Malgré la crise, investir dans l’industrie européenne, c’est toujours possible !

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Par Michel Raud Modifié le 26 janvier 2013 à 9h41

Dans un contexte économique européen déprimé, la croissance est une denrée rare. Certains secteurs cependant bénéficient de tendances structurelles porteuses comme par exemple l’énergie, la santé, l’aéronautique civile, le luxe….. Les sociétés européennes leaders dans ces domaines tirent habilement leur épingle du jeu. L’absence de croissance en Europe ne doit pas décourager les investisseurs. La preuve par l’exemple.

Que penser de l’environnement économique actuel ? Face à l’embellie boursière des derniers mois, peut-on dire que tous les problèmes sont résolus ? L’Europe va-t-elle poursuivre sa convergence pour résoudre l’endettement excessif des Etats ? Les Etats-Unis vont-ils retrouver leur taux de croissance potentiel ? Une chose est sûre aujourd’hui : les niveaux de valorisation des actions européennes n’ont jamais été aussi bas. L’écart entre le PE de Schiller et sa médiane long terme est de - 33% pour l’Europe ; il n’est plus que de - 7% pour les USA.

Faut-il dès lors « jouer » l’Europe dans sa globalité en anticipant un rattrapage indifférencié ? Il nous semble que la croissance européenne sera durablement contrainte. Seuls certains secteurs bénéficiant d’une croissance structurelle dans les marchés émergents et/ou les pays développés pourront tirer leur épingle du jeu. Sur ces secteurs, seules les sociétés ayant développé un leadership mondial, protégé par de très fortes barrières à l’entrée pourront lutter contre la concurrence et créer de la valeur pour leurs actionnaires.

Prenons l’exemple de la production de protéines de plasma. La société espagnole GRIFOLS opère sur un marché mondial oligopolistique et vient tout récemment de racheter le numéro 2 aux USA. Les débouchés pour cette activité sont nombreux et portés par une demande mondiale estimée en croissance de 5 à 7% par an. Du côté de l’énergie, alors que les majors ont toutes les peines du monde à renouveler leurs réserves et à faire croître leur production tout en maintenant le niveau de leur dividende, certaines sociétés indépendantes spécialisées dans l’exploration et la production disposent de positions solides dans des bassins prospectifs. La société OPHIR, par exemple, « pure player » sur l’offshore africain, a d’ores et déjà annoncé des découvertes majeures depuis son introduction en bourse en 2011.

Dans l’industrie enfin, des thèmes très porteurs comme les besoins en infrastructure, la mondialisation des échanges, l’automatisation et l’efficacité énergétique offrent des opportunités historiques à certains leaders européens. La société NORMA en est une bonne illustration. Fournisseur privilégié des grands constructeurs automobiles allemands en matière de serre-joints et connecteurs, NORMA ouvre son portefeuille à d’autres constructeurs mondiaux et élargit sa gamme à d’autres débouchés comme la marine, l’aviation et le ferroviaire où les normes environnementales sont de plus en plus strictes. Sa croissance à moyen terme devrait avoisiner 8% par an.

Ce qui est particulièrement intéressant est de noter la forte dispersion des performances au sein de ce secteur. En effet, les 5 meilleurs performances du secteur industriel dans l'indice sont Prysmian (+59%), Lufthansa (+58%), Amadeus (+55%), Finmeccanica (+52%) et Wartsila (+50%). Les 5 pires performances concernent Fomento de Construcciones y Contratas (-48%), Neopost (-19%), Vallourec (-19%), Bekaert (-13%) et Acciona (-11%).

Il est difficile de dégager des tendances au sein du secteur industriel. On voit qu'on retrouve des compagnies aériennes ou des valeurs aéronautiques dans les meilleures performances; à l'inverse les princnipaux détracteurs sont des entreprises liées à la construction, aux concessions ou aux services aux collectivités en Espagne. Cependant ça reste assez varié.

Ces résultats témoignent de la nécessité d'une gestion active qui permet de sélectionner les bonnes valeurs dans les bons secteurs.

En conclusion, il s’agit de sélectionner en Europe des sociétés bénéficiant d’une croissance durable, et dotées d’avantages compétitifs très forts. Il faut, de plus, ne pas surpayer ces valeurs, et diversifier ses choix au sein d’un portefeuille.

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Hautes Etudes Commerciales (HEC), Professeur de Finance, Membre de la Société Française des Analystes Financiers (SFAF) Directeur des analyses sur les fonds français chez Nivard Flornoy, Michel Raud devient en 1984 Directeur Général de la Banque Financière Cardif, groupe Paribas. En 1988, il rejoint Philippe Investment Management en qualité de co-CIO aux côtés de Béatrice Philippe. Il assure aujourd’hui la double fonction de Directeur Général Délégué, Directeur de la Gestion de Fourpoints.