La Banque centrale européenne a vécu un changement de taille en abandonnant le dogme d'une inflation « en dessous mais proche de 2% ». L'institution présidée par Christine Lagarde autorise désormais l'inflation à dépasser les 2% de manière temporaire pour soutenir l'activité.
Pas question de remonter les taux d'intérêt, même si l'inflation dépasse l'objectif « en dessous mais proche de 2% » qui faisait figure de dogme à Francfort ces 18 dernières années. Christine Lagarde, la présidence de la Banque centrale européenne, a devancé les résultats de la révision stratégique qui devaient être annoncés cet automne. Parmi ces conclusions, un changement de taille pour l'institution : « les 2% [d'inflation] ne sont pas un plafond », a-t-elle déclaré. Par conséquence, la BCE autorise l'inflation à dépasser temporairement les 2%, ce qui est son niveau actuel dans la zone euro.
Sortie de crise
La hausse des prix est le résultat de la sortie de la crise sanitaire : après une année 2020 catastrophique sur le plan de l'activité, la reprise économique bat son plein au sein des 19 pays de la zone euro. Pas question de briser cet élan, la Banque centrale européenne veut faire en sorte que la reprise s'enracine. Par conséquent, il n'est pas question de sortir l'artillerie monétaire et la hausse des taux d'intérêt pour « refroidir » une activité temporairement en surchauffe.
Un objectif symétrique
Ce nouvel objectif des 2%, plus simple que la formulation alambiquée imposée par la Bundesbank en 2003, se veut de plus « symétrique » : Christine Lagarde a expliqué qu'être en dessous ou au-dessus de ce seuil était « également indésirable ». Il n'y a donc plus d'incitation à afficher une inflation sous les 2%, ce qui pouvait pousser la BCE à agir de manière préventive et à ralentir l'activité. Ce faisant, l'institution européenne s'aligne avec la stratégie adoptée par la Fed américaine l'an dernier.