La trace carbone de la Parasitocratie

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Par Simone Wapler Modifié le 13 décembre 2022 à 20h39
France Entreprises Pollution Salaries Impact Environnement
@shutter - © Economie Matin
6%Sur 1 000 euros de dépenses publiques en France, les missions régaliennes n?absorbent que 60 euros, soit 6% de nos impôts !

La finance et le climat sont les deux secteurs les plus lucratifs pour l’élite mondiale occupée à élaborer ses complexes circuits taxation-subvention.

Ah Davos… Comme d’habitude, je n’en suis pas. C’est sur invitation que l’on y vient. Cette année encore, je n’ai rien reçu. J’ai bien regardé dans mes junk mails, pourtant.

Les jets privés s’entassent, le ballet des hélicoptères ronronne, le gros nuage carbone se pose mollement sur la neige, l’élite mondiale est arrivée dans la petite station de ski helvétique, sans moi. Je reste seule face à mon clavier dans la grisaille parisienne.

A Davos, tout commence par le Global Risk Report. Les menaces qui pèsent sur le monde… Je frissonne d’effroi devant mon clavier. Un peu de chaleur humaine aurait été bienvenue.

La peur puis le racket

Je vous rappelle la définition d’un parasitocrate : quelqu’un qui forge ou détourne les lois et les règlements pour obtenir quelque chose contre rien, pour forcer un échange gagnant (pour lui) et perdant (pour l’autre).

Un gouvernement est dans le business du racket. On attend de lui qu’il nous protège et pour cela, il nous taxe. Initialement, les fonctions régaliennes de l’État sont police, justice, armée et diplomatie. Mais finalement, ces missions régaliennes sont peu de choses. Sur 1 000 € de dépenses publiques en France, elles n’absorbent que 60 €. Seulement 6% de nos impôts !

Les gouvernements ont donc opté pour la diversification. Ils ne protègent plus notre liberté, notre propriété, l’intégrité de notre personne.

Ils nous protègent contre toutes sortes de maux : la maladie, la vieillesse, les crises économiques, le chômage, la pauvreté, les injustices, le terrorisme, la pollution et dernièrement le « réchauffement climatique » récemment rebaptisé en « changement climatique ».

Lorsque vous êtes dans le business du racket, tout risque est une aubaine, une opportunité de diversification, une occasion d’étendre vos prérogatives.

Il est donc normal que Davos s’ouvre sur le Global Risk Report. S’il y a risque, il y a taxe pour nous protéger du risque.

Après la finance, le climat

Sur les dix risques mentionnés par le Global Risk Report version 2019, six tournent autour du climat. Après la finance, c’est le secteur où la Parasitocratie peut déployer tous ses talents.

Forum économique mondial de Davos - Global Risk Report - trace carbone - environnement

Vous pouvez télécharger le rapport ici.

Les deux secteurs les plus lucratifs pour l’establishment sont :

  • le contrôle de la monnaie, des taux d’intérêt et du crédit

  • le climat avec ses multiples circuits taxation-subvention

Le mouvement des gilets jaunes n’a-t-il pas commencé en France en raison d’une taxe sur le diesel, considéré comme plus mauvais pour le climat que l’essence alors que l’inverse était autrefois la vérité ?

Capitalisme de copinage, crédit pour la Parasitocratie et dettes pour les autres

Mon collègue australien Greg Canavan est encore plus sévère que moi-même concernant Davos dans sa dépêche matinale (il n’a pas dû être invité, lui aussi) :

« Tout l’enjeu du lobbying est de protéger contre la concurrence une activité ou un groupe, de défendre ou de gagner des subventions (pourquoi, à votre avis, les énergies renouvelables ont-elles droit à autant de place dans les médias ?)

[…]

Davos est plein de capitalistes de copinage, de banquiers centraux, de politiciens, de gérants de fonds, d’universitaires, de gourous de la technologie et de pseudo-célébrités. Face au gratin des médias complaisants, ils se réunissent pour parler et prétendre qu’ils agissent dans notre intérêt.

C’est le rassemblement des 1%, essayant de s’assurer que les 99% ne comprennent pas ce qui se passent vraiment et ne mettent pas la main sur 99% de la richesse mondiale qu’ils contrôlent ».

La mondialisation a enrichi une petite élite et a engendré dettes et illusion de richesse pour les autres. Il ne s’agit pas de commerce équitable et de libre-échange gagnant-gagnant mais d’un attrape-gogo bâti sur du crédit. On importe des biens à bas coût en payant avec de la dette publique. Si les échanges étaient honnêtes, aucun pays ne pourrait vivre en déficit commercial durant des décennies.

L’endettement mondial est désormais tel qu’il ne tient que parce que les taux d’intérêt sont nuls ou même négatifs.

Si vous appartenez à la Parasitocratie, vous pouvez emprunter à 0% et certains vous payent même pour emprunter. Vos mauvaises dettes sont rachetées par des banquiers centraux complaisants.

Si vous n’appartenez pas à cette caste, votre épargne ne vous rapporte plus rien. Les rendements réels, diminués de l’inflation, sont négatifs. Vous prêtez à 0% ou vous perdez de l’argent. Et lorsque vous empruntez, on vous demande plus d’intérêt et de garanties que si vous appartenez à l’élite.

Mais la situation pourrait bientôt se retourner. Les cocus de la mondialisation voudraient un retour au nationalisme. Le bras de fer commence. Toute une pyramide de dettes menace de s’écrouler.

Gageons qu’avec la crise monétaire et financière qui se profile, le climat passera au second plan dans les futures éditions du Global Risk Report et que la trace carbone de la Parasitocratie diminuera.

Pour plus d’informations de ce genre, c’est ici et c’est gratuit

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Simone Wapler est directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l'éclatement de la bulle internet. Grâce à son expertise, elle sert aujourd'hui, non pas la cause des multinationales ou des banquiers, mais celle des particuliers. Elle a publié "Pourquoi la France va faire faillite" (2012), "Comment l'État va faire main basse sur votre argent" (2013), "Pouvez-vous faire confiance à votre banque ?" (2014) et “La fabrique de pauvres” (2015) aux Éditions Ixelles.