Jeunes de France, notre salut est dans nos mains !

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Par François-Xavier Bellamy Modifié le 10 septembre 2012 à 16h24

C'est la rentrée ! En cette période où des millions de jeunes retrouvent le chemin des cours, l'actualité semble accumuler sur leur avenir des nuages plus noirs que jamais. C'est le moment qu'ont choisi trois auteurs pour signer dans Libération une tribune au titre encourageant : "Jeunes de France, votre salut est ailleurs !"

Le texte qui s'ensuit est un passionnant mélange de toutes les pulsions qui habitent l'inconscient collectif de notre génération.
La première d'entre toutes, un fatalisme à tout épreuve, qui proclame avec assurance l'inéluctable déclin de nos sociétés occidentales, en trouvant d'ailleurs des raisons de s'en réjouir : notre pauvreté future, et bien méritée, serait le corrélat nécessaire du développement du tiers-monde - comme si l'activité humaine, dépourvue de toute créativité, était un jeu à somme nulle...

La même passivité inspire un discours victimaire, qui nous présente comme des "ânes sans oreilles", maltraités par une gérontocratie qui nous abuse. Je ne nous pensais pas si bêtes ! Cette lamentation puérile converge avec un individualisme absolu, qui ne se reconnaît aucun héritage et aucun devoir, puisque nous sommes "du monde tout entier". Le propos aboutit donc à un résultat simple et logique : "Barrez-vous !"

De deux choses l'une : soit nos auteurs ont voulu expliquer qu'il était bon d'aller voir ailleurs comment tourne le monde pour revenir plus intelligents. Voilà qui n'est pas bien nouveau ; il aurait suffi de rappeler que "les voyages forment la jeunesse", rien n'a changé de ce point de vue. Soit il faut prendre au sérieux leur argumentation, ce qu'ils semblent parfois ne pas oser faire eux-mêmes.

La France est en crise. La croissance est ailleurs, vous ne devez rien à personne : partez ! Alors, cette incitation à l'évasion apparaît brutalement dans sa prodigieuse lâcheté. Jeunes de France, notre pays va mal. Il est inutile de détailler les difficultés dans lesquelles il se trouve pris ; si nous ne les connaissons pas toutes, elles viendront à nous bien à temps. Ne nous plaignons pas que notre pays nous a manqué : c'est nous qui manquerions à notre pays.

Toutes les portes nous sont grandes ouvertes, pourvu que nous voulions les pousser. Nous aurons toutes les solutions, si nous voulons les inventer. Cela suppose simplement de faire face, au lieu de tourner le dos. C'est peut-être la seule chose que nous puissions reprocher aux responsables qui nous ont précédé : avoir trop souvent tourné le dos, et ainsi brûlé l'avenir pour éviter d'assumer le présent. Mais la tentation paraît bien partagée... Y cèderons-nous à notre tour ?

Nous n'en avons pas le droit. Pour une raison simple : nous ne sommes pas de nulle part. Nous ne nous sommes pas faits tout seuls.
Certes, rien n'est parfait dans notre pays ; mais enfin, arrêtons avec cette malhonnête ingratitude : qu'avons-nous que nous n'ayons reçu, de nos familles, de nos amitiés, de ces solidarités locales et nationales, de cet effort collectif qui s'appelle un pays ? Qui s'appelle pour nous la France ?

Cet effort-là, la langue, l'histoire, la culture que nous avons reçues, le modèle social qui nous a vu naître, grandir, apprendre, tout cela, nous en sommes débiteurs. De tout cela, nous voilà donc responsables. Responsables, nous le sommes dès maintenant. L'heure n'est plus à l'insouciance, mais à l'exigence. Quelle que soit notre voie, nous ne pourrons nous contenter de l'à-peu-près.

Sans doute sera-ce le lot de notre génération, après quelques décennies de facilité. Mais soyons assurés que, des batailles qui nous attendent - celle de la justice, de l'emploi, de l'école - aucune ne sera jamais perdue avant que nous ne l'ayons livrée. Seul le mercenaire s'enfuit à l'heure du danger : le résistant sait que rien n'est joué d'avance. L'évasion qu'on nous propose n'est pas une solution, elle est un aveu d'impuissance.

Et le plus triste, dans cette histoire, c'est de voir notre génération appelée à cette résignation calculatrice pourtant si peu de son âge...
Où sont la fougue, la volonté et la jeunesse ? Bref, ce n'est pas le moment de dégager ; c'est le moment de s'engager. Formons-nous, et allons à l'étranger si c'est pour mieux nous former.

Mais que notre but soit très clair ! Notre pays a besoin de nous pour surmonter les défis qui l'attendent, et nous n'allons pas lui faire défaut maintenant. C'est aussi le meilleur service que nous puissions rendre à l'équilibre du monde. Jeunes de France, notre salut à tous n'est nulle part ailleurs que dans nos mains. Ne vous barrez pas : battez-vous !

Cliquez ici pour lire également la réponse d'Eric Verhaeghe à la tribune de Libération.

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François-Xavier Bellamy est normalien, agrégé de philosophie. Il enseigne actuellement en lycée, après avoir été chargé de mission pour les études au cabinet du Ministre de la Culture et de la Communication, puis conseiller technique au cabinet du Garde des Sceaux, Ministre de la Justice. Il est maire adjoint (sans étiquette) à Versailles, délégué à la jeunesse et à l'enseignement supérieur.