Si le risque n’existe plus, l’assurer devient inutile

Cropped Favicon Economi Matin.jpg
Par Simone Wapler Publié le 25 avril 2018 à 5h00
Bitcoin Risques Systeme Monetaire
@shutter - © Economie Matin
2009Le bitcoin a été lancé en 2009.

L’épargne est devenue inutile, le système financier n’en a plus besoin pour créer du crédit. Le risque de défaut semble avoir disparu…

Vendredi les marchés américains ont encore baissé. L’or reste timidement en dessous de la barre des 1 400 $ l’once. Les obligations de l’Etat américain ou des Etats européens ont remplacé l’or comme actifs refuges. A la conférence Bitcoin – Biarritz 2018, H16 développait l’idée suivante : « Puisque le risque n’existe plus, les gens n’ont plus besoin d’acheter d’or. En cas de crise grave, les gouvernements et les banques centrales interviennent et les contribuables mettent la main à la poche. Plus de risque de défaut à assurer, donc l’or devient inutile… ».

J’ai pu constater durant cette journée que le système monétaire et financier actuel reste toujours très mal appréhendé par la plupart des gens. L’argent n’existe plus maintenant que très majoritairement sous forme de crédit. Si vous obtenez une licence bancaire, les milliers de pages de réglementation vous permettent de faire surgir de 20 € à 30 € de prêts (ou $ , £… selon la juridiction dont vous dépendez) pour 1 € de fonds propres.

Les fonds propres représentent l’argent que vous-même et vos associés ont mis au pot pour constituer le capital social de votre banque. Si vous prêtez à l’Etat, vous n’avez même pas besoin d’immobiliser vos fonds propres car les milliers de pages de réglementation prévoient que l’Etat ne peut pas faire faillite et donc que votre prêt est sans risque.

Les banques n’ont pas besoin de votre épargne pour prêter

Lorsque les intérêts des prêts que vous avez consentis tombent, si vous en remettez une partie dans vos fonds propres, vous pouvez prêter encore plus. Si jamais vos fonds propres sont engloutis parce que vous avez accordé un mauvais prêt mais que vous êtes une banque « trop grosse pour faire faillite », votre gouvernement vous sauvera.

Il résulte de ce système que l’épargne devient inutile. Les banques n’ont pas besoin de votre argent pour prêter. C’est pour cela que la rémunération de votre épargne est devenue ridiculement faible. Avec ce système le crédit croit sans limite. Les prix n’ont donc plus vraiment de plafond. En réaction à ce crédit illimité, un mystérieux Satoshi Nakamoto a décidé d’inventer un système électronique de paiement indépendant où les unités de compte seraient limitées à 21 millions. En 2016, 75% des bitcoins existent déjà sur le marché et en 2024, 93,75% des bitcoins seront déjà produits ou minés.

« Or numérique », bitcoin et amour à l’état solide

Le bitcoin n’est pas de « l’or numérique ». C’est une monnaie immatérielle. Croire à « l’or numérique » reviendrait à croire que l’amour peut exister à l’état solide. Par conception, le système bitcoin ne permet pas à quelqu’un de dépenser ce qui n’existe pas. Alors que par conception, le système monétaire et financier actuel est conçu pour que certains privilégiés puissent prêter de l’argent qui n’existe pas et surtout à des gouvernements ou à des multinationales bénéficiant d’une bonne note de crédit.

Ceux qui changent leur monnaie immatérielle (euro, dollar, livre, yen…) contre du bitcoin tout aussi immatériel ont simplement la quasi-certitude que la quantité de bitcoins changera très peu. Au contraire, la quantité d’euros, dollars, etc. est laissée au bon vouloir de technocrates omniscients (les banquiers centraux).

Les coupables de la prochaine crise enfin démasqués

Lorsque la prochaine crise financière éclatera, il sera difficile de faire porter le chapeau à un hedge fund bizarre, aux valeurs internet, à l’immobilier subprime, ou encore au crédit étudiant, à Trump et ses taxes douanières, au changement climatique, à l’Alzheimer des abeilles désorientées par un pesticide…

Même ceux qui ne connaissent rien au système monétaire et financier ont compris que le crédit gratuit des banquiers centraux et les milliers de milliards octroyés depuis 2008, n’étaient pas pour eux mais avaient gonflé des bulles financières épiques. Les fauteurs de trouble désignés seront les banquiers centraux et les banques commerciales.

L’avenir du bitcoin ?

Nous serons bientôt fixés Le futur du bitcoin et celui du système monétaire et financier se joueront lorsque la prochaine crise éclatera. Soit l’enfumage se poursuivra et une super-monnaie de même nature que les autres mais pilotée par le FMI prendra le relais. Soit les gens se réfugieront dans un système de transaction où les unités de comptes sont limitées et attribuées honnêtement : on en a ou pas et pour en prêter, il faut en avoir.

Bitcoin et fiscalité

S’il existe un lien aussi fort entre monnaie et Etat, ce n’est que pour une seule raison : le prélèvement de l’impôt. Si tout le monde décidait de commercer, échanger en bitcoins, alors l’Etat, incapable de vous saigner à la source, serait obligé de vous demander poliment de bien vouloir payer vos impôts et vous auriez votre mot à dire… Ce serait une révolution. Vraiment « disruptif », pour parler comme les précieuses ridicules du XXIème siècle. En réalité, ce serait démocratique. En attendant, assurez-vous contre la folie des banquiers centraux et des grands planificateurs. Ayez de l’or, achetez quelques bitcoins et oubliez-les jusqu’à la prochaine crise.

Pour plus d’informations, c’est ici et c’est gratuit

Une réaction ? Laissez un commentaire

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre Newsletter gratuite pour des articles captivants, du contenu exclusif et les dernières actualités.

Cropped Favicon Economi Matin.jpg

Simone Wapler est directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l'éclatement de la bulle internet. Grâce à son expertise, elle sert aujourd'hui, non pas la cause des multinationales ou des banquiers, mais celle des particuliers. Elle a publié "Pourquoi la France va faire faillite" (2012), "Comment l'État va faire main basse sur votre argent" (2013), "Pouvez-vous faire confiance à votre banque ?" (2014) et “La fabrique de pauvres” (2015) aux Éditions Ixelles.