Les cryptomonnaies en mode « fin de bulle »

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Par Bill Bonner Modifié le 21 novembre 2022 à 18h51
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@shutter - © Economie Matin
1 300 %Le bitcoin a augmenté de 1 300 % l'an dernier.

Les cryptomonnaies ne tiennent pas vraiment leurs promesses mais le marché est devenu hystérique. La tragédie est proche.

Voyons voir… quel secteur a enregistré les meilleures performances sur le marché US l’an dernier ? La technologie. Un investissement dans les 100 meilleures valeurs du Nasdaq aurait grimpé de 34%. Plus bas sur le podium, on trouve le Dow Jones (+28%) et le S&P 500 (+22%). Parmi les perdants se trouve l’énergie (-4%), le secteur le moins performant étant le gaz naturel (en baisse de 44%). Notre portefeuille RàlM (Retour à la Moyenne) a gagné 33% sur les 12 derniers mois — pas mal, pour une stratégie aussi simple.

Achetez ce qui est au plus bas et vendez ce qui est au plus haut

Notre portefeuille RàlM est si simple que n’importe qui pourrait y arriver. Il suffit de chercher les valeurs ayant les pires performances au monde, et de les acheter. Ensuite, on compte sur le fait que ce qui a baissé va probablement remonter. Début 2017, les places russe, polonaise et italienne étaient les marchés les moins chers — et les plus corrects — que nous puissions trouver. Il s’est avéré qu’en 2017, les actions polonaises (en hausse de 55% en dollar) et les actions italiennes (+29% en dollar) faisaient partie des investissements les plus profitables. Le marché russe n’a grimpé que de 2%. Ma foi, deux sur trois, ce n’est pas mal.

N’est-ce pas ainsi que les choses sont censées fonctionner ? Achetez au plus bas possible, vendez au plus haut — pas l’inverse. Cela nous ramène au troisième de nos Evénements Remarquables de 2017 — l’incroyable hausse du bitcoin et d’autres cryptomonnaies. Si une « classe d’actifs » peut réclamer la première place en janvier 2017, ce sont bien les cryptomonnaies. Le bitcoin a pris 1 300% l’an dernier — soit environ 42 fois plus que le Nasdaq 100. Ceci dit, il fait figure de bras cassé dans le secteur des cryptos au sens large : la troisième cryptomonnaie en termes de valeur sur le marché, l’ethereum, a grimpé de 8 900%.

Et tenez-vous bien : toujours en termes de valeur sur le marché, la deuxième crypto au classement, Ripple, a grimpé de 36 000%. Lorsque nous avons ouvert les journaux mardi dernier, nous avons découvert que Ripple avait pris +50% en une journée ! Si vous aviez investi 1 000 $ dans Ripple au début de l’année, vous auriez à présent environ 361 000 $.

Fin de Bulle et hystérie blockchain

Comment ? Vous n’avez pas investi dans Ripple ? Avons-nous oublié de le recommander ? Nous avons dû oublier… Nous avons d’ailleurs oublié d’acheter Ripple nous aussi. Pas l’un de nos fils — qui s’intéresse de très près aux cryptomonnaies et y a investi un peu de l’argent familial. Il raconte : « Je suis largement gagnant. J’ai récupéré mon investissement initial presque immédiatement. Maintenant, je réfléchis à faire le tour du monde ». « Je n’attendrais pas, à ta place », avons-nous conseillé. « Prends tes gains et achète tes billets pendant que tu le peux encore ». Les cryptos sont de toute évidence en mode « Fin de Bulle ».

Le mois dernier, la valeur LongFin Corp. a vu son titre exploser à la hausse après que cette petite entreprise financière eut annoncé qu’elle avait lié son activité à la blockchain — la technologie de stockage et de transmission d’information qui soutient les cryptos — en acquérant une société appelée Ziddu.com. Les actions ont immédiatement bondi de 1 000%, avant de se calmer un peu, terminant sur un gain de 400%. Il y a des cas encore plus étranges. Un fabricant de boissons a trouvé le moyen de se greffer à la blockchain… de même qu’un fabricant de soutien-gorge. Et puis il y a eu ce fabricant de patches de contrôle urinaire, appelé UrinStopper, dont les actionnaires se sont pratiquement fait dessus lorsque l’entreprise a ajouté le mot blockchain à son business model. « On obtient ce qu’on paye », a dit Milton Friedman. Les investisseurs veulent des cryptos… et ils sont prêts à payer pour ça. De jeunes arnaqueurs sont là pour répondre à ce besoin… et plus encore.

Des promesses non tenues

A l’origine, le bitcoin était basé sur un principe : la quantité de nouvelle monnaie était limitée par les liens infrangibles de l’internet mondial. Hélas, les introductions de nouvelles cryptos semblent se succéder plus vite que des billets de 10 000 Mds$ de la banque centrale du Zimbabwe. Quant à la promesse que les coûts de transaction seraient moins élevés, elle semble avoir été mise à mal par le soudain succès du secteur. Les investisseurs ont rapporté des délais et de la pagaille lorsqu’ils tentaient d’acheter ou de vendre (et encore, attendez le krach !…)

Si vous vouliez acheter une bouteille de bière avec des bitcoin, le coût de transaction était jusqu’à récemment plus cher que la bière elle-même. Envolée aussi, l’affirmation que posséder du bitcoin est intrinsèquement plus sûr ou plus simple que posséder de l’or. Les investisseurs perdent leurs codes… et leurs pièces. Contrairement à un compte Facebook, apparemment, il n’y a pas de fonction « mot de passe oublié »… Mais revenons-en à Ripple : qu’est-ce que c’est ? C’est « un système de paiement brut, centralisé, en temps réel ». Pigé ?

D’accord… nous non plus, nous n’avons pas la moindre idée de ce que c’est. Mais depuis la semaine dernière, son co-fondateur Chris Larsen est la 15ème personne la plus riche des Etats-Unis. Que nous apprend cette histoire remarquable ? Premièrement, on peut affirmer de façon plausible que le système financier (la monnaie) est prêt à être révolutionné par une innovation comme le bitcoin. Dans un monde d’argent factice, les gens se languissent d’argent réel. Lorsque la poussière finira par retomber, quelques-uns de ces nouveaux jetons seront probablement encore en circulation.

Deuxièmement, il ne faut jamais sous-estimer la puissance des « instincts animaux » dans le monde de l’investissement. Dès l’instant où les gens pensent pouvoir devenir riches sans travailler dur ou étudier de longues heures, il y aura une ruée vers l’opportunité. Troisièmement, nous appelons le bitcoin une classe de loisirs, non une classe d’actifs. Soyez vigilant. Les monnaies virtuelles pourraient rapidement passer de la comédie amusante au thriller effrayant… voire à la tragédie.

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Fondateur et président d'Agora Inc., une maison d'édition publiant des lettres d'information financières pour les investisseurs particuliers.

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