de prospérer, malgré la volonté des pouvoirs publics de légiférer contre.

Pour dénoncer ce phénomène, le 24 octobre 2016 à 14h38, en Islande, des milliers de femmes ont cessé le travail à l'heure à laquelle, à salaire équivalent aux hommes, elles ne sont plus payées. La précédente mobilisation de ce type, en 2010, avait débuté trois minutes plus tôt. Le 07 novembre 2016, le collectif français Les Glorieuses ont invité les salariées à cesser le travail à 16h34, heure précise à partir de laquelle elles travaillaient « bénévolement ». Une action soutenue alors par la ministre du Droit des femmes, Laurence Rossignol.

Selon un rapport du Forum économique mondial, l'égalité des salaires entre hommes et femmes ne sera pas atteinte avant 170 ans. Ainsi, l'égalité salariale femmes/hommes ne sera possible qu’en 2186… Pourtant, la persistance de ces inégalités nuit gravement à l'économie française : selon les experts de la Fondation, le différentiel de salaire net versé entre les femmes et les hommes représente en moyenne 3 525 euros par an et atteint ainsi de manière agrégée, 33,6 milliards euros par an.

Un manque à gagner pour l'Etat aussi

Ce "manque à gagner" en termes de salaire net, a également des répercutions en termes de consommation et de recettes fiscales. On estime ainsi que la consommation nette agrégée supplémentaire pourrait s'élever à 21,98 milliards € (lorsque le surplus d'épargne serait lui de 6,2 milliards €). Ce supplément permettrait de générer 0,16 point de croissance supplémentaire, qui seraient les bienvenus.

La Fondation s’est même amusée, si l’on peut dire, à imaginer les gains que pourrait tirer la France, si l’égalité salariale stricte était appliquée. Bercy bénéficierait d’un nouveau levier fiscal qui permettrait de dégager 168,74 milliards d’euros supplémentaires durant un quinquennat. Ce projet pourrait donc permettre de lever le carcan fiscal qui pèse sur les entreprises et l’investissement, et pourrait permettre de déployer l’une des réformes suivantes : la réduction totale des déficits des différents régimes de retraites, de la sécurité sociale et de l’assurance chômage, ou l’allègement durable de 33 milliards/ an de charges sur les salaires ou la mise en place d’un taux d’impôt sur les sociétés à 14% ou bien une baisse de 40% de l’impôt sur le revenu.

De quoi donner envie aux autorités de prendre le taureau par les cornes ?!

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Journaliste depuis 2005, Laure de Charette a d'abord travaillé cinq ans au service France du quotidien 20 Minutes à Paris, tout en écrivant pour Economie Matin, déjà. Elle est ensuite partie vivre à Singapour en 2010, où elle était notamment correspondante du Nouvel Economiste et où elle couvrait l'actualité politique, économique, sociale -et même touristique !- de l'Asie. Depuis mi-2014, elle vit et travaille à Bratislava, en Slovaquie, d'où elle couvre l'actualité autrichienne et slovaque pour Ouest France et La Libre Belgique. Elle est aussi l'auteur de plusieurs livres, dont "Chine-Les nouveaux milliardaires rouges" (février 2013, Ed. L'Archipel) et "Gotha City-Enquête sur le pouvoir discret des aristos" (2010, Ed. du Moment). Elle a, à nouveau, rejoint l'équipe d'Economie Matin en 2012.