La stratégie du coucou

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Par Patrick Crasnier Publié le 9 juin 2020 à 5h46
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La stratégie du coucou - © Economie Matin
43%Au Havre, Edouard Philippe a obtenu 43% des voix au premier tour.

Comme vous le savez tous, le coucou est un oiseau qui a la particularité de faire son nid dans celui des autres. A l’approche du second tour des élections municipales, on constate que cette stratégie est celle utilisé par le parti présidentiel.

La république en marche puisque c’est son nom, est un parti sans fondation, sans implantation locale et sans colonne vertébrale. Il a été créé de toute pièce avec des personnes venant des anciens partis ou bien de personnes n’ayant jamais mis les pieds dans un parti politique. Ceux qui venaient des autres partis existants étaient souvent des personnalités politiques ayant perdu leurs ancrages locaux ou n’en ayant jamais eu. On a même osé dire à l’époque que l’on avait à faire à un nouveau parti constitué d’opportunistes.

Depuis 2017 ces craintes ont été confirmées, LREM est surtout un assemblement de personnes qui tiennent plus à leur place qu’à leurs convictions (souvent absentes) Des personnalités politiques prêtes a tous les renoncements pourvu que la table soit bien garnie et surtout que l’on y reste assis.

Il a eu bien des tentatives de rapprochements en particulier au sénat ou nous avons maintenant un groupe LREM alors que ce parti n’existait pas lors des dernières élections sénatoriales. Des sénateurs qui, on peut le dire, ont méprisé ceux qui les avaient élus en changeant d’orientation politique en cours de mandat. Ce sénat qui devrait à l’automne renouveler une partie de ses élus et dont la majorité droite et centre est extrêmement fragile. En effet beaucoup d’élus du centre sont passés à LREM ainsi que quelques socialistes.

Alors la stratégie du coucou c’est quoi ?

C’est très simple, aux élections municipales, dont le premier tour a été une farce démocratique, beaucoup se sortants ont été réélus avec des taux d’abstention record. Pour les sortants en ballotage l’incertitude règne, et sur les taux de participation et sur les stratégies à adopter. Pour la république en marche l’analyse est claire. Ils ont peu ou pas de candidats en position d’emporter une municipalité, mais veulent pour beaucoup se maintenir au second tour.

L’objectif avoué depuis maintenant un an par le président lui-même c’est « d’avoir coute que coute des ancrages locaux » Pour cela deux solutions, remporter des mairies ce qui parait très compromis, ou s’allier à une liste potentiellement gagnante pour avoir des places en position éligible. La seconde solution remporte aujourd’hui un succès sans égal.

On constate que ces alliances n’ont aucun corps de conviction ou de conduite, seul le résultat compte. Alors de ville en ville on voit des alliances LREM avec LR, des alliances LREM avec les socialistes, et même dans d’autres endroits des alliances avec EELV et extrême gauche. C’est cela la stratégie du coucou, aller faire son nid dans celui qui est en position de gagner et avoir comme cela des élus municipaux. Qu’importe le programme, ce n’est pas le sujet.

On peut craindre que beaucoup d’électeur s’y laissent prendre, cela risque de couter la majorité LR au sénat. En effet plus LREM aura d’élus locaux, plus les sénateurs LREM seront nombreux, si on ajoute les alliances de fortune aussi dans ce sénat, Gérard Larcher peut trembler.

Le seul véritable perdant de cette histoire c’est le modem de François Bayrou, on commence déjà à l’entendre sur ce sujet. Son leitmotiv étant toujours de créer un centre n’ayant ni appartenance a droite ni a gauche, il est en train de constater que le président Macron s’est servi de lui pour la présidentielle, sans lendemain. LREM c’est le contraire des ambitions de Bayrou, c’est juste mélanger la droite la gauche et le centre dans une soupe électoraliste.

Bayrou commence à comprendre que le centre n’existe pas, c’est juste un point au milieu d’un cercle, il n’est pas content du tout.

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Patrick Crasnier est diplômé en sciences humaines 3eme cycle en psychopathologie, après de longues années passées en cabinet libéral comme psychanalyste, blessé lors d’un attentat terroriste cesse cette activité en 1995. Continue comme photojournaliste, journaliste radiophonique (activités menées conjointement avec celle de psychanalyste depuis 1983) puis comme journaliste rédacteur au journal Toulousain et à l’écho des entreprises. Actuellement photojournaliste correspondant pour l’agence de presse panoramic et rédacteur dans plusieurs revues.

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