En étude des réalités économiques élémentaires, une première précaution évite une erreur initiale de méthode, une deuxième rend possible de rester conceptuellement rigoureux.
Le prologue auquel je vais renvoyer cite deux Français. Le premier est Paul Valéry. En 1896, une revue lui demanda un compte-rendu de lecture des Éléments d’économie politique pure de Léon Walras, devenu en histoire des idées l’auteur de la magna carta de la pensée économique moderne. Dans ce compte-rendu, Valéry reproche à Walras l’insuffisance de « l’analyse primitive des faits qui doit précéder l’analyse mathématique ».
Dans les années 1970, ce qui en sélection d’idées directrices vient peu après la percée de la mathématisation marginaliste en théorie des prix, Paul Fabra, sans alors savoir qu’il reprenait presque mot à mot un verdict de Paul Valéry, prévient : « [en économie politique] l’usage des mathématiques doit être précédé d’une analyse serrée des concepts utilisés. Si ceux qu’on emploie sont inconsistants, on aura beau développer toutes les équations qu’on voudra, on aboutira à des résultats incohérents. » On s’éloignera de la deuxième précaution à prendre : extraire des concepts recevables en logique des ensembles finis à partir des notions de marchandise, de capital, de travail, de rentabilité et de productivité, entre autres. On entretiendra l’incapacité de professeurs et de chercheurs à voir pourquoi le traitement marginaliste du problème de la cherté est scientifiquement irrecevable.