L’or, un actif réellement « contrarien » ?

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Par Simone Wapler Publié le 12 mai 2017 à 5h00
Or Cours Monnaie Investissement Securite
@shutter - © Economie Matin
2 700On produit environ 2 700 tonnes d'or par an.

Les marchés financiers sont en ébullition partout dans le monde. Donald Trump a promis des baisses d’impôt. Personne ne semble croire que – comme ses deux réformes précédentes (celles de l’assurance maladie et ses engagements de politique étrangère) – celle-ci ne se matérialisera pas.

Il est de plus en plus difficile de trouver quelque chose à acheter à vil prix. Comme l’explique Bill Bonner, la monnaie n’est plus que du crédit. Lorsque les taux sont bas, la monnaie est abondante et tout est trop cher. C’est lorsque les taux sont élevés que vous payez moins cher. L’immobilier, les actions, les obligations… tout est à des sommets. Un seul actif ne l’est pas : l’or.

L’or me semble avoir en ce moment toutes les caractéristiques d’un actif « contrarien ». Lorsqu’on utilise ce terme de contrarien, souvent les gens se méprennent. Ils pensent qu’un contrarien est quelqu’un qui fait le contraire de tout le monde, qui marche à contre-sens de la foule, qui pense avoir raison tout seul dans son coin.

Mais ce n’est pas cela. Un « contrarien » n’est pas un misanthrope masochiste ou suicidaire, ou encore quelqu’un pensant avoir raison CONTRE tout le monde, quelqu’un qui s’oppose à la majorité. Un contrarien est quelqu’un qui pense que là où la foule est déjà, il n’y a aucune bonne affaire à espérer. Un contrarien cherche à acquérir des actifs injustement délaissés. La clé est dans injustement.

Certains actifs sont délaissés pour de très bonnes raisons. Les terres agricoles dans les Causses, l’immobilier à Armentières (59280), les actions EDF… Mais injustement ? Je ne trouve que l’or (et l’argent)…

Ces métaux ont servi de monnaies durant 2 600 ans. L’irruption dans la vie économique de l’or et de l’argent comme monnaie fut une innovation extraordinaire. Auparavant la monnaie était du crédit, des registres de dettes tenus par des sorciers, des prêtres, des scribes, des autorités religieuses et politiques. Le troc n’intéressait qu’une petite économie de proximité. L’or et l’argent ont permis à des gens qui n’étaient pas soumis aux mêmes autorités religieuses ou politiques d’échanger librement. L’usage de l’or et de l’argent se généralisa comme une trainée de poudre, permit de multiplier et d’étendre les échanges commerciaux qui furent ainsi libérés du crédit.

En écrivant ceci, il me vient à l’esprit que le bitcoin permet lui aussi de s’affranchir de toute autorité politique pour échanger. Le bitcoin existe depuis maintenant huit ans et force est de constater que les gens ne se sont pas rués dessus. Une innovation réellement bouleversante se diffuse beaucoup plus rapidement. Pensez aux smartphones par exemple. Plus j’y réfléchis, plus je me dis que l’or et l’argent constituent aujourd’hui des actifs vraiment contratriens. Contrairement à tout le reste, l’or exprimé en dollar est bien loin de ses sommets.

Or et argent-métal ne sont la dette de personne. Ils sont haïs des politiciens, des banquiers centraux et des banquiers. Ce sont des choses tangibles que personne – ni politicien, ni fonctionnaire – ne peut multiplier à l’infini par décret. Ils sont simples à comprendre.

Comme d’habitude, quelqu’un me dira « mais ils ne servent à rien ! » Heureusement, oui, ils sont inutiles, et c’est bien en raison de leur inutilité qu’ils sont monnaies. Vous imaginez une monnaie adossée au blé, au pétrole ou à l’eau et « pilotée par les banques centrales » ? L’enfer paraîtrait préférable…

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Simone Wapler est directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l'éclatement de la bulle internet. Grâce à son expertise, elle sert aujourd'hui, non pas la cause des multinationales ou des banquiers, mais celle des particuliers. Elle a publié "Pourquoi la France va faire faillite" (2012), "Comment l'État va faire main basse sur votre argent" (2013), "Pouvez-vous faire confiance à votre banque ?" (2014) et “La fabrique de pauvres” (2015) aux Éditions Ixelles.