La croissance et la politique monétaire derrière les relations commerciales

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Par Hervé Goulletquer Publié le 18 février 2019 à 10h30
Croissance Mondiale France Fmi 2
@shutter - © Economie Matin
3,2%L'indice chinois CSI a progressé de 3,2%, soit significativement plus que le S&P 500 américain (+1,1%) ou l'Euro Stoxx 50 (1,8%).

Y a-t-il eu des progrès au cours des discussions commerciales sino-américaines de la fin de la semaine dernière ? On ne sait pas bien. L’attention des marchés va se porter au cours des prochains jours sur les perspectives de croissance, sur le réglage monétaire et sur l’automobile.

Doit-on une nouvelle fois répéter que les relations commerciales sino-américaines restent « l’alpha et l’oméga » des prises de position sur les marchés de capitaux ? Sans doute oui, avec les commentaires optimistes du Président Trump (des réunions très productives et les progrès importants réalisés) et le « consensus de principe » évoqué par le communiqué officiel chinois. Et les bourses asiatiques de s’inscrire ce matin dans le sillage de celles d’Europe et d’Amérique du Nord au cours de la séance du vendredi de la semaine dernière. L’indice chinois CSI a progressé de 3,2%, soit significativement plus que le S&P 500 américain (+1,1%) ou l’Euro Stoxx 50 (1,8%).

Vers un accord partiel entre la Chine et les Etats-Unis

Y a-t-il pourtant de quoi être plus optimiste au sortir des réunions au niveau ministériel, tenues à Pékin les jeudi et vendredi de la semaine dernière ? Sans doute doit-on répondre négativement à cette question. Au mieux, l’anticipation, que les droits de douane américains sur nombre de produits importés de Chine ne seront pas augmentés au 1er mars prochain, est confirmée. Pour le reste, comment ne pas noter le côté très factuel du communiqué de la Maison Blanche ? La partie américaine se concentre sur les caractéristiques structurelles de l’économie chinoise, dont « les transferts forcés de technologie, les droits sur la propriété intellectuelle, le cyber-vol, l’agriculture, les services, les barrières non-tarifaires et la monnaie ». La liste est si longue qu’on se dit que tout ne pourra pas être résolu à terme rapproché. On notera aussi l’introduction de la monnaie parmi les sujets à traiter. On a envie de conclure que l’accord à venir probablement à l’horizon des prochaines semaines ne pourra être que partiel. Quelle sera alors la réaction des marchés ? Tout dépendra vraisemblablement des perspectives à dresser concernant les autres éléments-clé à ce moment de l’environnement. Avec au premier rang la croissance et la politique monétaire.

Pour ce qui est de la croissance, le point d’attention à aujourd’hui concerne le message envoyé par les enquêtes de conjoncture. Les marchés ont été négativement impressionnés par l’orientation baissière observée en fin d’année dernière. Ce repli s’expliquait-il davantage par l’objectivité du constat sur les conditions matérielles de formation du revenu ou par la subjectivité du regard porté sur des développements politiques inquiétants ? Il est évidemment difficile de répondre. Mais il est clair qu’un retour à plus de confiance en matière de relations commerciales internationales devrait s’accompagner de résultats d’enquête plus solides. Cela sera-t-il le cas avec ceux retraçant le moral des entreprises et des ménages au cours du mois de février ? On le saura dès cette semaine avec la publication de la première estimation des indices PMI en Allemagne, en France et en Zone Euro.

Un autre caillou dans la chaussure des marchés

En matière de politique monétaire, le marché est à l’heure actuelle en attente de signes confirmant que la normalisation est mise entre parenthèse. Il ne changera éventuellement de perspectives qu’avec des signaux convaincants que le « trou d’air » de l’activité économique est passé. Concernant la Zone Euro, les propos de Villeroy de Galhau, de Rehn et de Coeuré, tenus ces deniers jours, s’inscrivent dans cette démarche. Les marchés seront attentifs au cours de la semaine qui s’ouvre à la parution, mercredi, des minutes du comité de politique monétaire de la Fed, tenu le 30 janvier et au compte-rendu du conseil des gouverneurs de la BCE du 24 janvier.

Hélas peut-être ; mais tout pour les investisseurs ne se déroule pas le long de cet axe allant des discussions commerciales sino-américaines aux perspectives de croissance et aux décisions des banques centrales. Il y a potentiellement un autre « caillou dans la chaussure » des marchés. On sait que le rapport du département américain du Commerce, sur le risque éventuel que les importations de voitures étrangères feraient courir à la sécurité nationale, a été remis hier au Président Trump. Le contenu du rapport n’a pas été dévoilé et pour l’heure rien ne paraît avoir « fuité ». Le Président a 90 jours pour décider des suites à donner. Va-t-on vers de nouvelles tensions, cette fois-ci avec l’Europe, le Japon et la Corée ? La « raison » économique ferait répondre par la négative. Mais si le « locataire de la Maison Blanche » veut faire de la politique « sur le dos » de ses alliés, qui pourra l’en empêcher ? Les milieux d’affaire ou le Congrès ? Peut-être ; mais ce n’est pas acquis.

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Hervé Goulletquer est stratégiste de la Direction de la gestion de La Banque Postale Asset Management depuis 2014. Ses champs d’expertises couvrent l’économie mondiale, les marchés de capitaux et l’arbitrage entre classe d’actifs. Il produit une recherche quotidienne et hebdomadaire, et communique sur ces thèmes auprès des investisseurs français et internationaux. Après des débuts chez Framatome, il a effectué toute sa carrière dans le secteur financier. Il était en dernier poste responsable mondial de la recherche marchés du Crédit Agricole CIB, où il gérait et animait un réseau d’une trentaine d’économistes et de stratégistes situés à Londres, Paris, New York, Hong Kong et Tokyo. Il est titulaire d’une maîtrise d’économétrie, d’un DEA de conjoncture et politique économique et diplômé de l’Institut d’Administration des Entreprises de Paris.