Le fonds d’investissement européen HLD a le vent en poupe. Spécialisé dans le « private equity » (capital-investissement), le groupe pilote aujourd’hui un portefeuille réunissant 18 entreprises, pour un chiffre d’affaires cumulé de 2 milliards d’euros et une croissance annuelle moyenne de 12%. Le succès de HLD est dû en grande partie à la vision de l’investissement prôné par son cofondateur Jean-Bernard Lafonta : accompagner sur la durée les entreprises à fort potentiel de croissance afin qu’elle puisse créer un maximum de valeur. Retour sur le parcours de la figure du private equity français.
Fraîchement diplômé de l’École Polytechnique et de celle des Mines, Jean-Bernard Lafonta débute sa carrière comme ingénieur au sein de l’entreprise de construction électromécanique Jeumont Schneider. Il se confronte par la suite aux rouages des cabinets ministériels, auprès de Michel Delebarre, alors ministre de la Ville, puis de Ségolène Royal au ministère de l’environnement.
En 1993, Jean-Bernard Lafonta fait ses premiers pas dans la banque d’affaires en signant un contrat chez Lazard, spécialiste du conseil financier et de la gestion d’actifs. Son savoir-faire dans la finance attire l’attention du PDG de la BNP Michel Pébereau, qui le recrute en qualité de Directeur de la stratégie. Il gravit rapidement les échelons pour devenir Responsable des marchés de capitaux et par la suite Président de Banque Directe. En 1999, il prend la direction d’Axa Banque.
Cet homme pressé prend ensuite la tête de la Compagnie générale d’industrie et de participation (CGIP), à la demande d’Ernest-Antoine Seillière. Il travaille à moderniser la holding et à réorienter sa stratégie. Parallèlement, CGIP et Marine-Wendel, les deux holdings cotées de la famille Seillière, fusionnent pour donner naissance à la société d’investissement Wendel. Jean-Bernard Lafonta devient en 2001 Directeur Général du groupe.
Dès lors, le nouveau directeur instaure une stratégie payante : celle du temps long. Sous son égide, Wendel privilégie en effet les participations majoritaires dans des entreprises non cotés à fort potentiel de développement. Une politique pionnière dans un univers professionnel où la rotation accélérée des sociétés en portefeuille est pourtant la norme. Qu’à cela ne tienne, l’ADN d’entrepreneur de Jean-Bernard Lafonta le pousse à préférer l’accompagnement des entreprises sur la durée.
Le moins que l’on puisse dire, c'est que les résultats sont là. Trois ans seulement après l’arrivée aux manettes de Jean-Bernard Lafonta, le groupe double sa capitalisation boursière. La stratégie du polytechnicien se révèle tout particulièrement porteuse lors de l’introduction en bourse de Legrand et Bureau Veritas. En 2006, l’actif net réévalué de Wendel atteint 5,5 milliards d’euros, contre 1,2 en 2001. Face à ces résultats, Ernest-Antoine Seillière le nomme Président du Directoire dès 2005. Un véritable adoubement dans la mesure où Jean-Bernard Lafonta devient la première personne à occuper ce poste sans être issue de la famille Seillière.
Mais la success-story de notre homme ne s’arrête pas là. En 2010, il décide de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale et cofonde la société d’investissement HLD. Avec 80 millions d’euros de fonds propres provenant de grands patrons européens, Jean-Bernard Lafonta et ses associés choisissent d’investir dans des ETI de croissance à profil entrepreneurial. Encore une fois, le pari s’avère payant. Sept ans plus tard, l’investissement est déjà 12 fois supérieur au capital initial et HLD s’est offert 5 milliards d’euros de valeur d’entreprise. Aujourd’hui, le groupe accompagne 18 entreprises dans leur développement. Réunies, ces dernières emploient 24 000 salariés, génèrent plus de 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires et connaissent une croissance annuelle moyenne de 12%. HLD indique aussi disposer d’une capacité d’investissement de 500 millions d’euros de fonds propres par an.
Des chiffres qui s’expliquent encore une fois par l’introduction du facteur temps dans son modèle du capital investissement. « Le temps nécessaire pour que se concrétise un potentiel de croissance n’est pas normé. Il est variable, parfois aléatoire, mais c’est de lui, beaucoup plus que de l’effet de levier, que viendra la création de valeur. […] Un travail en profondeur sur une durée longue permet d’égaler des retours exceptionnels. Ce sont ces investissements qui permettent d’atteindre les meilleures performances mondiales, y compris en termes de rentabilité financière », précise Jean-Bernard Lafonta.
Les bonnes performances du groupe proviennent également d’un portefeuille de participations diversifiées, comprenant plusieurs pépites industrielles comme Kiloutou (location matériel), Microwave Vision (système électronique) ou encore TSG (équipements pour le secteur de l’énergie). On peut aussi citer d’autres société à succès comme SVR (laboratoire dermatologique), Rafaut (fournisseur pour l’aviation civile et militaire) Photonis (numéro un mondial de la photo-détection), ba&sh (marque de prêt-à-porter féminin) ou encore 52 Entertainment (leader mondial du bridge en ligne).