Notre espèce, grégaire, utilise l'économie du partage depuis des millions d'années. Elle le fait depuis bien avant l'invention de la monnaie.
La phénoménale accélération du numérique permet aujourd'hui de louer, d'échanger, de prêter ou de donner jusqu'aux plus petits objets et services. Même un sac de terre trouve désormais preneur ! À tel point qu'il est possible d'envisager, à nouveau, une société sans argent.
Une économie qui pourrait aller plus loin qu'on ne le pense
Les contraintes monétaires du plus grand nombre pousseront inexorablement en avant les plateformes qui privilégient le « gratuit ». Et moins chacun-e d'entre nous possèdera tel ou tel type d'objet, plus ces plateformes se révèleront utiles. Des secteurs économiques importants sont déjà déstabilisés par l'essor rapide de cette économie : hôtellerie, transports, distribution... gare à celui qui ne s'adapte pas très vite ! Et elle se disrupte déjà elle-même : par exemple, Vélib, qui a figuré parmi les « déclencheurs psychologiques » du partage, est talonné par des plateformes de vélos sans bornes d'attache, car géolocalisés.
Une vraie opportunité pour l'écologie...
Sur le plan environnemental, cette manière d'échanger est une vraie opportunité : « fab labs » et « coworkings » permettent de mettre en commun les outils, le mobiliers et l'espace, tout en réduisant les besoins de transport... Une auto individuelle roule à peine 5 % de son temps, et illustre bien à quel point notre époque gaspille. Un vélo qui sert à 50 personnes, ce sont 49 vélos individuels qu'il n'a pas été nécessaire de produire, et autant de mètres carrés qu'on n'a plus à construire pour les abriter... Dans ce monde, qui va bientôt accueillir plusieurs milliards d'individus supplémentaires, et dont l'espérance de vie s'accroît, l'économie du partage a de beaux jours devant elle. D'autant que nous devons réduire dans le même temps de plus d'un tiers notre prédation de ressources naturelles !
Pour la nourriture, la loi impose désormais de valoriser les invendus, avec une répercussion directe sur la quantité de nourriture donnée gratuitement. Il est probable que les taxis autonomes permettront de diviser par dix à cinquante le nombre de véhicules circulant dans nos rues. A nous de remplacer, au passage, les parkings par des bacs de « nourriture à partager », comme il y en a déjà ici et là. Mais prenons garde à l'effet "rebond", car une baisse du coût lié au partage entraîne parfois un surplus de consommation de l'objet en question...
...mais qui ne suffira pas à elle seule pour assurer la transition
Il reste donc nécessaire de partager aussi la connaissance, de sensibiliser sur les enjeux de notre époque que sont, entre autres, la consommation et la pollution des ressources naturelles. A cet effet, des entreprises diffusent gratuitement leurs inventions, et des hommes et femmes offrent leur savoir en ligne via des MOOCs. L'urgence environnementale est telle que chacun-e peut, et doit, contribuer à la transition, en agissant dans son quotidien, au travail comme dans la vie privée, en « partageant » l'information sur les enjeux, et sur les solutions qui existent. Les réseaux sociaux, e-mails, journaux et éco-balades sont là pour nous y aider.