La suppression de l’ISF « Impôt de Solidarité sur la Fortune » vient d’être votée à l’Assemblée Nationale par 77 voix contre 19.
Censé faire passer la pilule aux éternels jaloux, l’IFI - Impôt sur la Fortune Immobilière - le remplace. Il est assis sur une estimation annuelle douteuse de la valeur hypothétique de biens immobiliers, sans tenir aucun compte des revenus réels de l’assujetti. Qu’importe, l’IFI répond au sophisme : « si votre résidence est évaluée à plus d’1 300 000 €, vous êtes ‘riche’, donc l’État vous surtaxe ! ». Ne reste plus que la moitié du chemin à faire.
C’est « un impôt d’une injustice absolue » résume le député LR Gilles Carrez... On en connait l’absurdité avec la Mamie de l’Ile de Ré, confirmée par quelques précisions chocs dans « Le Figaro » du 20 octobre 2017 : « 78 500 ménages soumis à l’ISF déclarent moins de 51 000 € par an, 16 750 foyers ont moins de 18 700€ et 5400 moins de... 3200 € de revenus par an ! »
L’IFI, symbole de gauche sera l’un des derniers vestiges de la lutte des classes. Il est l’avatar de l’IGF -Impôt sur les Grandes Fortunes- mis en place par Mitterrand pour consoler le peuple de son appauvrissement. Mis à part Jacques Chirac qui l’avait supprimé en 1986 sous la première cohabitation avant qu’il soit rétabli en 1988 par Rocard sous le vocable ISF -Impôt de Solidarité sur la Fortune-, aucun gouvernement ni même celui de Macron n’a osé l’abroger intégralement... Pour l’instant ! L’introduction par les socialistes du mot « solidarité » dans ISF devait évoquer pour leur clientèle, une « redistribution des richesses ». La gauche faisait fi de la fuite des capitaux vers des cieux plus sereins et préférait créer et entretenir des clivages artificiels au sein de la nation avec la stigmatisation du contribuable de classe moyenne.
Pourtant, en matière d’immobilier, la « richesse » se compte en tuiles (au sens propre comme au figuré), en briques, parpaings ou en terre ! Il est surtout question de risques et non de « rente », de sacrifices et non de « fortune », de prévoyance et non de « spéculation », de sur-taxation et non d’« impôt », de vol et non de « justice »... Essayons ensemble d’y voir plus clair.
Clivage générationnel, la lutte des classes appartient au vieux monde
Le rêve français demeure la propriété immobilière. Or si la moyenne des propriétaires en Europe est de 70% selon Eurostat, il n’y en a que 64.3% en France contre 95.6% en Roumanie ! Que je sache, les Roumains ne sont pas de « sales riches propriétaires » que d’aucuns stigmatisent à l’instar de Monsieur Mélenchon ! Nos parents et grands-parents ont connu la faim et les privations, de celles qui par bonheur ne touchent plus personne aujourd’hui en France. Les bruits de bottes se sont tus. Nos aïeux forts de leur expérience malheureuse, nous ont appris à être responsable : à bien faire avec peu de moyens, à nous débrouiller, à ne pas gaspiller, à épargner pour « assurer nos arrières » et ceux de nos familles, au cas où... Ils n’imaginaient pas que trente-cinq ans plus tard, avec leur propension à dilapider l’argent des autres, des socialistes inventeraient un impôt pour piller les plus prévoyants d’entre nous, ces contribuables de classe moyenne et ces nouveaux pauvres qu’avec dédain, ils nomment hypocritement « les riches ».
Aujourd’hui, le consumérisme à outrance, et le gaspillage sont la norme. Dans ces conditions, difficile d’épargner ! Quant au maintien d’un IFI, il entretient et attise cette tare bien française qu’en même temps Emmanuel Macron dénonce, cette mentalité de voleur qu’il appelle « jalousie » !
La tuile surtaxée participe de l’abandon du secteur du bâtiment
Ils ont acheté leur logement grâce aux emprunts bancaires, au fil des années ont agrandi pour abriter leurs parents vieillissants ou leurs enfants dans le besoin. Ils ont compris que ni leurs retraites ni l’État ne suffiraient lorsque viendrait l’âge de la grande dépendance et que leur patrimoine immobilier serait alors leur « assurance fin de vie ». Ils ont accru et amélioré le marché locatif, et ont parfois restauré, réparé, entretenu un petit bout de notre patrimoine national... Ces présumés « riches », coupables de vivre en zone tendue ou prisée, n’ont plus de budget pour des travaux rendus obligatoires... d’où l’abandon jusqu’au délabrement de nombreuses propriétés et copropriétés qui se dégradent en France. Ces contribuables ISF ont tellement payé de taxes sur ces logements et travaux d’entretien qu’il leur faudra en plus payer chaque année l’IFI, un impôt sur l’impôt !
L’immobilier, une aventure à risques loin de la « rente » d’une assurance vie par exemple !
Qui peut certifier que son logement ne pâtira pas de circonstances naturelles ou artificielles lui faisant perdre tout ou partie de sa valeur ? Sècheresse, fissures et dégradations des fondations jusqu’à l’effondrement, usure du littoral, insécurité nouvelle, bruit de circulation accru, etc... Combien de logements proposés au « prix du marché » ne trouvent ni locataire, ni acheteur ? De plus, dans les fameuses zones tendues ultra-taxées, les recherches sont majoritairement « de confort » et non « de nécessité ». Ces logements restent donc vides. Aux propriétaires désargentés, les yeux pour pleurer : que de nouveaux sacrifices pour rembourser les prêts bancaires et payer Bercy ! Quand on sait qu’il faut 20, 30, 40 ans... pour amortir un investissement immobilier, où est la prétendue « rente » ?
Même la Mafia ne rackette que les revenus de ses victimes !
S'attaquer à un potentiel vénal au futur incertain ruinerait ses proies et par conséquent anéantirait sa source de revenus... Tant qu'il n'y a pas de vente, il n'y a pas de « fortune » mais évaluation théorique d'un patrimoine. Ainsi dans sa globalité, l'ISF -Impôt Sans Fondement- est basé sur des « si » : « si on mettait Paris en bouteille... », « si on mettait la bêtise en orbite...», « si ce foyer fiscal vendait maintenant, voilà ce qu'il en tirerait... » c’est le fantasme annuel de décembre sur la valeur aléatoire d'un patrimoine immobilier !
Que votre bien disparaisse un jour, que vous le vendiez demain, ou en ruine dans 50 ans, jamais l’État ne vous dédommagera des sommes indûment perçues ! Déjà largement taxé tant sur sa valeur théorique (droits de mutations jusqu'à 60%, taxes foncières, taxe sur les permis de construire) que sur son rendement (imposition des loyers), cette évaluation fluctue aux gré des évènements avec toutes les incertitudes liées à l’environnement et la responsabilité qui incombe à son titulaire aisé ou pauvre.
L’immobilier c’est le bâtiment, le moteur clef de l’économie française
De l’argent « improductif », l’épargne investie dans l’immobilier ? Cet argument avancé par les macronistes ne tient pas non plus. En effet, « Le bâtiment c'est aussi l'économie réelle : 409.500 entreprises 1.427.000 d’actifs et 126 milliards d’euros hors taxes en travaux immobilier. » résume sur Twitter Frédéric Douet, professeur de Droit fiscal à l’université de Rouen.
Pour finir, rappelons que « la propriété est le droit de jouir et de disposer des choses de la manière la plus absolue...» (article 544 du Code civil). Or en principe, l’État est garant du droit à la propriété individuelle... Est-ce le cas quand ses exigences fiscales idéologiques obligent le contribuable à renoncer à sa propriété ? Comme le souligne le Président de la République « Si l'on commence à jeter des cailloux sur les premiers de cordée, c'est toute la cordée qui dégringole » alors pourquoi décourager cette forme de « réussite » au prix de travail et de sacrifices pour ne dépendre de rien ni personne, surtout pas de l’État providence ? Pour Emmanuel Macron qui préfère jongler avec des lignes de comptes boursiers que se risquer dans la pierre, sont-ce des « gens qui ne sont rien » ? Allez, encore un petit effort, Mesdames et Messieurs les ministres et députés, jetez l’IFI à la poubelle. De toutes façons, quoi que vous fassiez pour soulager le contribuable français qui désespère, les « indignés » professionnels s’indigneront...
Article publié initialement ici.