La santé des sportifs en question

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Par Patrick Crasnier Publié le 30 août 2016 à 5h00
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La santé des sportifs en question - © Economie Matin
15,9 millions15,9 millions de licences sportives vont être renouvelées cette année.

Après les jeux olympiques, la médiatisation du sport amène nos politiques à nous faire croire, à coup de communication, que le sport en France est « la réussite », qu’il est l’alpha et l’oméga de la politique Française. Le mot d’ordre est donc tout le monde doit faire du sport, ce qui est bien sur très noble.

Patrick KANNER, notre ministre des sports, vient donc de pondre une décision digne des plus grands technocrates, sans concertation autre que politicienne. Dans un communiqué, il nous informe sans aucun état d’âme que : « 15,9 Millions de licences vont être renouvelées en ce début d’année » (scolaire ou au 1er janvier) ajoutant « nous devons lever le plus grand nombre de freins » pour inciter les Français a faire du sport. Pour le ministre les « freins» étant les certificats médicaux de non contre-indication nécessaires à la pratique du sport.

Dans son communiqué il n’a pas peur, alors qu’il n’est que politique et pas médecin, d’affirmer que l’obligation d’un certificat médical de non contre indication est « une contrainte » forte pour les familles des sportifs, d'où son inutilité. Il n ‘oublie pas on plus les clubs pour qui, dit-il, la gestion de ces certificats est une charge lourde.

Il décide donc, tout seul sans aucun avis de médecin, mais sans doute avec la bénédiction de Marisol Touraine qui ne fait que de la politique pas de la santé, de la disposition suivante :

- A compter de la rentrée 2016 (ajoutant et grâce a la loi sur la modernisation de la santé) Les activités sportives facultatives dispensées dans les lycées et collèges seront dispensées de certificat médical, comme pour les activités d’EPS pour lesquelles l’aptitude des jeunes à la pratique du sport est présumée.
- En ce qui concerne les licences et leur renouvellement, un certificat ne sera exigé qu’une fois tous les trois ans (au lieu de tous les ans) Les autres années le licencié remplira un questionnaire de santé lui permettant de déceler d‘éventuels facteurs de risque, qui nécessitera, le cas échéant, une visite médicale annuelle. Si non il attestera auprès de la fédération que ce n’est pas le cas.
- Ce certificat vaudra pour la pratique du sport en général, à l’exception éventuellement d’une ou plusieurs disciplines, et non pour une seule discipline comme c’était le cas auparavant.

Ce communiqué se termine par une autosatisfaction politique, affirmant que cette « simplification » sera salutaire pour la pratique du sport » Fermez le banc.

Il est évident que devant une décision profondément mercantile, axée seulement sur le pouvoir d’achat et la dépense, l’ensemble des médecins (du sport, pédiatres ou généralistes) ne peut pas rester indifférent. Même si souvent ces certificats pour les jeunes sont rédigés au cours d’une consultation remboursée, il n’en est pas moins important que ces enfants voient un médecin avant de s’engager dans la pratique d’un sport.

Notons tout d’abord que tout ce qui a été dit sur la nouvelle loi santé et ses méfaits est ici totalement illustré. Exit le médecin « car cela coute cher » exit « la prévention nécessaire » car c’est une dépense, cette loi donne tout pouvoir aux politiques sans aucun lien avec la santé. Les syndicats de médecins avaient, en son temps, dénoncé la loi de modernisation de la santé, affirmant qu’elle donnait la gestion de la santé à l’état, c’est encore une fois démontré.

Quant au certificat médical de non contre indication pour la pratique du sport, rappelons que ce n’est pas un papier donné contre le prix d’une consultation, pour donner bonne conscience aux fédérations. C’est un contrôle nécessaire de la santé, c’est une consultation complète (et approfondie pour certains sports) Il s’agit bien de dépister les éventuelles contre indications à la pratique sportive, de plus chaque sport a des éléments en commun mais aussi des éléments divergeant.

Questionnés les médecins connaissant parfaitement la médecine du sport s’alarment de cette décision. Leurs arguments sont simples, en un an les choses peuvent changer considérablement, en particulier chez les jeunes ou chez les plus de 50 ans. Les jeunes pratiquant un sport sont en pleine croissance et cette croissance peut modifier en un an beaucoup de choses. Enfin chez les jeunes pratiquants beaucoup changent de sport d’une année sur l’autre « pour essayer » avant de se fixer. Le coût d’une consultation n’est quand même pas si lourd à supporter par les familles sur une année, cela représente moins de 3 euros par mois, quand on voit le montant des dépenses pour les équipements ! Mais idéologiquement, selon l’évangile socialiste, la santé cela doit être gratuit (en apparence) alors ce qui ne peut pas rentrer dans la gratuité on le supprime.

Même si de nombreux sportifs ou leurs familles ont conscience que la prévention est indispensable, quoi qu’en pense le ministre des sports, cette décision est scandaleuse à plusieurs titres. Tout d’abord parce que ce n’est pas la santé qui est mise en avant mais l’économie (comme toujours) ensuite parce que c’est dans la droite ligne de la loi santé, supprimer le plus possible les médecins du circuit de santé, on le voit avec la consultation remplacée par un questionnaire. Enfin la prévention, qui devrait être un fer de lance de la santé, est reléguée aux oubliettes. Tout ceci est aussi dans la droite ligne de la diminution des autres systèmes de prévention, suppressions de médecins scolaires suppression de la médecine du travail, on s’attaque maintenant à la prévention dans le sport.
Il ne restera plus aux familles qu’à se retourner contre l’état, dans le cas ou un accident de santé prévisible arriverait au cours de la pratique d’une activité sportive.

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Patrick Crasnier est diplômé en sciences humaines 3eme cycle en psychopathologie, après de longues années passées en cabinet libéral comme psychanalyste, blessé lors d’un attentat terroriste cesse cette activité en 1995. Continue comme photojournaliste, journaliste radiophonique (activités menées conjointement avec celle de psychanalyste depuis 1983) puis comme journaliste rédacteur au journal Toulousain et à l’écho des entreprises. Actuellement photojournaliste correspondant pour l’agence de presse panoramic et rédacteur dans plusieurs revues.

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