L’industrie au bord de la récession dans la zone euro et à l’échelle de la planète

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Par Marc Touati Modifié le 13 décembre 2022 à 20h39
Crise Subprimes Bourse Recession Marches
@shutter - © Economie Matin
26En 2019, 26 pays apparaissent soit en récession industrielle, soit sur le point d?y entrer, du jamais vu depuis 2011.

Même si les marchés et de nombreux observateurs économiques et financiers ne veulent toujours pas voir la réalité en face, les faits sont là : en janvier 2019, comme en décembre 2018 d’ailleurs, 17 pays subissent une baisse de leur activité industrielle, du moins selon les enquêtes Markit PMI des directeurs d'achat.

Pire, 26 pays apparaissent soit en récession industrielle, soit sur le point d’y entrer, du jamais vu depuis 2011.

Voici le fichier pdf :

EconomicWorld110219

Industrie mondiale : 26 pays en danger immédiat !

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Sources : Markit, ACDEFI

Et non des moindres, puisqu’aux pays habitués à cette triste situation depuis plusieurs mois (tels que Singapour, la Turquie, Taïwan ou encore la Corée du Sud, la Malaisie et l’Afrique du Sud), de nouvelles économies ont dernièrement rejoint ce peloton récessif.

On soulignera bien sûr l’Italie, la Pologne, la République tchèque, mais surtout la Chine et l’Allemagne.

Conséquence logique de ces évolutions, l’indice PMI dans l’industrie mondiale est tombé à 50,7 en décembre, un plus bas depuis août 2016.

Dans ce panorama industriel particulièrement difficile on note néanmoins trois bonnes nouvelles. A savoir, l’amélioration des indicateurs PMI dans trois pays : les Etats-Unis, le Brésil et l’Inde.

Ainsi, outre-Atlantique, en dépit du « shutdown », l’indice Markit PMI a augmenté de 1,1 point en janvier, à 54,9. Et si son homologue dans les services a reculé de 0,2 point, il demeure toujours très favorable à 54,2.

Autrement dit, la croissance américaine n’a toujours pas dit son dernier mot.

Malgré le « shutdown », les indicateurs avancés de la croissance américaine restent bons.

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Sources : BEA, ACDEFI

Autre bonne nouvelle, la poursuite de l’amélioration de la conjoncture au Brésil, où les indices Markit PMI ont atteint des niveaux de 52,7 dans l’industrie et 52,0 dans les services. De quoi confirmer que, sans atteindre des niveaux flamboyants, la croissance brésilienne devrait néanmoins se redresser vers les 2 %.

L’économie brésilienne redémarre doucement mais sûrement.

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Sources : IBGE, Markit, ACDEFI

La situation en Inde est un peu plus mitigée dans la mesure où l’augmentation de l’indice Nikkei PMI dans l’industrie à 53,9 a été compensée par la baisse de son homologue dans les services à 52,2. Des niveaux néanmoins suffisants pour permettre à la croissance indienne de se stabiliser entre 6,5 % et 7 %.

Vers une stabilisation de la croissance indienne entre 6,5 % et 7 %.

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Sources : Mospi, Caixin, ACDEFI

Bien loin de cet optimisme, l’industrie chinoise a continué de souffrir en janvier. Après être déjà passé sous les 50 en décembre 2018, l’indice Caixin des directeurs d’achat dans l’industrie a ainsi encore perdu 1,4 point en janvier 2019, tombant à 48,3, un plus bas depuis février 2016.

Chine : L’indice Caixin dans l’industrie au plus bas depuis février 2016.

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Sources : NBSC, ACDEFI

Certes, l’indice correspondant dans les services demeure nettement au-dessus de la barre des 50, mais il a perdu 0,3 point en janvier à 53,6.

Au global, il est donc clair que la croissance chinoise va revenir vers les 6 % d’ici le printemps-été 2019.

Enfin, la lanterne rouge du monde émergent reste la Turquie, dont l’industrie est en récession depuis un an. Avec un niveau de 44,2 tant en décembre 2018 qu’en janvier 2019, cet indicateur avancé de la croissance turque montre que cette dernière est vraisemblablement passée en territoire négatif dès le quatrième trimestre 2018 et pourrait même rapidement atteindre -1,1 %.

L’économie turque est entrée en récession.

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Sources : OCDE, Markit, ACDEFI

Si l’UEM n’en est fort heureusement pas encore là, elle est cependant entrée en zone dangereuse. Et pour cause, son indice Markit des directeurs d’achat dans l’industrie est tombé à 50,5 en janvier, un plus bas depuis novembre 2014.

Désespoir pour l’industrie en Italie, en Allemagne et dans l’ensemble de la zone euro.

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Sources : Markit, ACDEFI

Encore plus inquiétant, sa locomotive, en l’occurrence l’Allemagne s’enfonce de plus en plus. En janvier, l’indice Markit PMI de l’industrie allemande s’est effondré de 1,8 point, tombant à 49,7, un plancher depuis novembre 2014. Et même si son homologue dans les services s’est redressé à 53,0 en janvier, la « messe » est dite : l’économie germanique va continuer de souffrir, au moins jusqu’au printemps-été 2019.

Mais, comme cela s’observe depuis l’été dernier, la palme de la dépression demeure « scotchée » en Italie. Dans l’industrie, l’indice Markit PMI a ainsi perdu 1,4 point en janvier, tombant à 47,8 un plus bas depuis mai 2013. Dans les services, il a reculé de 0,8 point, repassant sous la barre des 50, à précisément 49,7.

La récession italienne s’intensifie.

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Sources : Eurostat, Markit, ACDEFI

Autrement dit, après être retombée en récession dès le second semestre 2018, l’économie italienne n’est malheureusement pas près de retrouver le chemin de la croissance. Ce qui ne manquera évidemment pas de susciter une nouvelle hausse du chômage, des déficits publics et de la dette. Merci M. Salvini !

Enfin, pour couronner le tout, l’indice Sentix de confiance des investisseurs dans la zone euro a continué de chuter, perdant encore 2,2 points en février et atteignant un plancher depuis novembre 2014.

Depuis son précédent sommet de janvier 2018, cet indice accuse ainsi un effondrement de 36,6 points. Du jamais vu depuis 2011 !

Indice Sentix dans la zone euro : – 36,6 points en un an, du jamais vu depuis 2011 !

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Sources : Sentix, Eurostat, ACDEFI

Pourtant, en dépit de toutes ces déconvenues et de ces évidents signes de fort ralentissement, les marchés boursiers continent de faire « comme si de rien n’était » ou presque.

Jusqu’au jour où ils vont enfin admettre la réalité. Et le réveil sera forcément brutal et douloureux.

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Marc Touati est économiste, auteur du "dictionnaire terrifant de la dette", paru aux Editions du Moment, Président du cabinet ACDEFI, Maître de conférences à Sciences Po Paris.