Cela ne va pas améliorer le peu d'estime que les Français ont pour les journalistes ! L'Idies (Institut pour le développement de l'information économique et sociale) s'est penché sur l'état de l'information économique et sociale dans son rapport 2013. Et donc sur le savoir-faire des journalistes en matière d'économie. Sont-ils capables d'en rendre compte de manière satisfaisante ? Ont-ils les moyens d'analyser les problèmes qu'elle soulève et dont la complexité est croissante ? Ont-ils suffisamment d'autonomie pour traiter de manière satisfaisante d'un domaine où les intérêts en présence sont considérables ? Bof, répond le rapport ! « Il est permis d'en douter ».
Pourquoi ? « Pour au moins cinq raisons », parmi lesquelles la formation des journalistes -seuls 6% d'entre eux ont suivi une formation en économie ou en gestion, soit deux fois moins qu'il y a dix ans-, à la nouvelle force de frappe des services de communication des entreprises, à l'accélération de l'information, et au bouleversement du modèle économique des médias : moins de journalistes dans les rédactions, et notamment moins de journalistes spécialisés (appelés les « rubricards, au contraire des reporters généralistes, tous terrains voire multi-supports, dont les effectifs stagnent au augmentent), plus d'informations à traiter et donc moins de temps pour peaufiner une analyse ou comprendre une situation complexe. Par exemple, le service économique du quotidien Le Parisien est passé de 24 à 5 journalistes.
Résultat, d'après le rapport, « toutes ces tendances fragilisent l'information économique, au moment même où les questions dont elle traite devraient être placées au coeur du débat et où les attentes du public ne cessent de s'élever ».
Et les journalistes ont eux-mêmes conscience de leurs limites : 68% d'entre eux disent avoir le sentiment d'être insuffisamment formés.