Islamisme radical et mondialisation économique

Par Bertrand de Kermel Publié le 25 janvier 2022 à 5h04
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0,2%La Banque Mondiale a revu à la baisse de 0,2% ses prévisions de croissance pour 2022.

Le thème de l’islamisme radical et de l’immigration incontrôlée est qualifié par certains futurs candidats d’enjeu de civilisation. Problème : il y a d’autres sujets aussi graves, que les candidats n’aiment pas aborder, car ils le connaissent mal. On peut citer la prise de contrôle des démocraties occidentales par les très grandes multinationales américaines et européennes.

Propos excessif donc irrecevable ? Pas du tout ! Au salon Vivatech, le 15 mai 2019, Le Président de la République avouait : «Le modèle économique des Etats Unis n’est plus sous contrôle démocratique. Donc il n’y a plus un gouvernement aux Etats-Unis qui peut vous garantir sur le respect de votre privée, ou sur de vraies politiques comme le changement climatique » . «L’Opinion» 16 mai 2019 » L’Europe est sur la même voie. Dire le contraire est un mensonge.

Comme ce fut le cas aux Etats Unis, la prise de contrôle de l’Europe est souterraine, et se réalise à Bruxelles avec la bénédiction des 27 capitales au moyen de six outils principaux.

Des moyens appliqués aux Etats Unis, puis imposés à Bruxelles.

On peut citer : un lobbying intense à Bruxelles, avec conflits d’intérêts et corruption si nécessaire (cf par ex Klaus Schwab, Le Figaro 16 janvier 2017), ainsi que l’asséchement des ressources des Etats par l’évasion fiscale, devenue extrêmement simple avec la mondialisation.

Toujours dans la déloyauté, il faut citer la concurrence faussée dans le commerce mondial, qui pousse à la délocalisation, car les clauses sociales et environnementales de tous les accords de libre-échange sont facultatives. Or, les écarts de charges sont colossaux.

La «coopération réglementaire» est le quatrième outil. Celle-ci prévoit qu’avant toute communication aux peuples, les projets de Lois européens et nationaux soient présentés pour avis aux signataires des accords de libre-échange. Les lobbies se frottent les mains devant une telle naïveté, qui leur assure le contrôle de nos législations.

Ajoutons l’interdiction purement doctrinaire de créer de nouveaux services publics dans des secteurs ne figurant pas sur une liste dite «négative», fixée par l’Union Européenne en 2014. Cela concerne également les secteurs qui n’existent pas encore ! Cette liste est incluse dans le CETA. Elle n’a jamais été publiée dans la presse. Pourquoi ?

Enfin, il faut citer le projet de création d’une Cour d’arbitrage internationale supra nationale, concoctée dans le plus grand secret, qui sera réservée aux seuls investisseurs étrangers, en cas de préjudice résultant par exemple en raison d’une loi de protection de l’environnement. Elle ne sera liée ni par le droit national, ni par le droit européen. Les entreprises nationales devront se contenter de leur justice nationale, qui, elle, doit respecter le droit et la jurisprudence nationale. Deux jurisprudences différentes pour un même préjudice, en fonction de la nationalité du plaignant. Belle discrimination au détriment des entreprises nationales, qui piétine l’article 2 alinéa 5 de la constitution française.

Il faut tout remettre à plat.

Il est clair qu’un tribunal supra national pouvant s’abstenir de respecter les législations et la jurisprudence nationales, accompagné de coopération règlementaire dont le but non avoué est de court-circuiter les peuple en verrouillant dès le départ tous les textes législatifs, est à l’évidence un outil de contrôle sans précédent et irréversible de nos démocraties.

Le Ministre Bruno Le Maire se dépense sans compter pour réindustrialiser la France. Il a même déclaré : « Nous nous sommes aperçus que nous étions peut-être allés trop loin dans les délocalisations industrielles, dans l'abandon de notre souveraineté économique, dans le partage de la valeur mondiale, avec une idée désormais dépassée que tout ce qui peut se produire moins cher doit se produire ailleurs».

Il est donc clair que les accords de libre-échange doivent être renégociés d’urgence, car ce sont eux et eux seuls qui ont conduit à ce résultat.

Le Président de la République Française a lui-même dressé un bilan terrible de la mondialisation dans un discours à l’ONU du 22 septembre 2020. Il contient toutes les critiques évoqués au paragraphe ci-dessus. On trouvera également ici des articles de presse explicitant ces critiques.

Ce bilan s’explique par système profondément injuste.

Plus les écarts de charges entre les pays sont grands, plus les méga entreprises font fabriquer des produits à bas prix dans les Etats qui ne respectent ni les droits de l’Homme ni l’environnement. Elles revendent ces produits sans droits de douane aux pays occidentaux à des prix intenables pour les entreprises nationales, (les condamnant à délocaliser ou à disparaître), tout en conservant des marges considérables pour elles.

L’entreprise française qui reste en France et paye loyalement ses impôts, ne peut pas lutter. Elle est toujours perdante. Voilà essentiellement comment la France a été désindustrialisée en vingt ans, et dépouillée de pans entiers de sa souveraineté.

Si on se limite à offrir des subventions pour faciliter les relocalisations, sans les inscrire dans un plan d’ensemble réformant fondamentalement les accords de libre-échange, on ne réglera rien. Les entreprises repartiront quand l’horizon mondial se sera à nouveau éclairci. La folie, disait Einstein, est de recommencer toujours la même chose en attendant un résultat différent.

Equilibrer les droits et les devoirs de toutes les parties prenantes.

Objectif de ces renégociations : parvenir à un équilibre entre les droits et les devoirs de toutes les parties concernées par ces accords (Etats, entreprises et citoyens), de façon à répartir équitablement les fruits de l’économie mondiale entre tous.

Quelles propositions ? La société civile a écrit plusieurs ouvrages ou notes qui se recoupent souvent. Voici un exemple

Les Autorités Européennes ne veulent rien changer. Comment vibrer pour cette Europe là ?

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Ancien directeur général d'un syndicat patronal du secteur agroalimentaire, Bertrand de Kermel est aujourd'hui Président du comité Pauvreté et politique, dont l'objet statutaire est de formuler toutes propositions pour une "politique juste et efficace, mise délibérément au service de l'Homme, à commencer par le plus démuni ". Il est l'auteur de deux livres sur la mondialisation (2000 et 2012)